Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/397

Cette page n’a pas encore été corrigée
767
768
CILICIE — CINÉENS


qui prit le nom de Césarée, sous Auguste (Eckhel, t. iii, p. 46 ; Mionnet, Descript., t. iii, p. 550 ; Suppl., t. vii, p. 171 ; Ettore de Ruggiero, Dizionar. epigraphico, t. i, p. 466, col. 1) ; Corycus (Eckhel, Doctr., t. iii, p. 53 ; Mionnet, Descript., t. iii, p. 574 ; Suppl., t. vii, p. 204) ; Mopsueste (Eckhel, op. I., t. iii, p. 60 ; Mionnet, Descript., t. iii, p. 592 ; Suppl., t. vii, p. 228) ; Séleucie (Eckhel, t. iii, p. 66 ; Mionnet, Descript., t. iii, p. 605 ; Suppl., t. vii, p. 241) ; Aegeae (Mionnet, Descript., t. iii, p. 539 ; Suppl., t. viii, p. 151).

La Cilicia campestris avait une assemblée provinciale, le xoivdv xiXixîocc, qui est mentionné sur les monnaies depuis Auguste. Eckhel, op. I., t. iii, p. 78 ; Head, Historia num.rn.orum, p. 667. Elle élisait uni président annuel appelé cilicarque, qui était en même temps le grand prêtre chargé du culte de l’empereur. Corpus Inscript, grœc, n° 2810 ; Waddington, Inscriptions d’Asie Mineure, n° 1480 ; Bulletin de correspondance hellénique, 1883, p. 281, 288 ; Ruinart, Acta martyrum, édit. de Ratisbonne, p. 391.

Il y avait en Cilicie des colonies juives, qui datent probablement de l’époque où Antiochus transporta deux mille familles en Asie Mineure. Josèphe, Ant. jud., XII, iii, 4. Des mercenaires ciliciens servaient dans les gardes du corps d’Alexandre Jannée. Joséphe, Ant. jud., XIII, xiii, 5 ; Bell, jud., i, iv, 3. Parmi ceux qui discutèrent avec saint Etienne dans les synagogues de Jérusalem et qui l’accusèrent devant le sanhédrin, figurent des Ciliciens. Act. vi, 9. Saint Paul était originaire de Tarse en Cilicie (voir Tarse). Il le dit lui-même au tribun Claudius Lysias, et le répète aux Juifs dans le discours qu’il leur adresse à la suite de son arrestation. Act. xxi, 39 ; xxii, 3 ; cf. xxiii, 34. Le métier de fabricant de tentes, auquel il se livrait, était un de ceux où l’on employait le tissu en poils de chèvres appelé cilice. Pline, H. N., vm, 203 ; Varro, De re ruslica, ii, 11. L’Apôtre prêcha pour la première fois en Cilicie après son premier voyage à Jérusalem, c’est-à-dire entre 38 et 44. Gal., i, 21. Il est à noter que dans ce passage et dans les Actes, xv, 41, la Syrie est nommée avec la Cilicie. C’est non seulement une juxtaposition géographique, mais encore une expression qui correspond très exactement à la situation administrative de la Cilicie, telle que nous l’avons décrite plus haut. Les Églises de Cilicie, comme celles d’Antioche, comptaient dans leur sein un certain nombre de chrétiens d’origine païenne ; aussi la question de l’obligation de la circoncision se posa chez elle comme en Syrie. C’est pourquoi la lettre que les Apôtres envoyèrent à Antioche, après l’assemblée de Jérusalem, fut également adressée aux frères de Cilicie. Act., xv, 23. Après sa séparation d’avec Barnabe, saint Paul parcourut, en compagnie de Silas, les Églises de Cilicie, les confirma dans la foi et les exhorta à observer les préceptes des Apôtres et des anciens. Act. xv, 41. Pour aller de Cilicie en Lycaonie, il traversa les Pyles ciliciennes. Il ne revit plus la Cilicie depuis ce moment, il passa seulement en face des côtes en se rendant de Césarée à Rome, après son appel à César. Act., xxvii, 5.

Bibliographie. — V. Langlois, Voyage en Cilicie, dans le Tour du monde, 1861, 1 er sem., p. 401-416 ; 1862, 1 er sem., p. 321-336 ; Henri Kiepert, Manuel de géographie ancienne, trad. E. Ernault, in-8°, Paris, 1887, p. 57, 77-79 ; J. Marquardt, Organisation de l’empire romain {Manuel des antiquités, de Ch. Mommsen et J. Marquardt, t. ix), t. ii, p. 311-328 ; Preuss, De Cilicia Romanorum provincia, in-8°, Kœnigsberg, 1859 ; Junge, De Cilicise Rotnanorum provincise origine et primordiis, in-8°, Halle, 1869 ; D. Vaglieri, Cilicia, dans le Dizionario epigraphico di Antichità romane, d’Ettore de Ruggiero, t. ii, col. 222-336. E. Beurlier.

