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CHlHÔR — CHINOISES (VERSIONS) DE LA BIBLE

704 « le Chihor d’Egypte, » pour marquer la frontière méridionale de la Palestine. La Vulgate traduit, Jos., xiii, 3, par fluvio turbido gui irrigat JEgyptum, « le fleuve aux eaux troubles qui arrose l’Egypte, » et I Par., xiii, 5, par Sihor. D’après la version du premier passage, saint Jérôme a cru qu’il s’agissait du Nil, et plusieurs interprètes sont de cet avis, par exemple, Gesenius, Thésaurus, p. 1393. Cependant, comme le Nil n’est pas « devant l’Egypte », mais au milieu même de l’Egypte, et que ce fleuve n’était pas la limite de la Palestine, d’autres commentateurs croient avec plus de vraisemblance que Chihor signifie dans Josué et les Paralipomènes « le torrent d’Egypte », l’ancien Rhinocolure, aujourd’hui ouadi el-Arisch, appelé ordinairement dans l’Écriture nahal Misravni, « ruisseau ou torrent d’Egypte, s et fixant l’extrême frontière méridionale de la Terre Promise, Num., xxxiv, 5 ; Jos., xv, 47 ; III Reg., viii, 65, etc. Voir Sihor 2 et Torrent d’Egypte.

3° Un autre Chihor est nommé Jos., xix, 26, et il est distingué du Chihor d’Egypte par l’addition du nom de Libenath ou Libnah. La Vulgate l’a transcrit sous la forme Sihor et l’a séparé de Libnah, prenant ces deux mots pour les noms de deux villes, Sihor et Lebanath. Le Chihor Lebanatli est d’après les uns le Bélus, aujourd’hui Nahr Naaman, du sable duquel les Phéniciens fabriquèrent d’abord le verre ; d’après d’autres, un cours d’eau au sud du Carmel, peut-être le Nahr Zerka. Voir

ISlHOR 1. F. VlGOUROUX.

    1. CHINOISES##

CHINOISES (VERSIONS) DE LA BIBLE. —

|1° Versions catholiques. — Il n’existe aucune édition icomplète de la Bible en chinois, faite par les catholiques.’On dit qu’il aurait été fait une version des Écritures à une époque très reculée. Une inscription trouvée sur un monument de la province de Shen-si, en 1625, relaterait qu’un missionnaire chrétien du nom d’Olopen, arrivé en Chine en 637 après J.-C, aurait obtenu de l’empereur de faire traduire les Livres Saints. À supposer que le fait fut vrai, on ne sait si la chose fut exécutée ; toujours est-il qu’il ne reste pas trace de cette version. Pour l’Ancien Testament, il n’existe qu’une version du décalogue mosaïque, dont l’auteur est le P. Fr. Brancato, sicilien, mort exilé à Quang-heu, en 1671. Le P. Emmanuel Diaz, portugais, mort en 1659, composa aussi une traduction semblable des dix commandements. Catalogus codicum manuscriptorum Bibliothecx regiee, in-f°, Paris, 1739, t. i, p. 389, n™ xxxvi et xxxvii. Pour le Nouveau Testament, les essais ont été plus nombreux et plus Complets. En 1548, à (ioa, un chrétien japonais, Anger, appelé ensuite Paul de la Sainte -Foi, traduisit l’Évangile de saint Matthieu en entier sur le texte de la Vulgate. — On trouve aussi des extraits de l’Évangile traduits en chinois dans un ouvrage intitulé Mémoires et notice du Seigneur, en douze fascicules, dont quatre (5 à 8) sont à la Bibliothèque Nationale. Ce livre est différent d’un ouvrage représentant en figures Les actions et les miracles du Christ avec une courte explication, composé par les missionnaires jésuites. En 1740, le P. de Mailla, S. J., publia le Ching kïng kouang i, ou selon la transcription adoptée par la librairie des Missions, Chèn kïn kouàng ï, « Explication des évangiles des dimanches et des principales fêtes de l’année ; » il est encore en usage.

