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COMMERCE


marché de Tyr. Ezech., xxvii, 20 ; xxviii, 13. Les Nabathéens, qui avaient Pétra pour capitale, furent rattachés à l’empire de Ninive par Assurbanipal, voir 1. 1, col. 1147 ; ils rétablirent à cette époque la navigation de la mer Rouge, abandonnée après Salomon, et firent dériver par cette voie la plus grande partie du commerce de l’Inde. Ils étaient en même temps grands entrepreneurs de transports par caravanes. Fr. Lenormant-Babelon, Histoire ancienne de l’Orient, t. vi, Paris, 1888, p. 464. Les Nabathéens, et aussi les Arabes de la tribu de Cédar, élevaient de nombreux troupeaux de bétail, dont ils tiraient grand profit sur les marchés de Jérusalem et de Tyr. Is., lx, 7 ; Ezech., xxvii, 21. Ceux de la péninsule Sinaïtique ne pouvaient attendre de leur sol ingrat tous les approvisionnements dont ils avaient besoin. Ils se rapprochaient donc des frontières de l’Egypte ou de la Syrie méridionale, et ils échangeaient le miel, la laine, les gommes, la manne, le charbon de bois, contre les objets manufacturés et surtout contre le blé et les céréales. Ce sont les mêmes produits que les Bédouins apportent encore en Egypte. Description de l’Egypte, t. xvi, p. 185-187 ; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, Paris, 1895, t. i, p. 350 ; Jullien, Sinaï et Syrie, Lille, 1893, p. 152. Baruch, iii, 22, 23, fait allusion à l’habileté commerciale des fils d’Agar et des marchands de Théman et de Merrha, ces derniers appartenant probablement à la tribu sabéenne qui habitait la ville de Marane, sur la mer Rouge. Pline, H. N., vi, 28, 32 ; Strabon, xvi, 4. On comprend qu’avec un trafic aussi actif, les commerçants arabes aient été souvent en contact avec les Hébreux, soit pour le transit, soit pour la vente de leurs marchandises. 2° Les Égyptiens. — Les Hébreux eurent des relations commerciales avec l’Egypte dès l'époque patriarcale, quand les fils de Jacob allèrent acheter du blé dans ce pays. La vallée du Nil fut considérée par l’ancien monde comme un véritable grenier d’abondance, et jusque sous l’empire romain on y alla chercher du blé. Pendant leur séjour dans la terre de Gessen, les Hébreux durent entrer fréquemment en rapport avec les Egyptiens pour des achats ou des ventes. Ces derniers ne s’abstinrent nullement, comme on l’a dit quelquefois, d’entrer en relations d’affaires avec les peuples étrangers. Ce que paraît rapporter à ce sujet Diodore de Sicile, I, 67, 69, ne peut s’appliquer qu'à une courte période de temps. Homère, Odys., xiv, 246-291, parle du commerce des étrangers avec l’Egypte. Les monuments anciens sont beaucoup plus explicites à ce sujet. Dès la VIe dynastie, les Égyptiens entraient en rapport avec les haoui-nîbou, « les gens d’au delà les mers, » au nord. Leurs vaisseaux partaient du Nil, et s’en allaient le long des côtes de Syrie chercher le bois de sapin et de cèdre, ainsi que l’ambre jaune et l'étain apportés par les Phéniciens. Des perles d’ambre (voir t. i, col. 449) ont été trouvées dans les tombes de cette dynastie. À là même époque, des caravanes allaient d’Egypte en Chaldée à travers la Syrie et la Mésopotamie, parfois à travers le chemin plus court du désert. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 393. Au midi, les Égyptiens s’avançaient vers les tribus africaines pour leur demander l’or en poudre ou en barre, les plumes d’autruche, les peaux de lion et # de léopard, les dents d'éléphant, le bois d'ébène, l’encens et les gommes. Ils donnaient en échange de la verroterie, des bijoux, de la coutellerie grossière, des parfums et ces rouleaux de toile blanche et colorée qui n’ont pas cessé de plaire sur les marchés de l’intérieur de l’Afrique. Les caravanes asiatiques leur apportaient les denrées précieuses de l’Orient et du Nord lointain, les esclaves, certains parfums, les bois et les essences de cèdre, les vases émaillés, les pierreries, les lapis-lazuli, les lainages brodés ou teints dont la Chaldée conserva le monopole jusqu'à l'époque romaine. Ebers, Aegypten und die Bûcher Mose’s, Leipzig, 1861, p. 288. En retour ils livraient leurs produits manufacturés, des toiles fines, des bijoux ciselés

