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CHEVRE

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primitif que ne le font les autres animaux du même pays. La principale variété est celle de la Capra membrica, reconnaissable à ses fortes cornes, à sa taille plus grande que celle de nos chèvres, et surtout à ses oreilles pendantes qui ont un pied de longueur. Amos, iii, 12, fait allusion à ces oreilles énormes quand il dit que « le pâtre arrache à la gueule du lion deux cuisses et le bout d’une oreille ». Il fallait que cette oreille fût longue pour qu’on put en saisir une partie entre les dents du lion. Les chèvres de Palestine ont presque toujours le poil noir. Dans le Cantique, iv, 1 ; vi, 4, les cheveux de l’épouse sont comparés aux troupeaux de chèvres qui couronnent le sommet de Galaad. Ces noirs troupeaux pouvaient ressembler à une sorte de chevelure posée sur le

tiens, le laboureur était suivi du semeur, puis d’un troupeau de chèvres ou de moutons qui piétinaient la semence pour l’enterrer. Les chevriers faisaient avancer les animaux en chantant quelque refrain, comme le montre une scèn.e empruntée au tombeau de Tl (fig. 263). Les Hébreux réunissaient ensemble les chèvres et les brebis, mais seulement pour les garder ou les mener paître. Un bas-relief assyrien (fig. 264) représente des chèvres et des brebis ainsi conduites. La nuit, on les enfermait dans les mêmes bercails ou les mêmes cavernes, pour les soustraire aux attaques des carnassiers. Voir Brebis, t. i, col. 1915. — Pour les conduire aux pâturages, les bergers d’autrefois procédaient comme font ceux d’aujourd’hui. Le berger du troupeau mêlé de brebis et

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263. — Troupeau de chèvres piétinant un champ ensemencé. Tombeau de Ti, à Saqqara. D’après une photographie.

sommet calcaire de la montagne. — Dans le voisinage de l’Hermon se rencontre une autre variété, la Capra angorensis, aux oreilles et aux cornes plus courtes, au poil plus long et plus soyeux, mais aux formes plus massives. Sa couleur prédominante est également le noir. La variété appelée Capra sinaitica par les naturalistes, la même que la Capra beden des Arabes, ne vit que dans les districts les plus sauvages. CJn la rencontre encore aujourd’hui dans les ravins de Moab et dans le désert de Juda, près de la mer Morte. Tristram, Fauna and Flora of Palestine, Londres, 1884, p. 6. La chèvre vit de préférence dans les contrées montagneuses et rocheuses, où elle trouve sa nourriture sur les buissons. Elle broute les jeunes rejetons et les feuilles de thym et de petits arbrisseaux. Elle est ainsi cause que certaines régions désertes de Palestine ne peuvent se reboiser, et même que plusieurs espèces végétales, qui couvraient autrefois les hauteurs, ont totalement disparu entre le Jourdain et la Méditerranée. De nombreux troupeaux de chèvres trouvent à vivre dans les maigres herbages du désert du sud. Les arides plateaux de l’Arabie ne leur conviennent pas ; aussi ne sont-elles pas mentionnées parmi les troupeaux de Job. Elles laissent aux moutons les succulents pâturages des plaines maritimes. Les hauteurs qui occupent toute la Palestine, d’Hébron au Liban, sont leur séjour préféré, et dès les premiers temps on les y a élevées en grand nombre.

3° Les anciens troupeaux de chèvres. — La Sainte Écriture mentionne les troupeaux de chèvres de Laban, Gen., xxx, 32 ; xxxi, 38, ceux de Jacob, qui envoie deux cents chèvres en présent à son frère, Gen., xxxii, 14, les mille chèvres du troupeau de Nabal, au Carmel, I Reg., xxv, 2, les chèvres des habitants de Béthulie, Judith, m, 3, etc. Les riches propriétaires n’étaient d’ailleurs pas seuls à posséder des chèvres. Comme cet animal trouve aisément sa nourriture, les plus pauvres familles pouvaient en avoir au moins une, ou parfois plusieurs composant un petit troupeau. En face de la nombreuse armée des Syriens qui envahit le pays sous le règne d’Achab, les Israélites paraissaient être comme « deux petits troupeaux de chèvres ». III Reg., xx, 27. — Chez les Égyp de chèvres marche toujours le premier. Les brebis suivent docilement, les unes après les autres, par les chemins les plus aisés. On voit, au contraire, les chèvres gambader en désordre, sauter de roc en roc, grimper par les passages les plus abrupts et donner libre carrière à leur humeur vagabonde. S’agit-il de pénétrer dans le bercail ou dans la caverne qui sert de refuge pour la nuit ? Boucs et chèvres se précipitent de tous les rochers et au

264. — Troupeau de chèvres et de brebis en Assyrie. D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. i, pL 58.

besoin bondissent par-dessus le dos des brebis. Pourqufc chaque troupeau occupe en paix la place qui lui revient dans le bercail, le berger est obligé de faire passer les brebis d’un côté et les chèvres de l’autre, en se mettant lui-même entre les deux auprès de la porte. C’est cette manière de faire qui a donné lieu à la comparaison dont se sert Notre-Seigneur, Matth., xxv, 32, 33, pour représenter la séparation des bons et des méchants au jour du jugement. Voir t. i, col. 1871. Tristram, The natural history of the Bible, Londres, 1889, p. 92 ; Wood, Bible animais, Londres, 1884, p. 199.

4° Les chèvres dans les sacrifices. — Les chèvres pou-