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CALENDRIER

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de Vôné, et en instant, vingtquatrième du moment. Talmud de Jérusalem, Berakhoth, ch. i 8r, trad. Schwab, t. i, p. 8.

La nuit, layelâh, commençait à l’apparition des étoiles. « Quand une seule étoile brille, il fait encore jour ; si deux ont paru, il est douteux que le jour a cessé ; mais quand trois sont à l’horizon, la nuit est arrivée certainement. » Traité des Berakhoth, dans les deux Talmuds, trad. Schwab, p. 2-3 et 222-224. Elle était divisée en trois veilles, ’asmurôt. Ps. lxii, 7 ; lxxxix, 4. La première durait du coucher du soleil à minuit, Lament., ii, 19 ; la seconde, de minuit au chant du coq, , Tud., vii, 19 et la troisième, du chant du coq au lever du soleil. Exod., xiv, 24 ; I Reg., xi, 11. Le Talmud de Babylone, Berakhoth, trad. Schwab, p. 225-226, indique le signe physique qui marque le début de ces veilles : « Pendant la première, l’àne brait ; à la seconde, les chiens aboient ; à la troisième, l’enfant suce le sein de sa mère, ou la femme cause avec son mari. » Les contemporains de Jésus-Christ avaient emprunté aux Romains la division de quatre veilles. Matth., xiv, 25 ; Marc, xiii, 35 ; Luc, ii, 8. La première, ôié, allait du coucher du soleil à neuf heures du soir environ, Marc, xi, 11 ; xv, 42 ; Joa., xx, 19 ; la seconde, [iesovùx-nov, « le milieu de la nuit, » de neuf heures à minuit, Matth., xxv, 6 ; la troisième, iXExiopoywvîa, « le chant du coq, » de minuit à trois heures du matin, Marc, xiii, 35 ; cf. III Mach., v, 23 ; la quatrième, itpwc, de trois heures au lever du jour. Joa., xviii, 28. Saint Luc, XII, 38, mentionne la seconde et la troisième veille. Les rabbins connaissaient ces deux supputations. Talmud de Babylone, loc. cit., p. 227-228. On comptait aussi les heures de la nuit, et la troisième est nommée Act., xxiii, 23.

IL Semaine. — Sept jours révolus constituaient la semaine, Sdbûa’. La semaine hébraïque a son fondement dans le récit de la création du monde ; la division du travail divin est devenue le modèle, la règle et la mesure du travail humain : six jours de labeur et un jour de repos. Gen., i, 3-il, 3 ; Exod., XX, 8-11. La semaine paraît avoir été connue avant Moïse, Gen., xxix, 27 et 28, qui, sur l’ordre de Dieu, aurait définitivement consacré au repos le septième jour. Elle a donc un caractère exclusivement religieux et n’est pas plus lunaire que planétaire, puisqu’elle ne tient pas compte des jours et des mois et forme une chaîne ininterrompue de sept jours en sept jours. Les Assyriens ont connu cette semaine et les sabbats ou jours de repos, parallèlement à des hebdomades lunaires, qui divisaient le mois d’une manière fixe et étaient terminées par des jours néfastes. F. Lenormant, Les origines de l’histoire, 2e édit., t. i, p. 243-244, note ; Sayce, La lumière nouvelle, trad. Trochon, in-12, Paris, 1888, p. 30-31. Les jours de travail n’ont pas de nom spécial dans la Bible ; le jour de repos est nommé s’abat, « sabbat, repos, ». La semaine entière s’appelait aussi sabbat. Lev., xxiii, 15 ; Deut.. xvi, 9. Plus tard, les jours de travail furent comptés à partir du sabbat. On en trouve la plus ancienne indication dans les titres des Psaumes de la version des Septante : Ps. xxiii, 1, tt, ; jxiâç aa66ciTou, « le premier [jour] de la semaine » ; Ps. xlvii, 1, ôe-JTsp ? gagëà-rou, « le second [jour] de la semaine ; » Ps. xciii, 1, TETpâSi aaSêin-j, « le quatrième [jour] de la semaine ; » Ps. xcii, 1, e !  ; tttv r.uipocv toO Tipaaaêrjâ-zav, « la veille du sabbat. » Ces rubriques marquent les jours auxquels ces cantiques étaient chantés au temple, pendant le sacrifice du matin. Le Nouveau Testament mentionne le premier de ces noms, îrptiTV) aabêârav, Marc, xvi, 9, ou x(<x. aaêëârav, « le premier [jour] de la semaine ». Matth., xxviii, 1 ; Marc, xvi, 2 ; Luc, xxiv, 1 ; Joa., xx, 1 et 19 ; Act., xx, 7. Les Juifs hellénistes appelaient le vendredi rcapaiTxs-j^, c’est-à-dire « préparation », parce qu’en ce jour on se préparait à la célébration du sabbat. Matth., xxvii, 62 ; Marc, xv, 42 ; Luc, xxiii, 54 ; Joa., xix, li, 31 et 42.

III. Mois. — Le début et la durée des mois hébraïques furent réglés sur les phases et le cours total de la lune.

DICT. DE LA BIllLK.

