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CIS — CISON (TORRENT DE)

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La plupart des commentateurs conservent le texte des Paralipomènes et distinguent deux Ner et deux Cis. Ils admettent un Cis fils de Jéhiel et père de Ner, lequel serait le même qu’Abiel, selon les uns, t. i, col. 47, ou, selon d’autres, le père d’Abiel et le grand-père du second Ner et de Cis, père lui-même de Saùl. D’après I Par., viii, 33 et ix, 39, Cis aurait été fils et non petit-fils de Ner ; mais il y a dans ces deux passages une omission, puisque, d’après I Reg., ix, 1 et xiv, 51, Cis était fils d’Abiel. Il faut donc suppléer le nom d’Abiel dans les deux passages des Paralipomènes pour avoir la généalogie complète de Cis. Ce personnage est mentionné comme ayant envoyé Saùl à la recherche de ses ânesses égarées. I Reg., ix, 3. Il fut enterré à Séla, sur le territoire de Benjamin. Ce fut dans son tombeau qu’on ensevelit Saùl et Jonathas et les fils de Respha, concubine de Saùl. H Reg., xxi, 13-14. Cis est nommé une fois dans le Nouveau Testament. Act., xiii, 21. Dans ce passage, le texte reçu porte Kfç, mais les principaux manuscrits ont Ke :  ; .

P. Renard.

2. CIS, troisième fils de Jehiel ou Abigabaon et frère de Ner, le grand-père de Saùl. I Par., viii, 30 ; ix, 36.

3. CIS, lévite, un des chefs de la branche de Mérari au temps de David. I Par., xxiii, 21. Éléazar son frère étant mort sans enfant mâle, ses filles furent mariées aux fils de Cis, leurs cousins. I Par., xxiii, 22. Un de ses fils était Jéraméel. I Par., xxiv, 29.

4. CIS, lévite de la branche de Mérari au temps d’Ézéchias. II Par., xxix, 12. Il fut un des quatorze chefs de lévites chargés de puriQer le Temple au début de ce régne.

5. CIS, aïeul ou ancêtre de Mardochée. Esth., ii, 5 ; xi, 2. C’est peut-être le même que Cis 1.

    1. CISON##

CISON (TORRENT DE) (hébreu : nahal Qisôn ; Septante : 6 ^ « IJ-àppo’j ; Kiaûv, Jud., iv, 7, 13 ; v, 21 ; KiaiTûv, 1Il Reg., xviii, 40 ; Keiaùiv, Ps. lxxxii [hébreu, i.xxxm], 10 ; le Codex Alexandrinus porte généralement Kîi<jd>v, et la Vulgate a Cisson au Ps. lxxxii, 10), torrent ou rivière de Palestine, qui traverse la grande plaine d’Esdrelon et se jette dans la Méditerranée près de Khaïfa. Il fut témoin de deux grandes scènes de l’histoire biblique : la défaite de Sisara, Jud., iv, 7, 13 ; v, 21 ; Ps. lxxxii, 10, et la destruction des prophètes de Baal par Élie. 1Il Reg., xviii, 40.

I. Nom et identification. — Le nom de Qîsôn se rattache à la racine qôs, qui, comme en arabe, signifie « être recourbé » à la manière d’un arc, d’où le sens de « tortueux ». Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 1211. Il n’est pas mentionné par son nom dans la description ou les limites de la Terre Promise d’après Josué. Cependant « le torrent qui est contre Jéconam », Jos., xix, 11, est bien le Cison, si réellement cette ville correspond au Tell Keimoun, situé au pied sud-est du Carinel. Il est appelé en hébreu nal.ial qedûnùm (ce que la Vulgate a traduit par le nom propre Cadumim) dans le cantique de Débora, Jud., v, 21. Voir Cadumim, t. ii, col. 28. La tradition et les vieux Itinéraires des pèlerins l’ont laissé dans l’oubli. Josèphe ne le cite nulle part ; Eusèbe et saint Jérôme ne font qu’indiquer son origine près du Thabor. Cf. Onomaslica sacra, Gœttingue, 1870, p. 110, 272. Malgré cela, son identification avec le Nahr el-Mouqatla’est incontestable. La mention de Thanac (aujourd’hui Ta’annouk) et de Mageddo (El-Ledjdjoun) près de son cours, Jud., v, 19, et l’histoire d’Élie avec les prophètes de Baal, 1Il Reg., xviii, 40, suffisent pour donner une certitude complète. Quelques-uns prétendent même que le nom actuel de Mouqatta’, de la racine arabe qata’, « couper, » se rattache au « massacre » des prophètes. Il en est qui le font dériver d’une autre signification du même verbe, « passer » [un fleuve], et lui attribuent le sens de « gué ». Cf. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 365, note 4 ; Freytag, Lexicon arabicolatinum, Halle, 1835, t. iii, p. 465. D’autres enfin disent qu’il n’est pas rare en Syrie et y voient l’idée de « coupe » ou lot de terre assigné à quelqu’un. Cf. Survey of Western Palestine, Name Lists, Londres, 1881, p. 114.

