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CALIXTE — CALLIRRHOÉ

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luthéranisme, il aurait voulu réunir toutes les Églises. Cet appel à la concorde lui suscita de nombreux ennemis, qui allèrent jusqu’à l’accuser de papisme, et cependant Calixte est un des adversaires les plus dangereux de l’Eglise catholique. Il eut de nombreux partisans, qui reçurent le nom de calixtins. Sa doctrine fut aussi appelée le Syncrétisme. Travailleur infatigable, il a laissé un grand nombre d’ouvrages. Parmi ceux-ci quelques-uns furent publiés par ses disciples, d’autres ne parurent qu’après sa mort. Nous nous bornerons à citer les suivants : Quatuor Evangelicorum scriptorum concordia et locorum qim in iis occurrunt difficilium et dubiorum explicatio, in-4°, Halberstadt, 1621 ; Viginti priorum capitum Exodi et locorum in iis difficiliorum expositio faciens potissimurn ad sensum litteralem quani ex ore Georgii Callixti suo tempore obitu notavit et nunc publico examini subjecit Stephanus Tuckerman, in-4°, Helmstadt, 1625. Le même E. Tuckerman publia également : Historia Josephi, sive xiv postremorum capitum Geneseos et locorum in iis difficiliorum expositio litteralis, in-4°, Helmslàdt, 1654 ; Historia magorum, in-4°, Helmstadt, 1628 (il s’agit des mages qui vinrent adorer l’enfant Jésus à Bethléhem) ; Expositio litteralis in epistolam S. Pauli ad Titum, in-4°, Helmstadt, 1643 ; De quxstionibus : num mysterium SS. Trinitatis solius Veteris Testaments libris possit demonstrari et num ejus temporis Patribus Filius Dei in propria sua hypostasi apparuerit dissertatio, in-4°, Helmstadt, 1619 ; Expositio litteralis in Epistolam S. Pauli ad Ephesios, in-4°, Brunswick, 1653 ; Tractatus de pactis qu.se Deus cum hominibus iniit, in-4°, Helmstadt, 1654 ; Expositio litteralis in Acla Apostolorum, in- 4°, Helmstadt, 1663 ; Scholee prophéties, ex prselectionibus in prophetas Jesaiam, Jeremiam et Ezechielem collectx, in-4°, Quedljnburg, ’1715 ; cet ouvrage fut publié par les soins d’Ernest de Schulenbourg. Frédéric Ulrich Calixte avait entrepris une édition des œuvres de son père ; il ne put mener ce travail à terme. — Voir Walch, Bibl. theol., t. i, p. 83 ; t. iv, p. 461, 557, 665, 670, 873 ; Ilenke, Caliœtus und seine Zeit, 2 in-8°, Halle, 1853-1856. B. IIeurtebize.

    1. CALLIRRHOÉ##

CALLIRRHOÉ (KaMcpp<5r)), sources d’eaux thermales, situées à l’est de la mer Morte, près du Zerqa Ha’in, célèbres daiis l’antiquité (Josèphe, Ant. jud., XVII, vi, 5 ; Bell, jud., i, xxxiii, 5 ; Pline, v, 16), et que beaucoup de commentateurs croient être les « eaux chaudes » (hébreu : hayyêmim) dont parle la Genèse, xxxvi, 24. Plusieurs exégètes y reconnaissent également Lésa. Gen., x, 19. Stanley, Sinai and Palestine, in-8°, Londres, 1866, p. 295, y place même, bien qu’à tort probablement, Engallim (hébreu : ’En’Églaîm, « source des deux génisses » ). Ezech., xlvii, 10. Si ce nom n’appartient pas directement à la Bible, il y touche par la littérature talmudique et l’histoire. « >mbp, Callirhoë était le nom postbiblique de Lescha (Lésa). » A. Neubauer, La Géographie du Talmud, in-8°, 1868, p. 254. Hérode le Grand vint inutilement demander aux thermes de Callirrhoé la guérison de l’affreuse maladie qui le consumait et le conduisit au tombeau. Ant. jud., XVII, vi, 5 ; Bell, jud., i, xxxiii, 5. Pour toutes ces raisons, ce mot mérite ici une mention spéciale. Laissant de côté la question d’identification qui concerne Lésa et Engallim (voir Lésa, Engallim), nous devons, avant de décrire les sources dont nous parlons, voir si elles répondent réellement aux « eaux chaudes » de Gen., xxxvi, 24.

