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CIEL — CIGOGNE


de son Père, et que ses disciples seront associés à son bonheur et à sa gloire. Aussi, quand saint Paul nous le montre pénétrant au ciel, il l’appelle notre « précurseur » (Tcpo8pô|io ; ). Hebr., iv, 14 ; vi, 20. Saint Jean, dans l’Apocalypse, vu, 9, parle d’une « foule innombrable venue de toutes nations, tribus, peuples et langues, qui se tenaient devant le trône et en présence de l’Agneau ». Or cette description concerne le séjour des bienheureux et non un prétendu règne temporel du Christ à la fin du monde. — Rien, dans la Bible, ne justifie la théorie des sept cieux, qui est exposée par les cabbalistes juifs et les apocryphes chrétiens. Saint Paul parle bien d’un ravissement au troisième ciel, et au paradis, II Cor., xti, 2, 4. Mais la première expression désigne le ciel divin, par opposition au ciel atmosphérique et au ciel sidéral. Quant à là seconde, elle signifie, d’après les uns, non un ciel distinct de celui des bienheureux, mais un de gré plus élevé du même lieu et du même bonheur. D’après les autres, les deux formules de l’Apôtre sont entièrement synonymes. Voir R. Cornely, Comment. Altéra Epistola ad Corinthios, 1892, p. 320.

2. Les âmes des justes qui ont tout expié sont admises au ciel aussitôt après la mort, sans attendre le jugement général. Voici, en effet, ce que dit saint Paul, pour encourager les ouvriers apostoliques dans leurs pénibles labeurs d’ici-bas : « Nous sommes toujours pleins de confiance, sachant que pendant notre séjour dans le corps nous sommes loin du Seigneur en terre étrangère, puisque c’est le lieu de la foi et non de la vision. Aussi nous nous réjouissons, pleins de confiance à la pensée de quitter le corps et d’habiter avec le Seigneur. » II Cor., v, 6-8. Ailleurs, il s’exprime ainsi, tourmenté à la fois par le désir du ciel, qui suppose la mort, et par la pensée d’être utile à ses chrétiens en restant avec eux : « Je suis pressé d’un côté par le désir de voir mes liens se rompre et d’être avec le Christ, ce qui est de beaucoup le parti le meilleur, et de l’autre par la pensée que mon séjour dans le corps vous est nécessaire. » Phil., i, 23-24. Toutes ces déclarations de l’Apôtre n’auraient aucun sens, s’il n’avait espéré sa participation immédiate à la béatitude éternelle.

3. Deux traits généraux caractérisent la nature de la récompense céleste. Elle est à la fois absolue et relative, en ce sens que chacun des bienheureux jouit d’une félicité parfaite, puisqu’elle est divine, mais dans une mesure inégale et proportionnée aux mérites de chacun. — 1° Le bonheur du ciel, considéré au point de vue absolu, nous est présenté sous une double forme, négative et positive. Au sens négatif, il exclut toute souffrance ; les élus « n’auront plus ni faim ni soif, ils ne sentiront plus les ardeurs du soleil ni de l’été… Dieu essuiera toutes leurs larmes ». Apoc, vii, 16-17 ; cf. xxi, 4. Au sens positif, le bonheur du ciel consiste à voir Dieu tel qu’il est. « Maintenant nous voyons en un miroir et dans l’obscurité ; mais alors ce sera face à face. Maintenant je connais d’une façon très imparfaite ; mais alors je connaîtrai comme je suis connu. » I Cor., xiii, 12. « Maintenant nous sommes les enfants de Dieu ; mais ce que nous serons plus tard n’apparaît pas encore. Nous savons au reste qu’au moment de cette apparition nous lui serons semblables ; car nous le verrons tel qu’il est. » I Joa., iii, 2. D’où les théologiens catholiques ont conclu avec raison qu’au ciel nous verrons Dieu sans intermédiaire et intuitivement. Cette vision intuitive n’ira pas d’ailleurs jusqu’à nous faire connaître Dieu autant qu’il se connaît lui-même ; en d’autres termes, elle ne sera pas la compréhension de la divinité. Quand saint Paul affirme qu’il connaîtra comme il est connu, ce n’est pas un rapport d’égalité impossible, mais de similitude, qu’il entend établir entre la connaissance de Dieu et celle des élus. — À rencontre des textes si formels qui placent le bonheur du ciel dans la vision de Dieu tel qu’il est, on pourrait objecter les passages bibliques où cette vision semble présentée comme inaccessible, impossible. I Tim., i, 17 ; VI, 16. Mais la réponse

