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CHRÉTIEN — CHRONOLOGIE RIRLIQUE


de Jésus-Christ et tiré du titre même de leur Maître, XpisTÔ : . On le trouve trois fois dans le Nouveau Testament. Âct., xr, 26 ; xxvi, 28 ; I Petr., iv, 16. Voir Christ. Tout d’abord les fidèles s’appelaient entre eux « choisis, élus », IxisxToi, Rom., viii, 33 ; xvi, 13 ; Colos., iii, 12 ; « disciples, » (laèirjTif, Act., ix, 26 ; xi, 29 ; « frères, » àSe ; .90Î, Act., 11, 29, 37 ; iii, 17 ; vi, 3 ; vii, 2 ; « saints, » i.i'.o : , Rom., viii, 27 ; XV, 25 ; « croyants, » Ttiff-cs-jovrs ; , Act., v, 14. Ce fut à Antioche, durant la prédication de saint Paul et de saint Barnabe, vers l’an 43, que pour la première fois ils furent désignés parle nom de « chrétiens ». Act., xi, 26. D’après Suidas, édit. Gaisford, 1. 11, col. 3930, et Malalas, Chronograph., x, t. xcvii, col. 378, ce nom leur aurait été imposé par leur premier évêque, Évodius, successeur de saint Pierre à Antioche. C’est là une supposition gratuite. Il est plus probable qu’il leur fut donné par les gentils qui habitaient Antioche et qui, selon l’usage reçu d’appeler les sectateurs du nom de l’auteur de la secte, prenant XptsTÔç pour un nom propre et non pour un titre, appelèrent ses disciples chrétiens, comme on appelait les partisans de César, de Pompée, d’Octave ou d’Hérode, Csesariani, Pompeiani, Octaviani, Herod’uxiii. Matin., xxil, 16 ; Marc, iii, 6 ; xii, 13. Il est à remarquer que le mot -/piuTiavôç, quoique grec, a une terminaison latine, comme ceux que nous venons de citer. Les Juifs d’Antioche, qui attendaient encore la venue du Messie ou Christ promis, auraient cru profaner ce nom sacré en l’appliquant aux disciples de celui qu’ils avaient crucifié. Ils les appelaient plutôt avec mépris « Nazaréens ». Act., xxiv, 5.

Le nom de « chrétien » n’est donc pas en lui-même un terme de mépris, quoique les habitants d’Antioche, célèbres par leur causticité, Ammien Marcellin, xxi, 14 ; Philostrate, Vita Apollon., iii, 10 ; Lucien, De Saltat., 26, aimassent à donner des surnoms et des sobriquets, Procope, De Bell, pers., ii, 8, édit. de Bonn, p. 105, et quoiqu’il ait pu être employé plus tard avec une signification d jrisoire. Cf. Tacite, Annal., xv, 44. Hérode Agrippa, qui l’emploie en plaisantant, Act., xxvi, 28, ne paraît pas y atlacher dans cette circonstance un sens injurieux. Cependant saint Pierre suppose qu’il servait aux persécuteurs de titre d’accusation, puisqu’il exhorte les fidèles à se glorifier d’avoir à souffrir à cause de lui. I Petr., iv, 16.

Ce fut seulement au 11e siècle que l’usage en devint général et que les fidèles l’adoptèrent comme leur nom authentique, au point de vue religieux. Mais le seul fait de l’imposition de ce nom aux chrétiens d’Antioche a une très glande importance, car il établit que dès lors les chrétiens, jusque-là confondus avec les sectes juives par les païens de Syrie, commencèrent à être distingués comme formant une communauté religieuse à part.

Le nom de -/pisnavi ; , christianus, fut plus tard défiguré par le langage populaire et devint -/p^onavôç, chrestianus, d’où vient que Suétone, Nero, 16 ; Claud., 25, appelle le chef des chrétiens Chrestus. De cette altération s’est formé notre vieux français chrestiens. — Par erreur ou piété, les fidèles, certains Pères eux-mêmes, aimaient à faire dériver le mot chrestianus du grec Xpiorô ; , « bon, excellent, » qui leur rappelait les vertus, surtout la suavité et la douceur, dont leur cœur devait être rempli. Tertullien, Apolog., 3 1., 1, col. 281 ; S. Justin, Apolog., 1, 4, t. vi, col. 333 ; Clément d’Alexandrie, Strom., 11, 4, t. viii, col. 919. P. Renard.

