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GINNAMOME — CIRCONCISION


C’est un parfum exquis ; aussi les vertus de l'épouse des Cantiques sont-elles comparées à un parterre de plantes aromatiques, au milieu desquelles croît le cinnamome. Cant, iv, 14. Pour exprimer la douceur de la Sagesse, l’auteur de l’Ecclésiastique, xxiv, 20, lui met dans la bouche ces paroles : « J’ai répandu mon parfum comme le cinnamome. » À la chute de la Babylone de l’Apocalypse, xviii, 13, les marchands' gémiront de ne pouvoir plus vendre leurs denrées et en particulier le cinnamome. Les Hébreux connaissaient ce parfum, importé de l’Extrême-Orient, probablement sous son nom d’origine. Les

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283. — Cinnamomum Zeylanicum.

Indiens l’appellent cacyn-naina, « bois odoriférant. » Les Égyptiens, qui lui avaient donné le nom particulier de tas, l’appellent aussi « bois odoriférant ». Les deux noms se trouvent dans la recette du kyphi ou parfum sacré :

j fa I -— ^") V V f> tas djod er -^et nedjem, « tas,

autrement dit bois odoriférant » V. Loret, Le kyphi, parfum sacré des anciens Égyptiens, dans Journal asiatique, juillet-août 1887, p. 115. Dans la préparation du kyphi il est uni à la casse, comme il l’est dans l’huile de l’onction, Exod., xxx, 23 ; comme il l’est du reste dans nombre de combinaisons ou d'énumérations de parfums chez les anciens. Théophraste, Hist. Plant., ix ; Strabon, XVI, iv, 25. Ce dernier auteur fait naître le cinnamome dans ! e pays des Sabéens, XVI, xiv, 19, et aussi dans une partie de l’Arabie Heureuse, XVI, iv, 25. Il est certain que les marchands de Saha et de Réema exportaient sur les marchés de Tyr les aromates les plus précieux. Ezech., xxvii, 22. Mais il ne paraît pas que le cinnamome fut un produit de leur pays. Pline, H. N., xii, 41, 42, le conteste ; il prétend qu’ils allaient le chercher en Ethiopie, où Strabon, XV, i, 22, place également le pays du cinnamome. C’est dans l’Ethiopie du sud-est, à l’extrémité des terres habitables du midi, sur la côte de l’océan Indien, II, i, 13, dans une région qu’il appelle « le pays du cinnamome », xivvanwiiofôpo ; x<*>P a > I 1 IV > 2C’est probablement la contrée que les Égyptiens appelaient To-nouter, où ils allaient s’approvisionner des parfums les plus précieux, et en particulier de cinnamome. Brugsch et Dùmichen, Recueil de monuments égyptiens, in-f°, Leipzig, 1862, t. i, p. 50. — Il n’est pas certain cependant que cette contrée produisît le cinnamome. Il pouvait venir des régions de l’Inde situées en face. L’Inde était vraisemblablement le vrai pays du

cinnamome, Strabon, XV, I, 22 ; de là il était importé d’un côté par la Perse et la Baby onie jusqu’en Syrie, Théophraste, ix, 7, et d’un autre coté il arrivait par mer en Ethiopie et de là en Egypte. Cf. Nées von Esenbeck, De Cinnamonw disputatio, in-4°, Bonn, 1823 ; Bonastrc, Recherches sur le Cinnamomum des anciens, dans le Journal de pharmacie, t. xiv, 1828, p. 266.

E. Levesque. CIRCAÈTE, circætos gallicus, espèce d’aigle qui a été décrit au mot Aigle, t. i, col. 300, et qui, d’après plusieurs interprètes, est l’animal impur désigné dans le Lévitique, xi, 13, et dans le Deutéronome, xiv, 12, sous le nom à"ozniyàh. Le terme hébreu a été traduit dans les Septante et dans la Vulgate par « aigle de mer », et leur interprétation est vraisemblablement exacte. Voir Aigle de mer.

    1. CIRCONCISION##

CIRCONCISION (hébreu : mûlâh ; Septante : rapitojj^ ; Vulgate : circumcisio, trois mots venant chacun d’un verbe qui signifie « couper autour s). On appelle ainsi l’ablation de la 'ôrlâh, àxpoëuaua ou prseputium.

I. La circoncision dans l’antiquité. — 1° Chez les Égyptiens. — L’origine de la circoncision est antérieure à Abraham. Elle paraît remonter en Egypte au moins jusqu'à la ive dynastie, plus de 2400 ans avant l'ère chrétienne. On en a la preuve dans les peintures des plus antiques hypogées, et dans les momies datant de ces. époques reculées. Un bas-relief trouvé à Karuak, dans le petit temple de Khons, représente une scène de circoncision sur un enfant qui peut avoir de six à douze ans. Chabas, De la circoncision chez les Égyptiens, dans la Revue archéologique, t. iii, 1801, p 298-300. Hérodote, H, 104, parle de la circoncision des nouveau-nés chez les Égyptiens. Le bas-relief de Khons prouve que l’usage supposé par cet historien n'était pas invariable, si même il a jamais fait loi. On a cru tout d’abord qu’en Egypte la circoncision était réservée à certaines castes, prêtres, astronomes, géomètres, savants, soldats, etc. Horapollon, i, 14 ; Origène, In epist. ad Rom., lib. ii, 13, t. xiv, col. 911 ; cf. Dbllinger, Paganisme et judaïsme, trad. J. de P., Bruxelles, 1858, t. iv, p. 182. L'étude des monuments et des momies porte aujourd’hui à conclure qu’elle a été commune à tous les Égyptiens, au moins dans les temps primitifs. Le langage semble donner raison à cette opinion ; car, sur les bords du Nil, ama veut dire à la fois « impur » et « incirconcis ». Ebers, Aegypten und die Hacher Mose’s, Leipzig, 1868, t. i, p. 278-285 ; Wilkinson, Manners and customs of the ancient Egyptians, Londres, 1878, t. ii, ch. v, p. 318 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. i, p. 455. Cependant, observe M. Maspero, dans Renan, Histoire du peuple d’Israël, Paris, 1887, t. i, p. 121, « la circoncision était pratiquée, mais non obligatoire, eu Egypte. » On l’observe sur une statue de Boulaq de la ve dynastie, mais souvent les momies royales n’en présentent aucune trace.

2° Chez d’autres anciens peuples. — Hérodote, ii, 101, dit que la circoncision était en usage chez les Colchidiens et les Éthiopiens ; mais il se trompe sans doute quand il ajoute que les Phéniciens et les Syriens l’avaient reçue des Égyptiens, car on conteste que les Phéniciens l’aient pratiquée. Cf. Ezech., xxxii, 30 ; Josèphe, Ant. jud., VIII, xx, 3 ; Ebers, Aegypten und die Bûcher Mose’s, t. i, p. 278. Les Syriens n'étaient pas circoncis non plus. Josèphe, Ant. jud., VIII, x, 3. Peut-être Hérodote a-t-il désigné les Juifs sous le nom de Syriens, ainsi que le remarque l’historien juif. La circoncision existait encore chez les Moabiles et les Ammonites, Jer., ix, 26, qui la tenaient de leur père Lot, neveu d’Abraham. Jean Hyrcan l’introduisit chez les Édomites, descendants d'Ésaù, à supposer que ceux-ci ne l’aient pas pratiquée bien antérieurement, à raison même de leur origine, el Aristobule l’imposa aux Ituréens. Josèphe, Ant. jud., X11I, IX, 1 ; xi, 3 ; Vila, 23. Elle a été encore en vigueur