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CONCORDANCES DE LA BIBLE


mettre d’accord, » est le nom donné communément aux recueils dans lesquels tous les passages de la Bible qui ont entre eux un rapport d’idée ou de son se trouvent disposés par ordre alphabétique, avec indication du livre, du chapitre et du verset d’où ils sont tirés. Par leur moyen, on peut savoir sur-le-champ en quelle partie de l’Écriture se lit un mot biblique quelconque et quels sont les textes analogues pour le fond ou l’expression. Les concordances de la Bible sont de deux sortes : les unes sont fondées sur les mots et ne tiennent pas compte de l’ordre logique des matières ; on les appelle verbales ; les autres ont pour fondement les choses mêmes de l’Écriture, les pensées exprimées, les vérités énoncées ; on les nomme réelles. I. Concordances réelles. — 1° Sous des titres tels que : Abnégation, Abstinence, etc., elles indiquent ou reproduisent intégralement tous les passages scripturaires qui traitent du sujet déterminé par le titre. Destinées à fournir aux prédicateurs de la parole sainte des matériaux bibliques, elles sont parfois dogmatiques, le plus souvent morales, ou à la fois dogmatiques et morales. Si elles n’ont pas l’importance des concordances verbales, leur origine est plus ancienne. Saint Antoine de Pacfoue (1195-1231) en est l’inventeur. Il a composé : Concordantise morales SS. Biblim, qui ont été imprimées à Rome, en 1621, d’après un manuscrit du couvent de l’Ara Cœli ; à Paris, en 1641, et à Cologne, en 1647. Voir t. i, col. 709-710. À l’œuvre de saint Antoine, le premier éditeur, Francois-Luc Wading, a ajouté un ouvrage du même genre, qui a été écrit au xme siècle par un franciscain irlandais, et dont le titre fait bien connaître le contenu : Promptuariurn morale sacras Scripturse in très partes distributum, in quarum prima reponuntur themata prsedicanda per annum ; in secunda pro festivitatibus sanctorum ; in tertia pro omnibus hominum statibus et conditione. — On imprima à Paris, en 1497, urne œuvre de même nature intitulée Compendium biblicum quod aureum alias Biblise Repertorium nuncupatur. Au siècle suivant, Pierre Patient rédigea une concordance réelle en langue allemande sur la version de Luther : Concordant ! ùber die ganze Bibel aus die Dolmetschung Lutheri gerichtet, Francfort, 1571. Un frère mineur, Antoine Broickwy de Koninsteyn, composa Concordantise breviores omnium fere materiarum ex sacris Bibliorum libris, 2 in-8°, Cologne, 1550 ; Paris, 1551 et 1554. — Un théologien anglais, exilé de sa patrie, Guillaume’Allot, dédia au pape Grégoire XIII un répertoire biblique, destiné à aider dans leur tâche les pasteurs et les prédicateurs : Thésaurus Bibliorum, oninem utriusque vitee antidotum secundum utriusque instrumenti veritatem et historiam succincte complectens. Aux noms des vertus et aux sujets de morale, il mêle suivant l’ordre alphabétique les noms propres, avec indication des principaux passages de la Bible où ils sont reproduits. La dédicace est datée d’Anvers, du 26 septembre 1579. Une première édition parut en cette ville, en 1581 ; une seconde fut imprimée en 1585. — Antoine de Baliughem, jésuite belge (1571-1630), publia à Douai, en 1621 : Sacra Scriptura in locos communes morum et exemplorum novo ordine distribula, à l’usage des prédicateurs. Pour ne pas les obliger à rechercher dans les concordances verbales les passages utiles à la chaire, il les réunit sous un titre commun : Abnegalio - Zelus. Son ouvrage a été réédité à Cologne, en 1659 ; à Trévoux, en 1705, et à Lyon, en 1711. Voir t. i, col. 1414. — Un autre jésuite, P. Eulard, se proposa le même dessein, et, à l’usage des théologiens et des missionnaires, il résuma les concordances verbales, qui étaient trop étendues. Dans la disposition du sujet, il suivit un ordre mixte, de sorte que sa concordance est à la fois réelle et verbale : Bibliorum sacrorum concordantise morales et historiés, concionatoribus imprirnis atque universis S. Scripturse studiosis utilissimse, Anvers. in-4°, 1625. — Philippe - Paul llerz, luthérien converti et devenu prêtre catholique,