— Le British Muséum possède un manuscrit contenant la vie de Notre -Seigneur tirée des Évangiles, suivie des Actes des Apôtres et des Épitres de saint Paul (sauf celle aux Hébreux, dont il n’y a que le premier chapitre, interrompue peut-être par la mort du traducteur). C’est l’œuvre d’un missionnaire catholique ou d’un Chinois converti. M. Hodgson avait fait faire cette copie sur l’original, à Canton, en 1737-1738, et l’offrit, en 1739, à sir Hans Sloane, qui le donna au British Muséum. C’est un manuscrit in-f° de 375 feuilles (750 pages notées en chiffres arabes), d’une très belle exécution. Les 107 pre mières feuilles sont en papier européen épais, le reste est en papier de Chine très fin et, selon l’usage, plié en deux. On signale un Nouveau Testament traduit par J. Basset, en 7 vol. in-8°, à la bibliothèque de la congrégation de la Propagande, d’après le catalogue des livres de cette congrégation par Andréas Candela. En 1867 parut un Nouveau Testament intitulé : Ngotang kiu sche tchu Yesu sin wei tchao chu. Nostri Salvatoris Domini Jesu Novi Testamenti liber, 4 in-8° ; et, en 1871, un Évangile selon saint Luc, texte chinois avec traduction interlinéaire, par Hamelin, in-8°, Rennes. Dernièrement, en 1892, la librairie de Nazareth, que les Missions étrangères possèdent à Hong-Kong, a édité Se chè chén Kïn i tchoû (Ssé szë ching Kïng ï tchû), Traduction des quatre Évangiles avec des notes par J. Dejean, missionnaire apostolique du Kouang-tong. La même librairie a publié également un abrégé d’histoire sainte. Cf. Ch. Th. de Murr, Diatribe de sinicis SS. Bibliorum versionibus, publié à la suite de Ign. Kœgler, Notitise SS. Bibliorum judxorum in imperio sinensi, in-8°, 2e édit, Halle, 1805. 2° Versions protestantes. — En 1806-1807, David Brown, prévôt du collège de Fort -William, fit traduire saint Matthieu par un chrétien arménien né en Chine, Jean Lassar : on l’imprima à la façon chinoise, c’est-à-dire avec planches de bois sur papier plié double. J. Marshman, orientaliste et fondateur de l’établissement des missionnaires baptistes à Serampore, mort à Canton en 1834, continua l’œuvre, aidé du même J. Lassar. En 1811, il publia saint Marc, imprimé d’abord à la façon chinoise, avec planches en bois, sur 56 feuilles ou doubles pages format in-8° ; puis avec les types de métal fondus pour l’imprimerie de la mission à Serampore. Abel Rémusat en a fait la critique sévère, mais juste : Notice d’une version chinoise de l’Évangile de saint Marc, publiée par les missionnaires anglais du Bengale, dans le Moniteur universel du 9 novembre 1812. Les autres livres du Nouveau Testament parurent successivement, de 1813 à 1822. La traduction complète de l’Ancien et du Nouveau Testament fut achevée en 1822 : Bible in Chinese translated by J. Lassar and J. Marshman, 5 part. in-8°, Serampore, 1815-1822. — Une autre version fut faite par le D r Morrison ; il’s’aida pour le Nouveau Testament du manuscrit d’Hodgson, conservé au British Muséum, et donna deux éditions du Nouveau Testament : une petite in-12, et une autre in-4°, en caractères cursifs assez élégants. Il termina en 1823, avec l’aide de Milne, la traduction de l’Ancien Testament. La Bible entière, imprimée au collège anglo - chinois de Malacca, en 1823, parut sous le titre Les Livres Saints du ciel spirituel, traduction de la Bible en chinois par Morrison et Milne, 21 cahiers in-12, sur papier de Chine ; une nouvelle édition fut donnée en 1834. La version de Serampore est la plus littérale ; celle de Canton plus conforme au goût des Chinois : l’une et l’autre sans notes ni explication historique ou géographique. — Ces versions sont défectueuses. Aussi les missionnaires protestants réunis à Hong-Kong, en 1843, émirent-ils le vœu d’une nouvelle traduction. Ils choisirent un certain nombre d’entre eux, qu’ils déléguèrent à cet effet. L’œuvre fut commencée en 1847 ; le Nouveau Testament était traduit en 1850, et l’Ancien Testament en 1855 : Bible in Chinese, 4 in-8°, Shanghaï et Hong-Kong, 1855, édition tirée à cinquante mille exemplaires. C’est la version adoptée maintenant dans les missions protestantes. Une belle édition de la Bible entière, Ku sin yo ching chu, Veteris Novi Testamenti sanctus liber, fut publiée à Shanghaï, 5 in-8°, 1873, sur papier blanc. Un Nouveau Testament, Sin yo tsiuen chu, Livre complet du Nouveau Testament, a également été édité in-18 carré, sans date. — Enfin, en 1875, parut à Pékin : Old Testament in the Mandarin colloquial, in-8°, traduit par Schereschevvsky. Toutes ces versions sont imparfaites : c’est un chinois européanisé, en général peu correct.