Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/468

Cette page n’a pas encore été corrigée
897
898
CONCORDANCES DE LA BIBLE


Envoyé en 1435, par les Pères du concile, à Constantinople, il eut des démêlés avec les Grecs sur les prépositions ex et per, èx et Ssi, relativement à la procession du Saint-Esprit. Or, dans ces deux circonstances, il constata que les Concordances ne contenaient pas les passages bibliques où se trouvent ces prépositions. De retour à Bâle, il résolut de combler cette lacune et de réunir toutes les particules indéclinables des Livres Saints. Il recueillit lui-même les citations de l’adverbe non et de quelques autres particules d’un emploi peu fréquent. Empêché par ses travaux au concile d’achever cette œuvre, il la fit continuer par son chapelain, Gautier Jonau, Écossais, maître en théologie. Celui-ci parcourut tous les chapitres de la Bible et nota, au fur et à mesure de sa lecture et en suivant l’ordre des Livres Saints, tous les mots indéclinables, n’exceptant que ceux qui étaient répétés presque à chaque ligne. Ces extraits n’étaient pas encore entièrement terminés au bout de trois ans ; ils furent achevés par deux autres secrétaires. Un docteur espagnol, Jean de Ségovie, archidiacre de Villaviciosa, dans le diocèse d’Oviédo, et plus tard créé cardinal par l’antipape Félix V, les disposa alphabétiquement, et écrivit une introduction qui contient la plupart des renseignements précédents. Son ouvrage avait pour titre : Concordantise partium sive dictionum indeclinabiliwn totius Biblise. En 1496, Sébastien Brant ajouta ce supplément aux Concordances de Conrad de Halberstadt, qu’il appelle Concordantise S. Jacobï. Le livre, imprimé à Bàle, chez Froben, eut ainsi deux parties sous ce titre général : Concordantise majores Biblise tara dictionum declinabilium quam indeclinabilium diligenter visse cum textu ac secundum veram orthographiant etnendatse. Dans la première partie, tous les chiffres avaient été collationnés avec soin ; les erreurs des éditions précédentes avaient été corrigées, et le second livre d’Esdras était indiqué sous le nom de Néhémie. Froben en publia d’autres éditions avec des titres un peu modifiés, en 1506, en 1516, en 1521, en 1523, en 1525 et en 1526. Mareschal le fit imprimer à Lyon, en 1526 et 1528. Il y en eut encore des éditions à Strasbourg, à Lyon et à Cologne, mentionnées par Le Long, Bibliotheca sacra, Paris, 1723, t. i, p. 457-458. Des recensions furent faites par Arola (voir t. i, col. 1027), et par Gastius.

En 1555, Robert Estienne introduisit dans les Concordances latines d’heureuses modifications. Il se proposait de combler les lacunes des éditions précédentes et de corriger les fautes qui s’y étaient glissées. Le premier il mélangea les particules indéclinables aux mots déclinables, donna tous les noms propres et rangea le tout selon l’ordre alphabétique. Une autre innovation consista à indiquer les références bibliques au moyen des versets, qu’il avait imaginés depuis peu. Il conserva en même temps les lettres a, b, c, d, etc., pour l’avantage de ceux qui ne possédaient pas de Bible à versets numérotés. Il pouvait donc à bon droit intituler son ouvrage : Concordantise Bibliorum utriusque Testamenti V. et N. novse et integrx, quas rêvera majores appellare possis. Jean Hervagius de Bâle entra dans la même voie et fit imprimer, en 1561, l’édition qu’avait préparée son père. Il sépare encore les particules des expressions déclinables, mais admet la division des versets : Sacrorum utriusque Testamenti librorum absolutissimus Index, quas Concordantias majores vocant, tu vel maximas appelles, licet. Une seconde édition vit le jour en 1568.