    1. CHRIST##

CHRIST (Xpi<ru6 ; ), traduction grecque du mot hébreu mâSiah, qui signifie « oint » d’huile. — 1° Il est appliqué particulièrement à Notre -Seigneur, 6 Xpis-cô ; , Matth., 11, 4, etc., le Messie ou Christ par excellence. Joa., 1, 41 ; Matth., 1, 16. Xpuruô ; vient de -/pûa, « oindre » avec la main, comme mâsîah vient de mâsah, « oindre » avec de l’huile ou avec un parfum. Les premiers chrétiens convertis de la gentilité parlaient grec, et à l’exemple des Apôtres ils appelaient souvent simplement le Sau veur 6 Xpi<ru6 ;  ; ce mot passa par leur intermédiaire dans la langue latine sous la forme Christus, « Christ. » Voir Messie et Jésus-Christ. — 2° Dans la Vulgate, le mot christus se dit quelquefois de celui qui a été « oint » par une consécration religieuse, et par extension de celui qui est envoyé de Dieu, comme le mot mâSiah hébreu qu’il traduit. — Dans l’Ancien Testament, mdHah signifiait seulement, au sens propre, celui qui avait reçu l’onction d’huile, cf. II Sam., 1, 21, tel que le prêtre, qui est appelé Lev., iv, 3, 5, 16 ; vi, 15 (Septante, 22), hak-kôhën hammâsiah, Septante : o îeptù ; à xP'<rrô ;  ; cf. II Mach., 1, 10, ot ^pis-rai îspEÏç ; tel aussi que le roi, I Sam., xxiv, 7, etc., qui avait été sacré par l’effusion de l’huile sainte ; ce sont surtout les rois qui sont ainsi qualifiés dans les livres historiques. — Par extension, Cyrus, choisi de Dieu pour délivrer son peuple de la captivité, est appelé 1' « oint » de Jéhovah (Vulgate : christus meus Cyrus). — Les patriarches hébreux sont appelés « oints » (Vulgate : christos meos) dans le Psaume cv, 15 (répété I Par., xvi, 22). — Ce titre est donné par excellence au Rédempteur futur. Ps. 11, 2 ; Dan., ix, 25, 26. Depuis l'époque de Daniel, les Juifs prirent l’habitude de l’appeler le Messie, et c’est d’eux que nous est venu le nom de Messie, comme celui de Christ nous est venu par les Grecs. Joa., 1, 41.

F. Vigouroux. CHRISTOPHE SILVESTRANO BRENZONI, carme, docteur en théologie, professeur à Venise, à Florence et à Pise, et prédicateur de talent, né à Vérone et mort à Pise, le 20 mai 1608. On a de lui : In psalmum cxxxvi Super ltumina Babylonis commentaria, in-8°, Vérone, 1593 ; en français, in-8°, Paris, 1698 ; In Cantica canticorum commentaria ; In D. Lucam comnientaria, Vérone, 1595 ; In canticum Magnificat lectionès, en italien, in-4°, Vérone, 1593 ; In Epislolas D. Pauli lectionès, en italien, in-8°, Vérone, 1591. F. Benoit.

    1. CHROMACE##

CHROMACE (Saint), évéque d’Aquilée, vers l’an 388, mort vers 406, prit une part active à toutes les discussions théologiques de son époque. Il fut un de ceux qui encouragèrent saint Jérôme à entreprendre sa traduction de l’Ancien Testament, et ce saint docteur lui dédia son commentaire sur le prophète Habacuc. D’un commentaire de saint Chromace sur saint Matthieu, il ne nous reste que quelques fragments, qui se trouvent avec les autres œuvres de ce saint évêque au t. xx, col. 217-436, de la Patrologie latine de Migne. B. IIeurtebize.

CHRONIQUES. Nom qu’on donne, en traduisant par ce mot le titre hébreu, dibrê hay-yâmîm, aux deux livres appelés dans la Vulgate, à la suite des Septante, Paralipomènes. Voir Paralipomènes.

CHRONOLOGIE BIBLIQUE. — On ne trouve pas dans la Bible une chronologie toute faite, ni une ère ou époque fixe à laquelle commence la numération des années, et dans ce sens on peut dire, en répétant la parole qu’on attribue à Silvestre de Sacy : « Il n’y a point de chronologie biblique. » Mais il y a dans l'Écriture des chiffres, des dates, des données chronologiques qui peuvent servir à former un système de chronologie biblique. Il en est de même des monuments égyptiens, qui indiquent seulement les années de règne à l’aide desquelles les chronologistes calculent les temps de l’histoire de l’Egypte. Nous avons donc autant le droit de parler de chronologie biblique que de chronologie égyptienne.

Mais la Bible ne contient pas une histoire ordinaire ; elle est l'œuvre de Dieu ; elle a été écrite sous l’inspiration du Saint-Esprit. Il y a donc lieu de se demander si la chronologie biblique est inspirée et si elle fait partie de la révélation divine. Assurément, les écrivains sacrés ont écrit, sous l’action divine, des dates et fourni des données chronologiques qui étaient inspirées par Dieu et par conséquent exactes. Ces renseignements, qui fai-