CIMETIÈRE. Ce mot, qui veut dire « lieu où l’on dort, dortoir », xoi(iï)T7Îpiov, est exclusivement chrétien,

mais tire son nom du langage du Nouveau Testament, qui compare la mort à un sommeil. Act. vii, 59 (60) ;

I Thess., iv, 1214 (13-15), etc. Les Hébreux n’avaient point d’ailleurs de cimetières comme nous, mais ils ont toujours enterré leurs morts. Cf. Cl. Fillion, Essais d’exégèse, in-12, Paris, 1884, p. 283. Voir Sépulture et Tombeau.

CIN, Cinéen. Num., xxiv, 22. Voir Cinéen.

CINA (hébreu : Qînâh ; Septante : ’Ixàu. ; on trouve Ktvà dans le Codex Alexandrinus et un certain nombre de manuscrits ; quelques-uns portent Ket’va ; cf. Swete, The Old Testament in Greek, t. i, p. 452), ville de la tribu de Juda, située à l’extrémité méridionale, « près des frontières d’Édom. » Jos., xv, 22. Citée entre Jagur et Dimona, elle ne paraît qu’en cet endroit de l’Écriture. Malheureusement une bonne partie des localités mentionnées dans ce premier groupe sont absolument inconnues. Cina est de ce nombre. Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 109, 270, l’insèrent dans leur catalogue sous la même forme Cina, Ktvà, mais sans aucune indication relative à sa position. R. J. Schwarz, Dos heilige Land, in-8°, Francfort-surle-Main, 1852, p. 70, la place « à proximité du désert de Sin » ; ce qui laisse le problème au même point. Stanley, Sinaï and Palestine, in-8°, Londres, 1866, p. 160, note 2, rapproche ce nom de celui des Cinéens (hébreu : Qênî ; Septante : Kivat’o ; ), dont il est question Jud., i, 16. Voir

Cinéen.

A. Legendre.
    1. CINÉENS##

CINÉENS (hébreu : qênî, Num., xxiv, 21 ; Jud., iv, 11 ; au pluriel qînîm, I Par., ii, 55, et dans le sens collectif, pour désigner toute la tribu, pp, Qaîn, Num., xxiv, 22 ; Jud., iv, 11 ; Septante : K*vaïo ; , Iuvaïo ; et Kevî, 1 Reg., xxvii, 10 ; KeveÇi, I Reg., xxx, 29. Les traducteurs grées rendent le mot hébreu j’p par vouuioc dans les Nombres, xxiv, 22, où ils l’ont pris pour rp, qên, qui veut dire « nid ». Vulgate : Cinasus, Cenus, I Reg., xxvii, 10 ; xxx, 29 ; Cin, Num., xxiv, 22), peuplade ou tribu mentionnée plusieurs fois dans l’Écriture depuis l’époque d’Abraham jusqu’à celle de David.

I. Les Cinéens dans la Bible. — 1° Les Cinéens sont nommés en tête des dix peuplades qui occupaient la terre de Chanaan, quand Dieu promit à Abraham de donner ce territoire à ses descendants. Gen., xv, 19. La place qu’ils ont dans rénumération donne à penser que leur séjour avoisinait le « fleuve d’Egypte », par conséquent le nord de la presqu’île sinaïtique. — 2° Dans le désert, Balaam, après sa prophétie sur Israël, aperçoit devant lui les Amalécites et les Cinéens, et jouant sur le nom de ces derniers et le nid (qên) de rochers où ils habitent, s’adresse à eux en ces termes, Num., xxiv, 21-22 :

Ta demeure est solide,

Ton nid ( qén) est posé sur le roc ;

Mais Cin ( qa’m) sera ravagé,

Jusqu’à ce qu’enfin Assur te fasse captif.

II suit de ce passage que les Cinéens vivaient côte à côte avec les Amalécites, et qu’ils habitaient une région rocheuse, comme est en effet la plus grande partie de la presqu’île sinaïtique. — 3° Au livre des Juges, i, 16, apparaît un Cinéen, nommé Haber, qui « se sépara de Qain, des fils de Hobab, parent de Moïse ». Cet Hobab, dont plusieurs auteurs font le même personnage que Jéthro, avait été invité par Moïse à accompagner les Israélites au départ du Sinaï, pour leur servir de guide dans le désert. Num., x, 29-32. Il refusa tout d’abord, et le texte sacré laisse planer l’indécision sur la résolution que lui inspirèrent les instances et les promesses de Moïse. Le Cinéen Haber, dont parle le livre des Juges, fit probablement partie d’une fraction de la tribu cinéenne, qui se décida à émigrer en compagnie des Hébreux. Moïse avait promis