I. Explication du texte. — Au milieu des renseignements généalogiques, historiques et géographiques que Moïse nous donne sur les descendants d’Ésaû, il insère, à propos de l’un d’eux, un petit épisode intéressant. « C’est, dit-il, cet Ana qui trouva des eaux chaudes (hébreu : Q’o>n-nM nxd, mâsâ’'et-hayyêmim) dans le désert, pendant qu’il paissait les ânes de Sébéon, son

i père. » Gen., xxxvi, 24. Le masculin pluriel hayyêmim

! est un omhX Àeyônîvov, dont l’explication a donné naissance

aux quatre opinions suivantes : — 1° Les docteurs juifs l’ont traduit par nulles, et prétendent qu’il s’agirait ici de la procréation de cette espèce d’animaux, dont Ana aurait découvert le secret « en faisant’paltre les ânes de son père ». Telle est la paraphrase que Jonathan donne au texte dans le Targum ; ainsi ont traduit les versions arabe et persane ; tel est le sentiment de Jarchi, Aben-Ezra, Kimchi et de plusieurs commentateurs protestants. Cf. S. Bochart, Hierozoicon, Leyde, 1712, p. 238-239. Mais plusieurs raisons combattent cette hypothèse. D’abord les Hébreux appellent le mulet-ns, péréd, et les expressions

employées dans les langues orientales pour désigner cet animal ne ressemblent aucunement à hayyêmim. Ensuite le verbe nïd, mâsâ’, ne signifie pas « inventer », c’est-à-dire découvrir ce qui n’existe pas, mais « trouver » une chose déjà existante. Enfin, on ne voit pas bien comment la seule mention des ânes de Sébéon peut amener la conclusion des rabbins. Le mulet est le produit de l’âne et de la jument ou du cheval et de l’ânesse. Or, dans le texte, il n’est pas question des chevaux. — 2° D’autres, au lieu de D>D » ii, hayyêmim, ont lu D>s>n,

hayyàmmîm, « les mers, » et veulent qu’Àna ait ainsi découvert dans le désert certaines nappes d’eau ou étangs. On fait justement remarquer contre cette idée que, pour les Hébreux, yammîm ne désigne pas n’importe quelle étendue d’eau, mais qu’il indique ou les mers proprement dites ou les grands lacs, tels que celui de Tibériade ou le lacvsphaltite ; et l’on ne pourrait vraiment faire à personne un grand mérite d’une semblable découverte dans un pays restreint et connu, où les lacs doivent frapper les yeux de tout le inonde. — 3° Bochart, Hierozoicon, p. 242-243, partage et défend l’avis de ceux qui regardent hayyêmim comme un nom propre, celui d’une race de géants, les Émim, habitants primitifs du pays de Moab, Gen., xiv, 5. Cette opinion s’appuie sur le texte samaritain, qui porte D’s’xii, nom de ce « peuple grand et puissant, d’une si haute taille, qu’on les croyait de la race d’Énac, comme les géants », Deut., ii, 10, 11, et sur le Targum d’Onkelos, qui a traduit par « géants ». II faut pour cela, il est vrai, changer l’orthographe du mot, puisque le nom des Émim renferme un aleph, N, que n’a pas hayyêmim. Ce nom est écrit de deux manières dans la Bible : D » D>Nn,

hâ-’Emim, Gen., xiv, 5, et n>2Nn, hâ-’Êmhn, sans le

premier yod. Deut., ii, 10, 11. Or, disent les partisans de cette hypothèse, en prenant la première orthographe, on peut admettre que dans n’D », yêmîm, la radicale initiale, n, aleph, est tombée, comme dans aT’i, vayyâréb, « et il dressa des embûches, » I Reg., XV, 5, qui est mis pour 3-ix>i, vayya’ârêb, etc. Si l’on prend la seconde orthographe, il faudra reconnaître que n>o>, yêmîm, est mis pour d’dn, ’émim, par la permutation de N, aleph, et

de », yod. D’un autre côté, le verbe mâsâ’est souvent pris dans le sens d’une « rencontre hostile », cf. Jud., 1, 5 ; I Reg., xxxi, 3 ; III Reg., xiii, 24, ou d’un « triomphe sur les ennemis », comme Ps. xx (hébreu, xxi), 9 : « Ta droite trouvera (atteindra) ceux qui te haïssent. » Ana serait donc resté célèbre par une victoire sur les Émim, qu’il aurait attaqués ou qui l’auraient surpris. Mais le changement de mots qui sert de base à cette opinion paraît fort douteux. De tous les manuscrits cités par B. Kennicott, Vet. Testant, heb., Oxford, 1776, t. i, p. 70, pas un ne porte Yaleph supposé perdu ou changé. Les Septante, qui appellent les Émim toù ; ’0|ji|Aaîo’jç, Gen., xiv, 5 ; ’0&lqu’v, Deut., ii, 10, 11, ont traduit ici par tôv’Ixpesv ; de même Aquila, Symmaque et Théodotion mettent