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CHUSAI — CHUTE DU PREMIER HOMME


II Reg., xv, 32, etc., l’Arachite, c’est-à-dire originaire ou habitant d’Arach (voir t. i, col. 869 et 932), Jos., xvi, 2, ami et conseiller de David. II Reg., xv, 37 ; xvi, 16 ;

I Par., xxvii, 33. Lorsque David dut prendre la fuite devant Absalom révolté, Chusaï s’empressa de venir offrir ses consolations et ses services au malheureux roi ; il le rencontra pendant qu’il gravissait la pente de la montagne des Oliviers. Chusaï devait être déjà avancé en âge, et par conséquent peu propre à faire la guerre, puisque David lui dit que sa présence serait pour lui un embarras plutôt qu’un secours, tandis qu’il pourrait servir très utilement sa cause en se rendant auprès d’Absalom. David venait, en effet, d’apprendre à l’instant même la défection de son conseiller Achitophel, devenu le conseiller du prince rebelle. II Reg., xv, 31. Il craignait beaucoup l’habileté d’Achitophel, mais il connaissait la sagesse de Chusaï, dont l’arrivée en ce moment semblait être la réponse de la Providence à une prière du roi fugitif, II Reg., xv, 31 ; il pensa que ce fidèle ami saurait trouver le moyen de déjouer les plans du traître, II Reg., xv, 31, et le succès prouva qu’il ne s’était pas trompé.

Chusaï arriva à Jérusalem dans le même temps qu’Absalom faisait son entrée dans la capitale à la tôle de ses partisans, ayant auprès de lui Achitophel. II Reg., xv, 37 ; xvii, 15. Il eut sans doute bientôt dissipé la déliance qu’Absalom sembla lui témoigner d’abord ; car le jeune prince invita sans retard Achitophel à conférer avec Chusaï sur ce qu’il y avait à faire. II Reg., xvii : 16-20. II paraît avoir joué un rôle tout à fait secondaire dans la première résolution qui fut prise, et en avoir laissé à Achitophel tout l’odieux comme toute la responsabilité.

II Reg., xvi, 21-23. Mais lorsque celui-ci, non content d’avoir réussi à faire outrager David, pressa Absalom de poursuivre son père sans perdre un moment, Chusaï, par un raisonnement captieux, persuada au prince rebelle de temporiser. II Reg., xvii, 1-14. Il donna aussitôt avis de ce qui avait été résolu aux grands prêtres Sadoc et Abiathar, pour qu’ils en transmissent la nouvelle à David par l’intermédiaire de leurs fils Achimaas et Jonathas, comme le roi l’avait lui-même réglé. II Reg., xv, 35-36. L’habile diplomatie de Chusaï sauva à son roi la couronne avec la vie. II Reg., xvii, 24 ; xviii, 1-17. Il n’est plus parlé de lui à partir de ce moment. Voir Absalom et Achitophel.

Chusaï est appelé plusieurs fois l’ami de David. Le titre d’  « ami du roi » paraît signifier le conseiller le plus intime, cf. III Reg., iv, 5. Voir Ami, t. i, col. 479-480. On trouve, en effet, I Par., xxvii, 33, dans l’énumération des officiers de David, le nom de Chusaï, « ami du roi, » immédiatement après celui d’Achitophel, « conseiller du roi, » ce qui suppose entre « conseiller » et « ami » une distinction emportant assurément, dans le cas présent, la supériorité du second titre sur le premier. Quoi qu’il en soit du caractère plus ou moins officiel des fonctions de Chusaï, il y eut entre lui et David des rapports de véritable amitié ; Absalom, qui les connaissait bien, appelle deux fois David l’ami de Chusaï. II Reg., xvi, 17. On voit toute la confiance que David avait pour Chusaï par le langage qu’il lui tint et par la mission qu’il lui confia, II Reg., xv, 33-36, de même que le dévouement de Chusaï paraît dans son empressement à s’acquitter de cette mission et dans son zèle à la remplir. Rien de plus touchant d’ailleurs que les marques qu’il donna de sa douleur en apprenant les malheurs de David : il vint aussitôt à sa rencontre, sur le mont des Oliviers, les habits déchirés et la tête couverte de terre en signe de deuil. II Reg., xv, 32. — On a fait à Chusaï, au sujet du rôle qu’il a joué auprès d’Absalom, le reproche d’avoir usé de fourberie envers ce jeune prince et d’avoir traîtreusement capté sa confiance pour le perdre. Ce reproche atteint aussi nécessairement David. Mais peut-on faire un crime à David de ce que l’on ne songe pas à blâmer chez les autres 7 Tout le monde admet qu’un prince ait

