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COLONIE — COLONNE DE NUÉE


vinces. Les citoyens romains des colonies provinciales ne jouissaient pas du jus honorum, à moins qu’il ne leur eût été expressément concédé. Voir Citoyen romain. De plus, le sol provincial était frappé d’un impôt, stipendium, et ne pouvait pas être possédé d’après le droit quiritaire. Gaius, Institut., i, 27 ; ii, 15 ; xxvii, 21 ; Gromatici veteres, p. 4. Pour faire disparaître cette infériorité, on créa le jus italieum. Les colonies qui en jouissaient étaient considérées comme situées en Italie ; elles étaient affranchies de l’impôt provincial (immunes), et leur sol pouvait être acquis et transmis par les voies du droit civil romain. Philippes possédait le jus italieum. Digeste, L, xv, 8, 8. Voir Philippes. La loi organisant une colonie s’appelait lex colonies. On possède quelques-unes de ces lois, notamment la lex colonies Juliw Genetivse. Corpus inscript, latin., t. ii, p. 191 ; Ch. Giraud, Les bronzes d’Osuna, in-4°, Paris, 1874 ; Les nouveaux

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321. — Monnaie d’Hadrien,

frappée pour la colonie d’^Elia Capitolina (Jérusalem). fflP CAE TRAIANO HADKIANO. Buste de Trajan, à droite, lauré. — fy COL. AEL KAPIT. Colon conduisant deux bœufs derrière lesquels est un étendard planté en terre. Dans l’exergue : COND.

bronzes d’Osuna, in-4°, Paris, 1877. Le langage officiel des colonies était le latin, même dans les pays grées. Cela est manifeste par les légendes des monnaies et par les inscriptions, c’est le cas à Philippes. Les divers événements qui marquèrent le séjour de saint Paul à Philippes, Act., xvi, sont pleins de traits qui font allusion aux privilèges de la ville de Philippes en tant que colonie et aux privilèges de l’Apôtre en tant que citoyen romain. Voir Citoyen romain et Philippes.

Voir Madvig, De jure et condicione coloniarum populi romani, dans les Opuscula, in-8°, Copenhague, 1834, p. 208 ; Ruperti, De coloniis Romanorum, in-4°, Rome, 18M) ; C. Dumont, Essai sur les colonies romaines, in-8°, Bruxelles, 1844 ; Sambeth, De Romanorum coloniis, in-4°, Tubingue, 1861-1862 ; E. Baudouin, Étude sur le jus italieum, dans la Nouvelle revue historique du droit, 1881, p. 145-194, 592-642, et 1882, p. 684-621 ; J.-B. Mispoulet, Institutions politiques des Romains, in-8°, 1883, t. ii, p. 31-39, 82-86 ; Bouché- Leclercq, Manuel des institutions romaines, in-8°, Paris, 1886, p. 173, 198, etc. ; J. Marquardt, Organisation de l’empire romain, trad. franc., t. i (Th. Mommsen et J. Marquardt, Manuel des antiquités roniaines, t. vin), in-8°, Paris, 1889, p. 47-54, 12$1-$274.

2° La Vulgate, Exod., XII, 48, emploie le mot colonia, « colonie, » dans un sens large et figuré qui ne répond d’ailleurs à aucun mot particulier du texte hébreu. Au lieu de la phrase de saint Jérôme : « Si quelque étranger veut entrer dans votre colonie et faire la Pâque du Seigneur, etc., » l’original porte : « Si quelque étranger, qui habite avec toi, veut faire la Pâque, qu’il circoncise tous les mâles de sa famille et qu’ainsi il la fasse. »

E. Beurlier.

COLONNE DE FEU. Voir Colonne de nuée.

    1. COLONNE DE NUÉE##

COLONNE DE NUÉE (hébreu : ’amrnûd hé-’ânân), nuage miraculeux qui accompagna les Hébreux depuis leur sortie d’Egypte jusqu’à leur entrée dans la terre de Chanaan.

