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CINÉENS — CINNAMOME


à Hobab ce qu’il y aurait de meilleur dans le butin pris sur les Chananéens. Num., x, 32. Les fils de ce dernier reçurent en partage, après l’entrée des Hébreux en Chanaan, des territoires situés au sud d’Arad, dans la partie la plus méridionale de la Terre Promise, par conséquent tout près de ce « fleuve d’Egypte » où campaient leurs ancêtres à l’époque d’Abraham. Jud., i, 16. — 4° De cette petite colonie cinéenne se détachèrent quelques familles qui remontèrent dans le nord de la Palestine, jusque dans les riches terres de Cédés, dans la tribu de Nephthali. Jud., iv, 11. La promesse faite par Moïse à Hobab continuait à se réaliser pour eux. Ils étaient d’ailleurs très dévoués aux Israélites, et ce fut Jahel, femme d’Haber le Cinéen, qui fit entrer Sisara dans sa tente et lui enfonça un clou dans la tempe. Jud., iv, 17-21. Les Cinéens vivaient alors en paix, non seulement avec les Hébreux, au sort desquels ils s’étaient associés, mais aussi avec d’autres peuples voisins, les Amalécites dans le midi, Num., xx, 21, Jabin, roi chananéen d’Asor, dans le nord. Jud., iv, 17. Il est fort à croire qu’ils connaissaient le vrai Dieu, ou que tout au moins, à partir de leur alliance avec les Hébreux, ils avaient embrassé son culte. — 5° Au temps de Saùl, les Cinéens du midi vivaient toujours côte à côte avec les Amalécites. Le roi hébreu, avant d’entreprendre la guerre contre ces derniers, se souvint des relations amicales qui existaient depuis les jours du désert entre son peuple et les fils de Cin. Il avertit donc ceux-ci d’avoir à s’éloigner des Amalécites, pour ne pas être enveloppés dans le désaslre qui les menaçait. I Reg., xv, 6. — 6° Sous David, les Cinéens occupaient encore leurs positions primitives, au sud de Juda. I Reg., xxvii, 10 ; xxx, 29. — 7° Par la suite, des mariages furent contractés entre des membres de la tribu cinéenne et leurs voisins du pays de Juda. Dans les listes généalogiques, on voit, par un texte d’ailleurs obscur, I Par., il, 55, que des scribes de Jabès sont des Cinéens descendants de Hammatli (Vulgate : Calor), père de la maison de Réchab, qu’on croit être le chef des Réchabites. Jer., xxxv, 6. Les Cinéens se trouvent ainsi mêlés aux origines de ces derniers. Voir Réchabites. L’histoire ne fait plus ensuite mention de cette peuplade. D’après la prophétie de Ralaam, Num., xxiv, 21-22, elle dut avoir à souffrir des invasions assyriennes et partagea la captivité d’Israël.

II. Ouigine des Cinéens. — Les Cinéens ne sont pas nommés dans la table ethnologique du x° chapitre de la Genèse, bien que Moïse parle d’eux dans d’autres passages du Pentateuque. Leur séjour dans le désert du Sinaï, leurs habitudes nomades, leur association avec les Amalécites à l’époque de Balaam et à celle de Saûl, donnent à penser qu’ils étaient une ancienne tribu arabe. Le Cinéen Haber faisait partie de la descendance de Hobab, parent de Moïse, Jud., iv, II ; or Hobab était fils de Raguel le Madiunite, Num., x, 29, et Cinéen. Jud., I, 10. — Jéthro, qu’il soit identique à Hobab ou qu’il en diffère, appartenait lui aussi à la tribu des Madianites et y exerçait les fonctions sacerdotales. Exod., iii, 1. II faut conclure de là que les Cinéens formaient une simple petite peuplade appartenant originairement à la tribu des Madianites. — Quelques auteurs ont vu une difficulté à concilier deux textes de l’Écriture se rapportant aux Cinéens : celui de la Genèse, xv, 19, d’après laquelle ce peuple existait déjà en Chanaan à l’époque d’Abraham, et ceux des Juges, i, 16 ; iv, 11, qui semblent faire de Hobab, parent de Moïse, le père des Cinéens. Rosenmùller, Judices, Leipzig, 1835, p. 23, est d’avis que les descendants de Hobab ne faisaient nullement partie du vieux peuple cinéen de Chanaan, et que ces fils de Hobab ne prirent le nom de Cinéens qu’en se mêlant à ces derniers et en s’établissant sur leur antique territoire, au nord de la I presqu’île sinaïtique. Jahn, Biblische Archâologie, Vienne, | 1817, t. i, p. 194 ; t. ii, p. 87, regarde comme deux peuples ; distincts les Cinéens de la Genèse et ceux du livre des ;

D1CT. DE LA BIDLE.

