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CALEB

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Num., xxxii, 12 ; Jos., xiv, 6, 14, probablement parce que quelqu’un de ses ancêtres portait le nom de Cénez. On ne trouve pas toutefois ce nom de Cénez, non plus que celui de Jéphoné, dans les listes généalogiques de I Par., n ; mais il n’y a en cela rien d’étonnant, ces listes n’étant pas complètes. Certains interprètes, invoquant arbitrairement Gen., xxxvi, 11, 15, 20, et I Par., ii, 50, 52, et relevant en outre quelques expressions de Jos., xiv, 14 ; xv, 13, ont pensé que Caleb pourrait bien être un Iduméen, descendant de Cénez. Gen., xxxvi, 11, 15. A. C. Hervey, dans Smith’s Dictionary of the Bible, 1863, t. i, p. 242, rattache cette hypothèse à la théorie d’après laquelle on expliquerait par l’accession de familles étrangères le nombre prodigieux qu’avait atteint la population Israélite à l’époque de l’exode ; cf. de Broglie, Les nouveaux historiens d’Israël, Paris, 1889, p. 48, et A.-J. Delattre, Le sol en Egypte et en Palestine, dans les Éludes religieuses, novembre 1892, p. 399. Il faudrait ainsi compter Caleb et les autres descendants de l’Iduméen Cénez parmi ces étrangers incorporés à la nation choisie de Dieu. Quoi qu’il en soit en principe de cette théorie de l’agrégation des étrangers au peuple d’Israël, elle n’a pas d’application ici. On ne saurait alléguer aucune raison sérieuse pour prouver que Caleb n’était pas Israélite d’origine, tandis que, au contraire, d’importants détails de son histoire supposent en lui un descendant de Jacob, par exemple : son rang illustre dans la tribu de Juda, la première en Israël, cf. Gen., xlix, 8, 10 ; Num., ii, 3, 9 ; vii, 12 ; le choix qu’on fait de lui comme explorateur dans le pays de Chanaan ; son attitude énergique vis-à-vis de ses compagnons au retour de cette expédition, etc. Num., xiii, 3, 4, 7. Cf. Num., xxxiv, 17, 19.

C’est à l’occasion de cette mission dont il fit partie que l’Écriture nous parle pour la première fois de Caleb. Elle raconte comment, ayant d’entrer dans le pays de Chanaan, Moïse, se conformant en cela au désir du peuple, Deut., i, 22, en même temps qu’à l’ordre de Dieu, prit dans chaque tribu un espion ou plutôt un explorateur, choisi parmi les chefs. Num., xiii, 3, 4. Or Caleb fut l’élu de la tribu de Juda. Num., xiii, 7. Il fit voir au retour de l’expédition combien il était digne de la confiance que Moïse lui avait témoignée en le choisissant. En effet, lorsque, revenus à Cadèsbarné, où Israël était campé, les autres espions, sauf Josué, effrayèrent le peuple et « firent fondre son cœur », Jos., xiv, 8, en exagérant les difficultés de la conquête de Chanaan, Caleb essaya d’apaiser le murmure excité par ce rapport contre Moïse et d’encourager les Israélites. Num., xiii, 29-31. Ses premiers efforts étant restés infructueux, grâce à l’insistance de ses compagnons et à leurs nouvelles exagérations, qui provoquèrent un redoublement de murmures, Caleb en éprouva la plus profonde douleur, et, secondé par Josué, il adressa la parole à l’assemblée des enfants d’Israël. Il rétablit la vérité et leur montra l’excellence de la terre de Chanaan et la facilité qu’il y aurait à en faire la conquête. Mais les clameurs du peuple s’élevèrent contre lui, et on allait le lapider avec Josué, lorsque l’apparition « de la gloire de Dieu sur le tabernacle » vint les sauver. Num., xiii, 31-xiv, 1-10. Le Seigneur loua « son serviteur Caleb, qui était rempli d’un autre esprit [que le reste de la multitude ] », Num., xiv, 24, et le récompensa doublement de son courage et de sa fidélité. Cf. I Mach., ii, 56. D’abord il l’excepta, ainsi que Josué, de la terrible sentence portée contre le peuple, en punition de sa révolte, et en vertu de laquelle tout Israélite âgé de plus de vingt ans au dernier recensement fut condamné à ne pas entrer dans la Terre Promise. Num., xiv, 22-24, 29-30, 38. Dieu promit en second lieu à Caleb une portion de choix dans la terre de Chanaan, pour lui et pour sa postérité. Cette part, promise d’une manière générale, Num., xiv, 24, et Jos., xiv, 9, est clairement indiquée, Jos., xiv, 12-14 ; xv, 13-15 ; c’étaient les districts d’Hébron et de Dabir, au sud de la Palestine, région qui portait encore plusieurs siècles

plus tard le nom de Caleb. I Reg., xxx, 14. Hébron désigne ici le territoire et non la ville même ; celle-ci fut donnée aux enfants d’Aaron comme ville sacerdotale et cité de refuge. Jos., xxi, 13 ; I Par., vi, 55-56.