est facile. Ces passages prouvent simplement le caractère surnaturel de la vision intuitive. Pour y atteindre, le secours de la grâce est absolument nécessaire à la créature. D’où cet autre mot de saint Paul : « L’œil de l’homme n’a pas vii, son oreille n’a pas entendu, et son cœur n’a pas soupçonné les biens que Dieu a préparés à ceux qui l’aiment. » I Cor., ii, 9. — Les descriptions que fait l’Apocalypse du bonheur du ciel étant symboliques, on ne s’étonnera pas que nous les passions sous silence. Elles reviennent d’ailleurs, en somme, aux deux traits généraux que nous avons signalés. — 2° Le bonheur des élus, quoique foncièrement le même, comporte cependant des inégalités réelles, qui sont proportionnées aux mérites de chacun. « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père. » Joa., xiv, 2. « Le Fils de l’homme viendra avec ses anges dans la gloire de son Père, et alors il rendra à chacun suivant ses œuvres. » Matth., xvi, 27 ; Cf. Rom., ii, 6 ; Apoc, xxii, 12. « Autre est la clarté du soleil, autre la clarté de la lune, autre la clarté des étoiles. Ainsi pour la résurrection des morts. » I Cor., xv, 41. Ce dernier passage suppose d’ailleurs la résurrection opérée.

Bibliographie. — Muratori, De paradiso regnique cœlestis gloria, non expectata corporum resurrectione, in-4°, Vérone, 1738 ; ’Plazza, Dissertatw anagogica, theologica, parsenetica de paradiso, in-4°, Palerme, 1762 ; Barcellona, La félicita de’Santi, in-4°, Palerme, 1801 ; Calmet, Dissertation sur la nature de l’âme et son état après la mort, d’après les Hébreux, dans ses Nouvelles dissertations, Paris, 1720 ; traduit en latin dans le Cursus completus Scripturss Sacræ, de Migne, t. vu ; Th. Henri Martin, La vie future suivant la foi et suivant la raison, in-12, 3e édit., Paris, 1870, p. 57-188 et 523-526 ; Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, in-12, 4e édit., Paris, 1884, t. iii, p. 101-180 ; Siuri, De novissimis, in-4°, Valence, 1756 ; Katschthaler, De regni divini consummatione seu eschatologia, in-8°, Ratisbonne, 1888 ; Atzberger, Die christliche Eschatologie in den Stadien ihrer Offenbarung im Alten und Neuen Testament, Fribourg-en-Brisgau, 1890 ; Kahle, Biblische Eschatologie, A810 ; Hurter, Theologise dogmalicse compendium, 7e édit., Inspruck, 1891, t. iii, p. 588-590, 623-635 ; Chambers, Our life afler dealh, or the teaching of the Bible concerning the unseen world, in-8°, Londres, 189 ! -.

J. Bellamy.

CIGOGNE. Hébreu : liâsîdâh ; Septante : àtn’Sa, Job, xxxix, 13 ; Jer., viii, 7 (àssêa, qui n’a point de sens en grec, où cigogne se dit itEXapyô ; , n’est que la transcription de l’hébreu) ; Vulgate : ciconia. L’hébreu nomme six fois la cigogne ; les Septante dans quatre passages, et la Vulgate dans cinq, traduisent par héron, pélican, milan, huppe ; et même, dans le seul passage où elle porte ciconia, Jer., viii, 7, la Vulgate traduit hâsîdâh par « milan », et elle donne le nom de cigogne à la grue, ’àgûr.

I. Histoire naturelle de la cigogne. — La cigogne (fig. 278) est un échassier, appartenant au sous-ordre des hérodiens, comme le héron et la grue. Elle a un long bec pointu, le cou très allongé, les pattes très hautes, et aux pieds quatre doigts, dont trois réunis en avant par une membrane. Les ailes, sans être très grandes, donnent à l’oiseau le plus gracieux aspect quand il vole. Dans une de ses visions, Zacharie, v, 9, voit deux femmes qui volent, « avec des ailes comme celles de la cigogne. » Cet oiseau n’a point de cri ; mais il choque l’une contre l’autre les deux parties de son bec, et produit ainsi, surtout quand il est effrayé, un clapotement qui rappelle le bruit des castagnettes et s’entend fort loin. La cigogne vit de quinze à vingt ans ; elle habite au bord des rivières et des marais, et se nourrit de poissons, de reptiles et même de bêtes déjà mortes. Le nom hébreu de la cigogne signifie « la pieuse », par opposition avec l’autruche, que les Arabes appellent « l’oiseau impie ». Voir Autruche.