et cloisonnés, des amulettes en verre ou en métal, etc. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 427, 470, 494. Thotmès III, de la XVIII » dynastie, avait dans la Méditerranée une flotte montée par des Phéniciens. C’est à Ramsès II qu’on attribue le percement d’un canal entre le Nil et la mer Rouge, pour faciliter le commerce. Ce canal s’obstrua bientôt, et Néko II, au vir* siècle, tenta en vain de le réparer. Sous ce dernier prince et par ses ordres, des marins phéniciens firent en trois ans la circumnavigation de l’Afrique. Fr. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, Paris, 1882, t. ii, p. 198, 391, 392. Les Égyptiens n’hésitaient donc pas à demander aux étrangers les matières premières que ne produisait pas leur sol ou les objets manufacturés qu’ils ne savaient pas fabriquer. À l’intérieur même du pays, le commerce devait être très actif en certaines circonstances. À l’occasion de la fête des dieux, par exemple, on accourait de toutes parts autour des temples, et le pèlerinage se terminait en foire. Éleveurs, maraîchers, pêcheurs, chasseurs, y échangeaient leurs produits contre les ouvrages des artisans, outils, souliers, nattes, vêtements, bracelets, hameçons, etc. Une antique peinture représente une de ces scènes de marché. Lepsius, Denkmàler, t. ii, Bl. 90. Les anciens Hébreux eurent sous les yeux ces assemblées à la fois religieuses et commerciales. Par la suite, ils n’entretinrent guère de rapporte directs avec les marchands égyptiens, si ce n’est à l'époque de Salomon, qui y acheta des chevaux. III Reg., x, 28-29. C’est par les intermédiaires qu’arrivaient en Palestine ces tapis d’Egypte dont parlent les Proverbes, vii, 16, ainsi que tous les autres objets d’origine égyptienne qui furent à l’usage des Hébreux. Dans leurs oracles contre l’Egypte, les prophètes ne font aucune allusion à son commerce.

3° Les Assyriens et les Chaldéens. — Ninive fut un grand centre dé commerce et d’industrie, grâce à sa situation favorable sur le Tigre, au milieu d’une contrée des plus fertiles. Sur son marché affluaient toutes les richesses minéralogiques de la haute Mésopotamie, soufre, alun, sel, bitume, fer, plomb, argent, antimoine, et même l’or et l'étain. Bien préférable encore était la position de Babylone, à cinq cents kilomètres, il est vrai, du golfe Persique, mais sur l’Euphrate, qui lui permettait de communiquer directement avec ce bras de mer, et par lui avec l’Inde. Cette ville était le rendez-vous des navigateurs venant d’Afrique, d’Arabie et de l’Inde, dont ils amenaient les produits. De Babylone, ils remportaient les objets manufacturés, les tissus de laine et de liii, les bijoux de luxe, les armes ciselées, les cylindres de pierre dure servant de cachets, etc. Pour faciliter la navigation commerciale, le cours du fleuve avait été aménagé au moyen de digues, et de nombreux canaux, auxquels la Bible fait plusieurs allusions, avaient été creusés. Voir Canal. Sur le fleuve et ses canaux, on naviguait au moyen de radeaux juchés sur des outres gonflées, et tout à fait identiques à ceux qui existent de nos jours dans ces parages et poi’tent le nom de kéleks. D’un faible tirant et très stables sur l’eau, ils étaient capables de tenir la mer et faisaient le cabotage ou la piraterie aussi bien dans le golfe Persique que sur l’Euphrate ou le Tigre. Hérodote, i, 194 ;

! Pline, H. N., vi, 34. Il paraît aujourd’hui certain que les

| Babyloniens ont été les premiers navigateurs, et ont de ! vancé sous ce rapport les Phéniciens eux-mêmes. Voir Jhering, Vorgeschichte der Indoeuropâer, Leipzig, 1894, p. 205-266. Par terre, des routes importantes mettaient Babylone en communication avec les pays les plus éloignés. L’une d’elles partait vers l’est, passait par Ecbatane et Ragse, desservait l’Hyrcanie, la Bactriane, atteignait l’Inde, et par l’Inde le pays d’où venait la soie, produit dont parle Ézéchiel, xxvii, 16. D’autres routes se dirigeaient vers l’Arabie, la presqu'île Sinaïtique et l’Egypte à travers le désert, vers la Méditerranée à travers la Syrie, vers l’Asie Mineure par l’Arménie, la Cilicie et la Cappadoce. Voir Fr. Lenormant-Babelon, Histoire ancienne