I. Unité de la nuée mystérieuse. — Ce nuage porte parfois, dans l’Écriture, le nom de « colonne de feu », parce que la nuit il devenait lumineux et présentait l’aspect du feu. Quelques-uns ont cru d’après certains passages, principalement Exod., xiii, 21-22, que c’étaient deux colonnes distinctes, paraissant l’une le jour, l’autre la nuit, et se succédant alternativement ; mais cette complication gratuite du miracle est contraire au texte sacré, et l’unité de la colonne apparaît clairement en plusieurs endroits. Nous lisons, en effet, Exod., xiv, 24, que Dieu ce regarda le camp des Égyptiens à travers la colonne de feu et de nuée » ; nous voyons, Exod., xiv, 20, que cette colonne « était ténébreuse, [d’un côté] et brillante [de l’autre] ». D’autre part, la colonne portait le nom de « nuée », même quand elle brillait pendant la nuit. Num., ix, 21 ; cf. Num., ix, 15-16 ; Exod., xvi, 10 ; xl, 32-35, etc.

H. Forme de la colonne de nuée. — Elle fut désignée sous le nom de « colonne » à cause de la forme qu’elle affectait habituellement. Cf. Jud., xx, 40. Sa hauteur devait être fort considérable, pour qu’elle fût aperçue de tout le peuple d’Israël soit dans le camp, soit pendant les marches. Exod., XL, 36 ; cf. Num’, xvi, 19, etc. Il n’est pas sûr cependant que cette forme ne fût pas quelqueibis modifiée selon les circonstances. C’est ainsi que la nuée protectrice dut, au moment du passage de la mer Rouge, s’élargir pour former comme une muraille capable de masquer aux yeux des Égyptiens l’armée d’Israël qu’ils poursuivaient. Exod., xiv, 20.

III. Place occupée par lactlonne de nuée. — Quelques exégètes ont pensé qu’elle avait toujours été, même pendant les campements, à la tête de la tribu de Juda jusqu’à l’époque de la dédicace du Tabernacle. Mais puisqu’à partir de cette époque elle dut rester au-dessus du Tabernacle, Exod., xl, 34-36 ; Num., ix, 22, par conséquent au centre du camp, il semble plus rationnel de lui attribuer dès le commencement de son apparition cette place centrale pendant les périodes de séjour. En marche, au contraire, elle devait être à la tête des tribus qu’elle avait à diriger, sauf à s’étendre en arrière quand il le fallait, pour protéger les Hébreux contre les ardeurs du soleil ou contre leurs ennemis. Cf. Exod., xiv, 19. Ainsi sa place variait selon les offices que Dieu voulait lui faire remplir.

IV. Triple destination de la colonne de nuée. — Ces offices peuvent se ramener à trois : diriger Israël, le protéger, servir comme de trône à Jéhovah pour gouverner son peuple. — 1° La principale fonction de la colonne de nuée, celle qui apparaît en maint passage de l’Écriture comme sa véritable raison d’être, était de conduire Israël jusqu’à la Terre Promise. Deut., i, 30, 32-33 ; II Esdr., ix, 12-19 ; Sap., xviii, 3 ; Ps. lxxvii, 14. C’est même le seul rôle que lui assigne l’auteur inspiré au moment où il parle d’elle pour la première fois ; le Seigneur, qui venait de tirer Israël de l’Egypte, allait compléter son œuvre en se faisant, du sein de la nuée, le conducteur de son peuple, sans discontinuation pendant les quarante ans du séjour au désert. Exod., xiii, 21-22. On voit par ce dernier passage et par presque tous ceux que nous venons de citer que les marches des Israélites avaient lieu la nuit aussi bien que le jour. La nuée, par ses mouvements, parlait à leurs yeux au nom de Jéhovah, et leur donnait le signal pour partir ou pour s’arrêter. Qu’il fallût faire une simple halte ou un long séjour, ils devaient s’en tenir, comme cela est dit plusieurs fois, « à l’ordre du Seigneur », c’est-à-dire aux signaux donnés par la colonne de nuée, et s’avancer à sa suite quand elle marchait, ou stationner là où elle s’arrêtait. Num., IX, 17-23 ; Exod., XL, 34-35. La colonne de nuée, c’était Dieu lui-même ou son ange, cf. Exod., xiv, 19, se rendant en quelque sorte visible : c’est ainsi qu’il est dit, Exod., xxxiii, 9, que la colonne, c’est-à-dire le Seigneur qui y résidait, parlait avec Moïse. Aussi lorsqu’on élevait