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CISON (TORRENT DE)


non loin de Khaïfa, il a vu au milieu des roseaux des crocodiles d’une taille assez considérable, qui se sont approchés fort près de son embarcation et qu’il a été obligé de repousser à coups de rame ». Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, dans le Tour du monde, t. xli, p. oï. L’embouchure du fleuve est curieuse. Sous la prédominance des vents sud-ouest, les dunes s’amoncellent graduellement, et leur progrès de ce côté force les eaux à se frayer un chemin, à chercher sans cesse de nouveaux débouchés plus au nord. Les lagunes qui existent maintenant derrière ces collines de sable, sur la rive gauche, sont peut-être le résultat d’un premier cours. Quand le

III. Histoire. — Avec la description que nous venons de donner, il est plus facile de comprendre certains détails des deux événements qui ont rendu le Cison célèbre. 1° Sans reproduire tout au long le combat de Débora et Barac contre Sisara, Jud., iv, v (cf. "Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. iii, p. 116-123), nous nous arrêterons aux faits qui se rattachent à cet article. L’armée d’Israël s’était rassemblée sans bruit sur le mont Thabor, forteresse inexpugnable et excellent poste d’observation, d’où l’œil domine la plaine d’Esdrelon. Sisara, généralissime des troupes de Jabin, roi d’Azor, habitait Haroseth des Nations, c’est 284. — Le Cison, près de la montagne du sacrifice d’Élie. D’après une photographie de M. L. Heidet.

vent vient de l’est, la rivière s’échappe à travers le sable vers la mer ; mais, quand il souffle de l’ouest sur la côte, les eaux forment une véritable barre. On trouve en Palestine peu de vues aussi pittoresques et aussi complètement orientales qu’à l’embouchure du Cison. Les palmes, qui ne fleurissent que sur la côte, là où se rencontrent l’eau et le sable, à l’abri du froid, croissent le long des dunes et autour des lagunes. Une bordure de joncs et de plantes grasses couvre les rives, le long desquelles se tiennent des hérons gris, guettant le poisson, pendant que çà et là une aigrette blanche promène ses pas délicats, que des bandes d’oiseaux courent sur le sable ou à travers les marais. La large baie de Saint-Jean-d’Acre, les pentes sombres et escarpées du Carmel, un premier plan de palmiers, forment le cadre de ce tableau. Cf. Conder, Tentwork in Palestine, in-8°, Londres, 1889, p. 97-98. Pour cette description, voir la carte de la tribu d’IsSACHAR,

à-dire probablement, selon plusieurs auteurs, El-llarthiyéh, que nous avons signalé plus haut, place très importante, parce qu’elle commande le passage de la plaine d’Acre dans celle d’Esdrelon, la gorge étroite dans laquelle coule le Cison entre le Carmel et les premières collines de Galilée. « Je te l’amènerai au torrent de Cison », avait dit la prophétesse à Barac, au nom du Seigneur. Jud., iv, 7. Il vint, en effet, avec ses redoutables chars de guerre et une nombreuse armée, prendre position dans la plaine, sur les bords du torrent, Jud., iv, 13, entre Mageddo et Thanac :

Les rois sont venus, ils ont livré bataille, Ils ont livré bataille, les rois de Chanaan, A Thanach, près des eaux de Mageddo. Jud., v, 19.

Le champ de bataille était parfaitement choisi. Les neuf cents chariots de fer des Chananéens pouvaient se développer dans cet endroit, où la plaine est le plus large et