IL Description. — Le Cison ou Nahr el-Mouqatla’est le produit du drainage des eaux de la grande plaine d’Esdrelon et des montagnes qui l’environnent : le Carmel, la chaîne de Samarie au sud, les monts de Galilée au nord, le Gelboé et le Petit-Hermon à l’est, y déversent le tribut de leurs torrents temporaires, qui viennent ainsi se perdre dans la Méditerranée. Il est formé de deux branches principales, qui, après avoir coulé dans un sens opposé, se rencontrent et s’unissent, vers le milieu de la plaine, pour prendre la direction du nord-ouest. L’uue, la plus éloignée, descend des pentes septentrionales des monts de Samarie, du côté de Djénin, et prolonge sa pointe plus à l’est jusqu’à l’arc dessiné par le Gelboé, dont elle égoulte les flancs occidentaux. Sa direction est du sud-est au nord-ouest. L’autre a son origine, non pas tout à fait au pied du Thabor, comme on l’a cru, mais aux environs d’Iksàl (anciennement Casaloth ou Céséleth Thabor). Thomson, en effet, The Land and the Book, Londres, 1890, p. 434-435, a constaté que les eaux qui viennent des collines situées à l’est de ce village courent directement vers Vouadi Scherrar, qui se jette dans le Jourdain ; tandis que toutes celles qui coulent à l’ouest tombent dans le Cison. Ainsi la ligne de partage des eaux entre les deux bassins se trouve, de ce côté, entre Iksâl et Endôr. Cette seconde branche a aussi pour affluents les torrents qui descendent des pentes occidentales du Djebel Dahy ou Petit-Hermon, et elle se dirige du nord-est au sud-ouest. Un fleuve opposé, le Nahr Djâloud, s’avance assez loin entre ces deux bras du Nahr el-Mouqatta’.

Le Cison est entretenu non seulement par des torrents temporaires, mais encore par des sources assez abondantes, comme celle de Djenîn (l’ancienne Engannîm), et celles qui se rencontrent en assez grand nombre aux environs et au - dessus A’El-Ledjdjoun (Mageddo). Son cours en somme se rapproche des montagnes de Samarie ; puis, en quittant la plaine d’Esdrelon pour entrer dans celle de Saint -Jean-d’Acre, il se trouve resserré entre le Carmel et les collines, derniers prolongements des monts galiléens, sur lesquelles est bâti El-Harthiyéh. Avant d’arriver à la mer, il reçoit les eaux d’Ain es-Sa’âdeh et de Vouadi el-Malek. À sec dans sa partie supérieure, excepté pendant l’hiver et après de grandes averses, il ne devient permanent que dans sa partie inférieure, six à sept kilomètres au-dessus de son embouchure. Cependant, durant la saison des pluies ou après de violents orages, les torrents lui amènent des eaux impétueuses, et il transforme certains bas-fonds de la plaine en marécages dangereux. Les voyageurs qui ont comme nous traversé ces parages en de pareilles circonstances n’ont pas oublié les difficultés et les émotions qu’ils éprouvèrent en voyant les chevaux s’enfoncer dans la vase. Nous ferons tout à l’heure l’application de ces détails à la défaite de l’armée de Sisara.

Le Cison « coule quelquefois dans un lit profondément creusé dans une terre noirâtre ; les berges sont alors escarpées, taillées à pic et hautes de plusieurs mètres. D’autres fois, son lit se subdivise et forme de grands marais, recouverts de joncs et de roseaux, parmi lesquels fourmillent des tortues d’eau (Eniys caspica et Emys sigris) et de nombreux oiseaux aquatiques aux brillantes couleurs. Il y a là, comme dans le Nahr Zerka, des cro[ codiles d’une belle venue. Le fait est aujourd’hui hors dfe

: doute, grâce à une exploration d’un Anglais, M. J. Mac-Gregor, 

qui, en 1868 et 1869, a parcouru en yole-périssoire les principaux cours d’eau de la Syrie. Sur le Cison,