des émissaires dans le camp de l’ennemi ; or Absalom était plus qu’un ennemi : c’était un rebelle. Nous savons d’autre part que chez les Orientaux la ruse employée contre les ennemis était une arme dont tout le monde se servait sans scrupule. Voir Aod, t. i, col. 716. Absalom ne l’ignorait pas, et ses premières paroles à Chusaï, lorsque celui-ci vint le saluer roi, montrent, en effet, une certaine défiance. II Reg., xvi, 16-17. Absalom, d’ailleurs si coupable envers son père, ne devait donc s’en prendre qu’à lui-même d’oublier que David avait intérêt à le perdre et de donner si légèrement dans le piège en accordant une confiance aveugle à l’ami intime du roi. II Reg., xv, 17. Au demeurant, si la conduite de Chusaï et de David ne paraissait pas pleinement excusable, il ne faudrait pas perdre de vue qu’on n’est pas obligé de justifier dans toutes leurs œuvres les personnages même les plus saints de la Bible. E. Palis.

    1. CHUSAN RASATHAÏM##

CHUSAN RASATHAÏM (hébreu : Kûsan Ris’âtayîm ; Septante : XouoapffæatiV), roi de Mésopotamie (’Aram Nahârâyim) qui asservit les Hébreux pendant huit ans au commencement de la période des Juges. Jud., iii, 8-10. Son nom n’a pas été retrouvé dans les documents cunéiformes, et l’on ne peut faire jusqu’ici sur ce personnage que des hypothèses purement arbitraires. Voir Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iii, p. 96-97. Tout ce que nous savons sur lui, c’est ce que nous apprend l’auteur sacré. Après avoir payé tribut pendant huit ans, les Israélites, sous la conduite d’Othoniel, se soulevèrent et le battirent dans un combat qui les délivra du joug et leur assura la paix pendant quarante ans. Jud., iii, 10-11.

CHUSI. Hébreu : Kû’iî ; Septante : Xoudî. Nom, dans la Vulgate, de quatre personnages, et d’une localité dans les Septante.

1. CHUSI, personnage mentionné à l’occasion de la mort d’Absalom. Le mot KûSi est précédé de l’article, hakkûsî, II Reg., xviii, 21, 22, 23, 31, 32 : ce qui fait croire que nous avons là plutôt un nom de nation, le Couschite ou Éthiopien. Le contexte favorise ce sens : ce Couschite paraît être un serviteur ou esclave de Joab. Lorsque Achimaas s’offre pour courir annoncer à David la victoire sur ses ennemis et la mort de son fils Absalom, Joab le retient, de peur de l’exposer au ressentiment du roi, et dépêche aussitôt Chusi. Et celui-ci avant de partir se prosterne devant Joab. Il fut devancé dans son message par Achimaas, qui annonça à David la défaite des rebelles en lui cachant la mort de son fils. Cꝟ. 1. 1, col. 140. Mais Chusi, arrivant peu après, dévoila sans réticence la triste nouvelle, en souhaitant aux ennemis du roi le sort d’Absalom. E. Levesque.

2. CHUSI (hébreu : Kûs) est mentionné dans le titre du Psaume vii, 1 : « Psaume que David chanta à Jéhovah à l’occasion des paroles de Chus le Benjamite. » Ce Psaume date du temps de la persécution de Saùl ; et Chusi paraît être un de ces courtisans qui, jaloux de David, le calomniaient auprès du roi afin de le perdre. Cf. I Reg., xxiv, 10.

3. CHUSI, père de Sélémias et ancêtre de Judi ; ce dernier faisait partie de la cour du roi Joakim. Jcr., xxxvi, 14.

4. CHUSI, père du prophète Sophonie. Soph., i, i.

5. CHUSI, Judith, vii, 18 (texte grec). VoirCiius3.

CHUTE DU PREMIER HOMME. Voir Adam, t. i, col. 175-176 ; Eve ; Péché originel ; Serpent tentateur.