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COLOQUINTE — COLOSSES


COLOQUINTE. Hébreu : paqqu’ôt, II (IV) Reg., iv, 39 ; Septante : zal-jr.rft àypiav ; Vulgate : colocynthidas ; — hébreu : peqâ’îm ; Septante : xXoxïj ;  ; Vulgate : tornaturas, III Reg., vi, 18 ; — Septante : ùnoa-nç>i^ia-ci ; Vulgate : sculptura, III Reg., vii, 24.

I. Description. — C’est le fruit du Citrullus Colocynthis, dont la pulpe renferme un principe amer et drastique, la colocynthine. La plante, vivace, croît sur les sables de la Méditerranée orientale et même dans les lieux arides de l’intérieur. La tige, rude et grisâtre, sort d’une racine épaisse et pivotante, et porte des feuilles triangulaires, à trois ou cinq lobes profonds, accompagnées de vrilles, comme la plupart des autres cucurbitacées. Les fleurs, solitaires, sont monoïques ; les fruits, globuleux, verts, tachés de jaune, de la grosseur d’une orange, sont remplis de graines aplaties, à téguments très durs, sans principe amer, mais huileux intérieurement (fig. 323). F. Hy.

II. Exégèse. — 1° Il est fait mention de la coloquinte sauvage dans un épisode du quatrième livre des Rois,

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323. — Coloquinte.

iv, 39. C’était à l’époque d’une grande famine ; le prophète Elisée, arrivé à Galgala, avait chargé un de ses serviteurs de préparer un repas pour les fils des prophètes qui l’avaient suivi. Celui-ci, trouvant une plante qui par le feuillage ressemblait à une vigne sauvage, cueillit des fruits, paqqu’ôt, plein son manteau. Il les coupa en morceaux et les fit Caire dans la marmite, sans savoir ce que c’était. À peine les disciples d’Elisée en eurent-ils goûté, qu’ils s’écrièrent pleins d’effroi, se croyant empoisonnés : « La mort est dans la marmite. » Mais le prophète, prenant un peu de farine, la jeta dans le vase ; aussitôt cet aliment perdit son amertume et cessa d’être nuisible. Ces paqqu’ôt sont des coloquintes, qu’un serviteur inexpérimenté avait pu prendre pour des concombres ; elles abondent dans la région où se trouvait le prophète, dans la vallée du Jourdain et sur les bords de la mer Morte. Le fruit est extrêmement amer : on l’a appelé « le fiel de la terre ». C’est un purgatif très violent. Il n’est pas étonnant qu’après en avoir mangé les fils des prophètes se soient crus empoisonnés. La petite quantité de farine qu’Elisée jeta dans la marmite ne pouvait naturellement enlever l’amertume et l’effet nuisible des coloquintes : cela ne peut s’expliquer que par un miracle. L’action du prophète n’était ici qu’un signe extérieur pour marquer que le poison allait se changer en aliment sain et bienfaisant, comme la farine. Plusieurs auteurs préfèrent voir dans les paqqu’ôt le concombre des prophètes. Voir Concombre.

2° À l’intérieur du Saint, dans le Temple de Jérusalem, les lambris de cèdre étaient ornés d’une sorte de sculpture appelée peqâ’îm. III Reg., VI, 18. Deux rangées de

peqâ’im décoraient aussi la partie supérieure de la mer d’airain ; ils étaient au-dessous du bord, dix par coudée, faisant le tour de la cuve ; ils n’étaient pas appliqués sur la mer d’airain, mais coulés en relief sur elle. III Reg., vu, 24. Ces peqâ’im sont généralement assimilés à des coloquintes. Celsius, Hierobolanicon, t. i, p. 397 ; H. B. Tristram, The natural history of the Bible, in-12, Londres, 1889, p. 452. La forme du fruit, son feuillage élégant, font, en effet, du Citrullus Colocynthis une plante très décorative. De plus, le pluriel masculin, peqâ’im, appliqué à un motif de décoration, fait naturellement penser au pluriel féminin de la même racine, paqqu’ôt, qui paraît bien désigner la coloquinte. Kimchi dit formellement que ces ornements étaient nommés peqâ’îm parce qu’ils rappelaient la forme des paqqu’ôt. Celsius, Hierobotan., t. i, p. 397. Cependant quelques auteurs, rattachant le mot peqâ’îm à une autre racine, pàqa’, signifiant « aller en cercle, enrouler », et le rapprochant des mots chaldéens nyps, paqqa’at, « boule^ involucre, » et Nyips, peqî’a', « pelote, » traduisent par « boutons de fleurs ». On a ainsi une ornementation en boutons de fleurs, peqâ’îm, et en fleurs écloses, ouvertes, feturê sis$im, qu’on retrouve en Egypte et en Assyrie. Perrot, Histoire de l’art, t. ii, p. 319. Malgré tout ce qu’a de frappant ce rapprochement, la première opinion paraît préférable ; elle est confirmée par le Targuin, IV Reg., lv, 39, et les talmudistes, qui emploient le mot piq’in, pekuôt. Buxtorf, Lexicon chaldaicum, p. 891.

E. Levesque.

    1. COLOSSES##

COLOSSES (Ko), o(j(7ai dans saint Paul, Col., i, 2 ; Strabon, xii, 8, 4 ; Xénophon, Anab., i, 2, 6 ; Hérodote, vu, 30 ; Pline, H. N., v, 41), ville de Phrygie (fig. 324).

324. — Monnaie de Colosses de Phrygi.e. AHMOS | KOA… Tôte du Démos de Colosses, lauré, il droite.

— lî. KO | AO£ || XH | NON. Quadrige de face.

Le nom de Colosses et Colosséens a subi, dès la plus haute antiguité, si nous en jugeons par les médailles qui subsistent, une orthographe très variable : AHMOS KOAOSSHNQN ou KOAOSSHNQN, ou enfin KOAO-SHNQN. Cette cité, que Strabon classe avec Aphrodisias, Métropolis et d’autres parmi les centres importants, xo’kiay.a.id, de la Phrygie, intéresse la science biblique en ce sens que, si Paul ne l’a pas personnellement évangélisée, ce que plusieurs contestent d’après Coloss., ii, 1, il a, du moins, adressé à l’Église qui y fleurit de très bonne heure une de ses épîtres. Là vécurent plusieurs personnages ayant joué un rôle dans l’histoire des origines chrétiennes : Archippe, que Paul appelle son compagnon d’armes, Col., iv, 17 ; Phil., 2 ; Philémon, qui fut l’auxiliaire de sa prédication, Phil., 2 ; Appia, qu’il qualifie de très chère sœur ; Onésime, qu’il recommande comme ses entrailles, Phil., 12 ; Épaphras, le grand prédicateur de l’Évangile et probablement le fondateur des Églises du Lycus, Colosses, Laodicée, Hiérapolis. Col., lv, 12-13 (cf. i, 7).

Bâtie sur des gisements volcaniques, Colosses fut de bonne heure éprouvée par une série de tremblements de terre, dont l’un, mentionné par Orose, Ristoriarum lib. vii, 7, t. xxxi, col. 1078, dut se produire au temps même des Apôtres, l’an 66, mais sans conséquences trop