Jean Benoît, théologien de Paris, corrigea les éditions protestantes : Concordantise novse utriusque Testamenti juxta tropos et phrases locosque communes distinctæ, cunctis sacrarum litterarum studiosis vice commentarii profuturx, quales nemo hactenus est aggressus, 1562, in-f°. Georges Bullocus produisit à Anvers, 1572, une Concordance très volumineuse et très complète : Concor- ; dantiarum S. Scripturse œconomia melhodica. Les [ Concordantise Bibliorum, id est, dictiones omnes qux j

in Vulgata editione latina librorum V. et N. T. leguntur, ordine digestse et Ma distinctse ut maximise et absolutissimse ( quas offert hmc editio) Concordantise dicï possint, imprimées en 1600, chez Claude Marnius et Jean Aubrius, sans nom de lieu, présentent quelques particularités. Elles distinguent les mots homonymes, souvent confondus dans les autres éditions, et indiquent séparément les passages bibliques extraits des livres apocryphes, c’est-à-dire des deutérocanoniques et des IIIe et IV » livres d’Esdras. Pierre de Besse, docteur de Sorbonne, se proposa d’accorder les éditions discordantes et de corriger leurs fautes. Comme Robert Estienne, il indiqua à la fois les lettres et les versets : Concordantise Bibliorum utriusque Testamenti générales, Paris, 1611.

Toutes ces Concordances latines avaient été rédigées sur des éditions différentes de la Vulgate ; aussi divergeaient-elles plus ou moins les unes des autres. Quand eut paru, en 1592, la Bible Clémentine, qui était imposée à tous les catholiques, il fallut conformer à son texte authentique les Concordances bibliques. La première qui présenta cette conformité sortit des presses de Plantin : Concordantise Bibliorum juxta reeognilionem Clementinam, in-4°, Anvers, 1599. Si nous en croyons Le Long, op. cit., p. 458, d’autres éditions parurent en diverses villes, en 1606, 1612 et 1615, avec des annotations de François Luc de Bruges. Quoi qu’il en soit, le savant doyen de l’église cathédrale de Saint-Omer fit paraître à Anvers, en 1617, des Concordantise Bibliorum sacrorum emendatse, in-f". Comme il le remarque dans la préface, elles présentent trois particularités : 1° elles reproduisent le texte de la Bible Clémentine ; 2° elles ne contiennent pas les mots inutiles, tels que la plupart des pronoms, les conjonctions et les prépositions, les noms Deus et Dominus et les verbes surn et dico, qui sont employés trop fréquemment dans l’Écriture ; 3° quelques mots, dont l’orthographe est rétablie, sont mis dans un ordre plus commode, à leur place naturelle. La Concordance de Luc de Bruges fut réimprimée à Genève et à Francfort, en 1625, et à Paris, en 1635 et en 1646. Elle fut retouchée. Hubert Phalésius, sous-prieur du monastère bénédictin d’Afflinghem, au diocèse de Malines, revit en 1612 l’édition de 1617, ajouta quelques versets et corrigea les erreurs de chiffres dans l’indication des chapitres et des versets. Il la compara aux Concordantise sacrorum Bibliorum… absolutissimze, qu’avait publiées à Rome, en 1627, le jésuite Gaspard de Zamora, et qui contenaient, disait-on, cent mille textes nouveaux. Cette énorme différence provenait de l’insertion des particules indéclinables et des mots volontairement omis par Luc de Bruges, et de l’indication des versets des III 8 et IVe livres d’Esdras. Phalésius introduisit dans son édition les noms Deus et Dominus, en se bornant toutefois à des passages choisis, et les particules sicut et quasi. Il sépara aussi des expressions réunies à tort, comme tibia, « os de la jambe, » et tibia, « flûte ; » palma, « paume de la main, » et palma, « palme ; » plaga, « plage, » et plaga, « plaie. » La revision de Phalésius fut rééditée à Lyon, en 1649, 1652, 1667, 1687 et 1700 ; à Paris, en 1656 ; à Cologne, en 1684, et à Mayence, en 1685. Une autre correction de la Concordance de Luc de Bruges fut entreprise par Georges Siberbaur, et imprimée à Vienne, en 1700. F. Schmid a fait réimprimer à Vienne, en 1825, l’ouvrage de Luc de Bruges.

Les presses de Cologne avaient produit, en 1629, 1661 et 1663, des Concordances revues et augmentées par des théologiens de cette ville. Les particules y sont mélangées avec les mots déclinables, et les références y sont marquées à la fois par les lettres et les numéros des versets. Plus tard, les bénédictins de Wessobrunn suivirent une voie nouvelle dans leur Bepertorium biblicum, seu Concordantise S. Scripturse utriusque Testamenti, 2 in-f°, Augsbourg, 1751. Au lieu de reproduire de simples bouts de phrase, ils citent les versets en entier, ou au moins

IL — 29