Juges. Ces distinctions sont inutiles pour expliquer le texte sacré. Comme le remarquent avec raison Gesenius, Thésaurus, p. 1207, et Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 76, l’Écriture présente Hobab non comme la souche du peuple cinéen, mais seulement comme le chef d’une famille cinéenne. Il est incontestable d’autre part qu’un peuple nomade a pu camper au sud de Chanaan, sous Abraham, et autour du Sinaï, à l’époque de Moïse, ou, plus probablement, avoir des groupes de familles établies à différents endroits de la presqu’île, bien que le campement du gros de la tribu restât fixé au sud de Chanaan, au temps d’Abraham comme au temps de Balaam.— On ne peut admettre l’opinion récente d’après laquelle Qaîn ou Cin, père des Cinéens, serait le même que Qain (Caïn), le premier fils d’Adam. D’après les auteurs qui ont soutenu cette identification, Fr. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, t. i, Paris, 1881, p. 201-205 ; Motais, Le déluge biblique, Paris, 1885, p. 258-333 ; Robert, dans la Revue des questions scientifiques, avril 1887, p. 450 - 468 ; octobre 1887, p. 509-511, les Cinéens ou Kénites ne seraient autres que les Caïnites, ou descendants de Caïn, échappés au déluge. S’il en était ainsi, l’Écriture ferait quelque allusion à une origine aussi remarquable. Tout au contraire, elle range les Cinéens en compagnie de neuf autres petits peuples, Gen., xv, 19, et même, dans les passages parallèles, Gen., xiii, 7 ; Exod., iii, 8, 17 ; xiii, 5 ; xxiii, 23 ; Deut., vii, 1 ; xx, 17 ; Jos., iii, 10, elle les passe totalement sous silence. — Josèphe, Ant. jud., V, v, 4, appelle les Cinéens Keveuôe ; . Dans le texte samaritain de la Genèse, ainsi que dans les Targums de la Genèse et de& Nombres, les Cinéens sont nommés Salméens, probablement à cause de I Par., ii, 55, où des Cinéens sont rattachés à la descendance de Salma, fils de Caleb. D’autres, avec beaucoup moins de vraisemblance, font dériver ce nom de Hèlent, « paix, » ce qui serait une allusion aux relations pacifiques des Cinéens avec les Hébreux. Reland, Palsestina illustrata, Utrecht, 1714, p. 140 ; A. Murray, Comment, de Kineeis, in-8°, Hambourg, 1718 ; A, G. Kerzig, Bibl.- histor. Abhandlung von den Kenitern, in-8°, Chemnitz, 1798 ; E. AV. Hengstenberg, Die-Geschichle Bileams, in-8°, Berlin, 1812, p. 190-197 ; Gesenius, Thésaurus linguæ hebreese, p. 1207 ; Bertheau, . dans Schenkel’s Bibel-Lexicon, t. iii, 1871, p. 521-523 ; . Th. Nbldeke, Ueber die Amalekiter und einige andere Nachbarvôlker der Isræliten, Gœtlingue, 1864, p. 19.

H. Lesêtre.

CINNAMOME. Hébreu : qinndmôn ; Septante : xiwj[iwpiov ; Vulgate : cinnamomum. Dans Exod., xxx, 23, ce mot étant uni par un trait d’union avec le mot bésém, les voyelles s’abrègent, et l’on a : qinnemon bésém, « cinnamome odorant. »

I. Description. — C’est le nom ancien de l’un des parfums extraits de la cannelle et localisés principalement dans l’écorce d’arbres ou d’arbustes croissant dans la région chaude de l’Extrême-Orient. Le principal genre qui le fournit est le Cinnamomum, de la famille des-Laurinées, à fleurs comprenant autour des pistils jusqu’à six verticilles concentriques, formés chacun de trois pièces, et dont les quatre internes sont composés d’étamines en partie stériles. Les feuilles sont persistantes et aromatiques, le fruit est une baie peu charnue. — Parmi les nombreuses espèces, celle qui fournit le vrai cinnamome est le Cinnamomum Zeylanicum (fig. 283), originaire effectivement de Ceylan, mais que la culture a propagé dans toute la zone tropicale, même au nouveau monde. F. Hï.

IL Exégèse. — L’huile sainte que Moïse, Exod., . xxx, 23, prescrivit pour les onctions, était un parfum à base d’huile d’olive, mélangée de quatre substances aromatiques, parmi lesquelles se trouve le cinnamome. Pour parfumer les appartements et les lits de repos, on se servait d’aromates de composition différente, mais comprenant également cette substance. Prov., vii, 17.

II. — 25