: corrigea et amplifia le Thésaurus d’Allot. Il retrancha les

noms propres et le résumé historique qui les accompagnait, et il ne garda que les sujets moraux, depuis À bnegatio jusqu’à Zelus. Son ouvrage, intitulé Thésaurus

: biblicus, hoc est, dicta, sententiss et exempla ex sanctis

, Bibliis collecta et per locos communes distributa, ad usum concionandi et disputandi, a été souvent édité : Augsbourg, 1731, 1738, 1751, 1791 ; Venise, 1758, 1818 ; Paris, 1822, 1825 et 1883. Il sert de table homilétique à La Sainte Bible, publiée chez Lethielleux. — Godefroy Bùchner publia Biblische Handconcordanz, qui contient des définitions et des notes et ressemble à un petit dictionnaire de la Bible. Son œuvre parut sous une double forme. La plus courte fut imprimée la première à Iéna, en 1740 ; la plus développée, dans la même ville, en 1750. L’une et l’autre eurent beaucoup d’éditions. Un moment éclipsée par la Concordance de Wichmann, à Dessau et Leipzig, 1782 et 1806, la Concordance réelle de Bùchner, revue par L. H. Heubner (6° édition, Halle, 1840), a reconquis son ancienne vogue. Elle avait atteint sa 18e édition en Allemagne en 1888, et il en a été publié en Amérique une édition complétée par Spath, Philadelphie, 1871. — Mentionnons encore G. Michælis, Kleine biblische Concordanz, Iéna, 1712 et 1734-1741 ; W. Niederwerffer, Biblischer Kern und Stem oder Handconcordanlz ûber den HauptSpràche der heiligen Schrifft, Leipzig, 1714 ; Matalène, Répertoire universel et analytique de l’Ecriture Sainte, contenant tout le texte sacré selon l’ordre alphabétique des sujets d’histoire, de dogme et de morale, 2 in-4°, Paris, 1837 (le texte est reproduit en latin ; il en a été fait une seconde édition, 2 in-4°, Paris, 1864) ; A. J. James, Dictionnaire de l’Écriture Sainte, ou Répertoire et concordance de tous les textes de l’Ancien et du Nouveau Testament mis par ordre alphabétique et méthodique, in-8°, Paris, 1838 ; Lueg, Biblische Realconcordanz, 2e édit. par Heim, Ratisbonne, 1855, in-8° ; G. Mazeron, SS. Scripturse Concordantiee novse, seu doctrina moralis et doymaticae sacris Testamentorum codicibus ordine alphabetico desumpta, in-8 1, Paris, 1869 ; F. J. Bernhard, Biblische Concordanz, 1e édit., Dresde, 1890.

2° Les Indices ou tables alphabétiques plus ou moins complètes et plus ou moins détaillées, qui terminent beaucoup d’éditions de la Vulgate latine ou des versions modernes de la Bible, sont de véritables concordances réelles. D’après Sixte de Sienne, Bibliotheca sancta, Venise, 1566, I. IV, p. 361, leur premier auteur est un franciscain, Gabriel Brunnus, provincial de la Terre Sainte ; il dressa, en 1496, une table alphabétique historique. Cet Index Bibliorum fut augmenté, en 1537, par Conrad Pellican, mais dans un sens qui favorisait les erreurs de sa secte ; puis par Robert Estienne, en 1540. Il parut, en 1550, une traduction anglaise de Vlndex de Pellican, sous ce titre : À Briefe and a Compendious Table, in maner of a Concordance, openyng the waye to the principall Historiés of the whole Bible. L’Index biblicus ad certa capita ordine alphabetico dispositus, Anvers, 1571, qui fait partie de la Polyglotte de Plantin, forme un volume à part. D’autres Indices de la Vulgate latine sont cités par Le Long, Bibliotheca sacra, Paris, 1723, t. i, p. 456-458. À la traduction française de la Bible, composée par Olivétan et publiée à Neufchâtet, en 1535, on ajouta un Indice des principales matières contenues dans la Bible, rédigé par Matthieu Gravelin. On le retrouve corrigé et augmenté dans toutes les éditions de la Bible de Genève. Il forma bientôt un volume distinct : Indice et concordance des choses contenues en la Bible, disposés par lieux communs selon l’ordre alphabétique, in-4°, Lyon, 1545 ; in-8°, Genève, 1561 ; in-12, 1563 ; inf°, 1566. Nicolas Malingre est l’auteur de l’Indice des matières qui accompagne la Bible de Calvin, imprimée à Genève, en 1540. Il a paru à Paris, en 1745, une Concordance française, ou Extrait du