Un des noms du mois, celui dont se servaient ordinairement les Phéniciens, yërah, dérive étymologiquement du nom de la lune, yàrêah. Cf. Eccli., xliii, 8. Une autre dénomination plus usitée en hébreu, l, wdés, désignait la néoménie ou nouvelle lune. Les mois commençaient, en effet, avec la révolution de la luné. Or, comme cette révolution s’accomplit en vingt neuf jours et demi, les mois étaient de vingt-neuf ou de trente jours. Le Talmud de Babylone, Berakhoth, ch. iv, trad. Schwab, p. 340, appelle les premiers « défectifs », et les seconds « pleins ». Probablement des procédés tout empiriques servirent toujours à fixer la néoménie et à déterminer le commencement et la durée des mois. Dans les derniers temps, l’apparition visible du croissant, attestée par des témoins dignes de foi et proclamée par un tribunal officiel, était le point de départ du nouveau mois. Talmud de Jérusalem, Rosch haschana, i, 4, trad. Schwab, 1883, t. vi, p. 68. Deux mois de suite pouvaient donc avoir trente jours. Cependant c’était une règle générale qu’une année ne pouvait comprendre moins de quatre et plus de huit mois pleins.

Primitivement les mois se comptaient à partir du mois de la fête de Pàque, qui était le premier, et ils étaient désignés par leur numéro d’ordre : premier…, douzième. I Par., xxvii, 1-15. Cependant quatre eurent plus tard un nom spécial : le premier était le mois des épis, ’Abîb, Exod., xm, 4 ; xxiii, 15 ; xxxiv, 18 ; Deut., xvi.l (voir ce mot) ; le second le mois des fleurs ; Z’w, III Reg., vi, 1, 37 ; le septième, Efanim, le mois des courants, III Reg., viii, 2, et le huitième, Bul, le mois des pluies. III Reg., vi, 38. Cf. Talmud de Jérusalem, Roscli haschana, i, 1-2, trad. Schwab, t. vi, p. 61-62. M. Derenbourg, dans le Corpus inscriptionum semiticarum, t. i, p. 10, 93-94, croit que ces noms sont phéniciens, et il pense qu’ils ont été introduits chez les Hébreux par les ouvriers tyriens qui ont travaillé à la construction du Temple de Jérusalem. Dans les temps postérieurs à l’exil, la coutume se maintint de désigner les mois par leur numéro d’ordre, Agg., i, 1 ; n, 1 et II ; Zach., i, 1 ; viii, 19 ; Dan., x, 4 ; I Esdr., iii, 1, 6, 8 ; vi, 19 ; vii, 8 et 9 ; viii, 31 ; x, 9 et 16 ; I Mach., x, 21, concurremment avec les noms nouveaux. Le Talmud de Jérusalem, loc. cit., nous apprend que ces noms nouveaux ont été importés de Babylone au retour de la captivité. Les textes cunéiformes déjà déchiffrés ont confirmé cette affirmation traditionnelle et rendu insoutenable l’opinion des écrivains qui faisaient dériver ces noms de mots persans. En voici la nomenclature avec leur forme assyrienne et la comparaison approximative avec nos mois : 1° Nisdn, nisannu, mars-avril, II Esdr., n, 1 ; Esther, iii, 7 et 12 ; xi, 2 ; 2° Iyâr, airu, avril-mai ; 3° Sivdn, sivanu, mai-juin ; i° Tammuz, dûza, juinjuillet ; 5° Ab, abu, juillet-août (voir ce mot) ; 6° Elûl, ululu, août-septembre, II Esdr., vi, 15 ; I Mach., xiv, 27 ; 7° Tisri, taSritu, septembre - octobre ; 8° MarljeSvân, arafy-Samna, octobre-novembre ; 9° Kislêv, kisilivu, novembre-décembre, II Esdr., i, 1 ; Zach., vii, 1 ; I Mach., i, 57 ; iv, 52 et 59 ; II Mach., i, 9, 18 ; x, 5 ; 10° Tébéth, tébituv, décembre-janvier, Esther, ii, 16 ; Zach. i, 7 ; 11° Sebdt, sabalu, janvier-février, I Mach., xvi, 14 ; 12° Addr, addaru, février-mars, Esther, iii, 13 ; IX, 1. Cf. F. Lenormant, Les origines de l’histoire, 1. 1, appendice iv, 2e tableau ; Ed. Norris, Assyrian dictionary, 3 in-8°, Londres, 1868-1872 ; E. Schrader, Die Keilinschriften und das Alte Testament, 1872, p. 247. Deux mois macédoniens qui se suivent, le ôioixopivOioî ou Stôtr/.op-.çetle Eav81v.ôç, sontnommésdansle secondlivre desMachabées, xi, 21, 30, 33 et 38. Cf. Patrizi, Z)e consensu utriusque libri Machabxorum, pTod., c., ꝟ. 154-163.

Le nombre des mois était régulièrement de douze. III Reg., IV, 7 ; 1 Par., xxvii, 1-15 ; Dan., iv, 26. Mais pour faire concorder l’année lunaire avec l’année solaire, qui est plus longue de onze jours, il fallait ajouter, tous les trois ans environ, un treizième mois, qui n’est pas mentionné dans la Bible. Ce mois se plaçait à la fin de

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