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CHODCHOD — CHŒROGRYLLE


est dit par le prophète, Ezech., xxvii, 16, qu’Aram, c’est-à-dire le Syrien, apportait ces pierres précieuses sur le marché de Tyr. Par Aram on peut très bien entendre la Syrie mésopotamienne. E. Levesque.

    1. CHODORLAHOMOR##

CHODORLAHOMOR (hébreu : Kedorlâ’ômér ; Septante : XoSoMoyoïiép), roi des Élamites. Gen., xiv. Les inscriptions assyriennes nous font connaître l’existence d’une dynastie élamite de Koudourides, ainsi nommés à cause du premier élément, Kutir ou Kudur ( forme babylonienne), du nom royal de plusieurs de ces souverains élamites ; ils

nous apprennent aussi que

l’Asie occidentale, y com pris le pays de Chanaan,

fut conquise par ces princes.

— Assurbanipal, roi de Ni nive, se vante d’avoir re trouvé et réintégré dans

son temple, vers l’an 650,

où il conquit l’Elam et pilla

Suse, sa capitale, la statue

de la déesse Nanâ, empor tée du pays d’Akkad mille

six cent trentecinq ans

auparavant, par Kudur-nan hundi l’Élamite, « qui, con fiant dans sa propre force,

avait étendu la main sur

tous les temples » de la

Chaldée. L’invasion de la

Babylonie par Kudur-Nan (mndi eut donc lieu vers

l’an 2285. Ce ne fut pas une

occupation passagère. Car

plus tard KudurMabug,

roi d’Élam, fils de l’Élamite

Simti-Silhak, prend dans

ses inscriptions le titre de

AD-DA MAR-TU, c’est-à dire « prince ( ou conqué rant) du pays d’Occident »,

terme par lequel on dési gnait la Syrie et le pays de

Chanaan, ce roi élamite a

même laissé quelques monu ments en Chaldée (fig. 273) ; ensuite son fils (É)-rim-Aku, roi de Larsa, qui est sans doute l’Arioch de la Genèse (voir Arioch), a restauré un bon nombre de temples chaldéens, et cela, dit-il dans les inscriptions dédicatoires, « pour sa vie à lui, Éri-Aku, roi de Larsa, et pour la vie de Kudur-Mabug, prince d’Élam, » namtvmusu u namti Kudurniabug ddda Imutbala. — Chodorlahomor est peut-être Kudur -Mabug, roi d’Élam et suzerain de la dynastie élamite de la basse Chaldée, comme la Bible nous le représente. Gen., xiv, 4, 5, 17. Le premier élément de son nom, Kudur, se retrouve dans d’autres noms royaux d’Élam ; l’autre élément est le nom d’une divinité de ce pays, Lagamar, invoquée dans une inscription du roi Kudur-Nanhunti II, et dont la statue fut pillée par Assurbanipal dans la conquête de l’Élam ci-dessus rappelée : ce Lagamar est devenu La’omer dans la ponctuation massorétique, et Aoyoy.6p dans les Septante.

La Genèse ne nous donne qu’un épisode de la domination élamite ; elle nous représente les populations palestiniennes comme ayant supporté patiemment le joug étranger jusqu’à la treizième année de Chodorlahomor. Gen., xiv, 1-3. Une révolte, qui eut lieu la treizième année de son règne, lui fit traverser le Tigre et l’Euphrate, et paraître en Palestine la quatorzième année, avec ses trois vassaux, Arioch de Larsa, Amraphel de Sennaar et Thadal de Guti (Vulgate : rex gentium). Il suivit la route du haut Euphrate à cause du désert qui

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273. — Statuette canéphore

en bronze, portant une dédicace

de Kudur-Mabug à la déesse

ÏTana. Musée du Louvre.