On pourrait, non sans raison, cf. Jos., xiv, 10-11, voir une troisième récompense accordée par Dieu à Caleb dans la vigueur juvénile qu’il lui conserva jusque dans une vieillesse assez avancée. Non seulement Caleb avait survécu aux Israélites qui étaient morts avant d’entrer dans la Terre Promise, mais il avait encore conservé toutes les forces de l’âge mûr. Aussi parle-t-il avec un sentiment de reconnaissance mêlé de fierté de ses quatrevingt-cinq ans, qui lui permettent de combattre aussi vigoureusement qu’il le faisait à quarante ans. Jos., xiv, 10-11 ; Eccli., xlvi, 11. Confiant dans cette vaillance et surtout dans la promesse de Dieu, Jos., xiv, 12, il demanda à Josué et obtint d’aller combattre les habitants de la région qui lui était dévolue. Jos., xiv, 6-15. Il prit Hébron et « extermina de cette ville les trois fils d’Énac, Sésaï, Ahiman et Tholmaï, de la race d’Énac ». Jos., xv, 14. La prise de Dabir, qu’il attaqua ensuite, offrit sans doute des difficultés particulières, puisqu’il crut devoir promettre la main de sa fille Axa à celui qui s’emparerait de cette ville. Cf. I Reg., xvo, 25, et I Par., xi, 6. Elle fut prise par Othoniel, frère de Caleb, d’après la Vulgate ; ou son neveu, d’après les Septante, Jud., i, 13 ; m, 9 ; ou son parent à quelque autre degré, comme le pensent certains interprètes. Othoniel devint ainsi le gendre de Caleb. L’histoire de Caleb se termine par le récit gracieux du don qu’il fit à Axa d’une terre fertile demandée par celle-ci comme complément de sa dot. Jos., xv, 18-19.

L’Écriture nous a laissé peu de détails sur Caleb ; néanmoins il est resté dans l’histoire sainte comme l’une des grandes figures des temps primitifs d’Israël. Il fut avant tout un homme de foi, plein de confiance dans l’appui et les promesses du Seigneur ; si ardent fut son zèle pour la gloire de Dieu, qu’il déchira ses vêtements en voyant son peuple refuser de suivre les glorieuses destinées auxquelles l’appelait la Providence. Num., xiv, 6. Sincère et loyal, son amour de la vérité lui fit tenir tète, au péril de sa vie, à tout un peuple révolté, et il prouva dans cette circonstance que le courage civique allait de pair chez lui avec le courage militaire. Enfin le dernier trait que la Bible rapporte de Caleb et que nous venons de rappeler complète sa physionomie en nous faisant voir en lui, à côté du patriote et du guerrier, un père tendre et débonnaire. Jos., xv, 18-19. "Voir Axa. E. Palis.

2. CALEB, fils d’Hesron, descendant de Juda et probablement ancêtre du précédent (Caleb 1). I Par., ii, 9, 18, 42, 48, 50. Il est appelé aussi Calubi (hébreu r Kelûbâï). I Par., ii, 9. Il épousa d’abord Azuba, dont il eut Jérioth. I Par., ii, 18. Après la mort d’Azuba, il prit pour femme Éphrata, dont il eut un fils, Hur. I Par., n, 19. Ce chapitre des Paralipomènes donne en outre sa postérité par Mésa, ꝟ. 42 ; puis par deux femmes de second rang, Épha, ꝟ. 46-47, et Maacha, y. 48-49, et sa descendance par Hur, le premier-né d’Éphrata. y. 50. Dans ce dernier verset, le texte hébreu est incorrect : « Voici les fils de Caleb, le fils de Hur, premier-né d’Éphrata… » Caleb n’est pas le fils de Hur, mais bien son père. I Par., ii, 19. On a voulu distinguer, mais sans raison suffisante, un autre Caleb, fils de Hur, et par conséquent petitfils du Caleb époux d’Éphrata. On a proposé aussi de lire sans tenir compte de la ponctuation : « Voici les fils de Caleb : le fils de Hur, premier-né d’Éphrata, [sous-entendu : était] Sobal. » Mais il est plus simple, en s’appuyant sur les Septante et la Vulgate, de voir une faute de copiste dans le texte hébreu, et de lire > : r, benê Hûr, au lieu de p, bén Ifûr. On aurait alors : « Voici les fils de Caleb : les fils de Hur, pre-