sépare la Mésopotamie de la Palestine, et arriva par le nord, comme plus tard le firent encore les Assyriens et les Babyloniens. Il descendit à l’est du Jourdain, battant d’abord les Raphaïm à Astaroth - Carnaïm, à la hauteur du lac de Génésareth, les Zuzim à Ham (ou bien « avec ceux-là, » comme traduisent les Septante, le syriaque et la Vulgate, suivant une leçon hébraïque légèrement différente de la nôtre, bahém pour behâm), les Émirh à Savé-Cariathaïm, à la hauteur de la mer Morte. Les rois de la Pentapole (Sodome, Gomorrhe, Adamâ, Seboïm et Bala-Ségor) les laissèrent passer jusqu’au sud de la Palestine, où ils battirent successivement dans le désert les Horréens et les Amalécites, puis remontèrent sur la rive occidentale du Jourdain, et battirent les Amorrhéens à. Asasonthamar-Engaddi, à la hauteur de la mer Morte. C’est alors que les cinq rois les attaquèrent dans la vallée de Siddim (Vulgate, Sylvestris), pleine de puits de bitume, et dont il reste encore une portion au sud de la mer Morte. Le roi d’Élam fut vainqueur, et les révoltés, ayant perdu deux de leurs chefs, se dispersèrent et se réfugièrent sur les hauteurs, ce qui permit à Chodorlahomor de piller le pays. Chargés de butin et d’esclaves,

— y compris la famille de Lot, — ils reprirent la route du nord en longeant le Jourdain. Arrivés à Dan, au nord de la Palestine, aux sources du Jourdain, ils furent pris à l’improviste et nuitamment par la troupe d’Abraham et celle de ses alliés, les tribus chananéennes d’Aner, Escol et Mambré : n’étant plus sur leurs gardes, ils furent facilement défaits, leur campement fut pillé tandis qu’ils prenaient la fuite, abandonnant butin et esclaves, dans la direction du gué de l’Euphrate. Abraham les poursuivit et les harcela jusqu’à Soba, à gauche, c’est-à-dire au nord de Damas. C’est en cet état que Chodorlahomor et ses alliés traversèrent la haute Mésopotamie, la Babylonie, pour rentrer en Chaldée et en Ëlam. Voir Amraphel, Arioch et Thadal. — Voir J. Oppert, Ueber Kedorlaomer, dans les Theologische Studien und Kritiken, 1871, p. 509-512 ; F. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. i, p. 481-504 ; Schrader-Whitehouse, The cuneiform Inscriptions and the Old Testament, 1885, t. i, p. 121-123 ; Lenormant-Babelon, Histoire ancienne de l’Orient, t. iv, p. 91-97 ; et pour les textes allégués, Menant, Annales des rois d’Assyrie, p. 269 ; Babylone et la Chaldée, p. 53-56 et 108-110 ; Schrader, Keilinschriftliche Bibliothek, t. iii, part. i, p. 92-99 ; p. 110, inscr. c ; p. 126, inscr. I ; G. Smith, Records of the Past, l re série, Early history of Babylonia, t. iii, p. 19 ; v, p. 64-75 ; t. i, p. 90 ; History of Assurbanipal, 1871, p. 250-251 ; The cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. i, pi. v, n. 16 ; n. 3 ; pi. IV, n. 15 ; t. iv, pi. 36 et b7 t n. 21 ; t. iii, ꝟ. 23, 1. 8 ; pi. 35, n. 1, reverse, 1. 8.

E. Pannier.

CHŒNIX, mesure grecque de capacité pour les solides, x » ™ ?> l a seule mesure étrangère nommée dans le Nouveau Testament : « Un chœnix de blé se vend un denier, » dit saint Jean dans l’Apocalypse, VI, 6. La Vulgate traduit chœnix par bilibris, « deux livres. » Sa contenance était de 1 litre 079, la 48e partie du médimne attique. On considérait le chœnix comme équivalant à la quantité de nourriture quotidienne nécessaire à un homme sobre. Athénée, Deipnosoph., iii, 54 ; Hérodote, vii, 187. Saint Jean, en disant qu’un chœnix de blé se vend un denier, marque par là une grande disette ; car un denier était le prix ordinaire du boisseau de blé, c’est-à-dire de 8 litres 631 (voir Boisseau). Cicéron, Verr., iii, 81. Le denier était en même temps le salaire d’une journée d’ouvrier, Matth., xx, 2, de sorte qu’un chœnix de blé absorbait tout le gain d’une journée de travail.

F. Vigouroux.

CHŒROGRYLLE (hébreu : sâfân, du radical Sâfan, « cacher ; » Septante : x « P°ïP’jM » > ; , « porc-épic ; » Vulgate : Lev., xi, 5 ; Deut, xiv, 7 : chœrogryllus ; Ps.ciii, 18 : herinacius, « hérisson ; » Prov., xxx, 26 : lepusculus,