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CHEVAL — CHEVAUX (PORTE DES)

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A leur retour, ils ramenèrent, en effet, sept cent trente-six chevaux. I Esdr., ii, 66 ; II Esdr., vii, 68. Ce nombre, beaucoup trop faible pour constituer une cavalerie proprement dite, suffisait parfaitement pour que les principaux personnages fussent montés. Dans les temps postérieurs à la captivité, il n’est parlé que fort rarement de chevaux, et seulement des chevaux de peuples en guerre avec les Juifs. Agg., ii, 23 ; Zach., xiv, 15, 20 ; I Mach., x, 81. Le Nouveau Testament n’en ferait absolument aucune mention, sans les indications symboliques de l’Apocalypse et sans un texte de saint Jacques, iii, 3, où il est parlé du frein à l’aide duquel on mène les chevaux. De tout ce qui précède il y a donc lieu de conclure que les Juifs n’ont jamais fait grand usage du cheval. La nature du pays rendait du reste cet usage difficile et dangereux, et seuls de rares voyageurs, comme peut-être le bon Samaritain, Luc, x, 31, allaient à cheval. Encore le mot jumentum, employé dans ce passage, peut-il désigner toute autre espèce de monture..

IV. Remarques bibliques sur le cheval. — Le livre de Job, xxxix, 18, 26, renferme une belle description du cheval de bataille. Après avoir parlé de l’autruche et de sa merveilleuse rapidité, l’auteur conclut ses remarques sur l’oiseau en disant :

Elle se rit du cheval et de son cavalier.

Puis il trace le portrait du cheval arabe dressé pour la guerre, tel qu’il le voyait de son temps :

Est-ce toi qui donnes au cheval la vigueur, Et qui ornes son cou d’une crinière flottante ? Peux-tu te faire bondir comme la sauterelle, Lui qui épouvante par la puissance de son souffle ? Du pied il creuse la terre, tressaille de bravoure ; Il court au-devant des traits,

Se rit de la peur, sans que rien l’émeuve, , Et ne recule pas devant l’épée.

Sur lui résonne le carquois,

Le fer étincelant de la lance et du javelot. Frémissant d’ardeur, il dévore la terre, Il est hors de lui au son de la trompette ; Dès qu’il l’entend retentir, il dit : Ha 1 De loin il flaire le combat,

Le cri tonnant des chefs, le fracas do l’armée.

Dans ce passage, dit Ilerder, Histoire de la poésie des Hébreux, trad. Carlowitz, 1851, ve dialogue, p. 93, s le cheval est peint tel que l’Arabe le voyait et le voit encore, c’est-à-dire comme un être pensant, courageux et belliqueux, qui prend part à toutes les chances d’une bataille ; son hennissement est inséparable du cri de guerre du héros. » Cf. J. von Hammer-Purgstall, Das Pferd bei den Arabern, in-4°, Vienne, 1856. — Au livre des Proverbes, xxx, 31, c’est probablement aussi le cheval de guerre qui est désigné par l’expression zarzîr molnayîm, « celui qui est ceint des reins. » Le contexte réclame, en effet, un quadrupède dans l’énumération que fait l’auteur :

Il y en a trois qui s’avancent majestueusement. Et quatre qui marchent fièrement :

Le lion, le plus fort des animaux,

Qui ne recule à la vue de personne, L’animal aux reins ceints, le bélier, Et le roi à la tête de son armée.

Le cheval de guerre semble le mieux indiqué pour justifier la périphrase hébraïque, et accompagner le lion et le bélier. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 435. Il est encore parlé du cheval de bataille dans plusieurs autres passages, Prov., xxi, 31 ; Jer., viii, 6 ; Zach., x, 3 ; Apoc, ix, 7. La comparaison entre le cheval et la sauterelle est reproduite par Joël, ii, 4, et par saint Jean, Apoc, ix, 7, mais en sens inverse. Si valeureux qu’il soit pourtant, ce n’est pas le cheval qui assure la victoire, et le secours du Seigneur vaut mieux que la plus puissante cavalerie. Les auteurs sacrés reviennent souvent sur cette pensée,

afin de déprendre les Israélites de l’engouement que pouvaient leur inspirer les cavaleries de l’Egypte et de l’Assyrie. Judith, ix, 16 ; Ps. xxxii, 17 ; cxlvi, 10 ; Is., xxx, 16 ; xxxi, 1, 3 ; Os., i, 7 ; xiv, 4 ; Am., ii, 15. — Le cheval n’a pas toujours les brillantes qualités que célèbre le livre de Job. II est parfois dépourvu d’intelligence comme le mulet, Tob., vi, 17 ; Ps. xxxi, 9, en ce sens au moins qu’il ne connaît pas son Créateur. — Dans le désert, où le chemin est facile, il ne bronche pas, Is. lxiii, 13 ; mais il se montre parfois indomptable et rétif, Eccli., xxx, 8, et il faut le fouet pour le faire marcher. Prov., xxvi, 3. On lui met des mors, des rênes et différentes sortes de caparaçons. Ps. xxxi, 9 ; IV Reg., xix, 28 ; Jac, iii, 3. L’étalon, qui hennit à tout propos, est l’image de l’homme incontinent. Eccli., xxxiii, 6 ; Jer., v, 8 ; Ezech., xxiii, 20. V. Le cheval dans les apparitions symboliques. — Le prophète Élie est emporté au ciel par des chevaux de feu. IV Reg., ii, 11 ; Eccli., xlviii, 9. Des chars et des chevaux de feu apparaissent autour d’Elisée. IV Reg., vi, 17. Plus tard, un envoyé céleste à cheval terrasse Héliodore dans le temple, II Mach., iii, 25, et cinq cavaliers mystérieux combattent aux côtés de Judas Machabée, II Mach., x, 29. Ces différents chevaux sont le symbole de la puissance divine qui intervient en faveur des prophètes et des serviteurs de Jéhovah. Cette même intervention est manifestée par les chars et les chevaux qu’on entend ou qu’on voit évoluer dans les airs, comme pour entrer en lutte contre les ennemis du peuple de Dieu. IV Reg., vii, 6 ; II Mach., v, 2, 3. Le Seigneur est lui-même monté sur-des chevaux, pour combattre les nations. Hab., iii, 8. Mais au temps du Messie, qui est le Prince de la paix, il n’y aura plus de chevaux de guerre. Zach., ix, 10 ; XII, 4. Dans ses visions, le prophète Zacharie voit un homme monté sur un cheval roux, couleur qui rappelle le sang et symbolise la vengeance. Zach., i, 8. Le cheval de couleur noire est un présage de calamités sinistres, le cheval blanc un symbole de victoire ; les chevaux mouchetés semblent annoncer des malheurs de diverse nature, guerre, peste, famine, etc. Zach., i, 8 ; vi, 2, 3, 6. — Dans l’Apocalypse, saint Jean voit aussi des chevaux de différentes couleurs en rapport avec la fonction des cavaliers symboliques. Le cheval blanc porte un personnage puissant et victorieux ; le cheval roux, un cavalier qui déchaîne la guerre ; le cheval noir, un messager de famine et de vengeance ; la mort est montée sur un cheval pâle. Apoc, vi, 2, 4, 5, 8. Dans une autre vision, l’apôtre parle d’une armée de vingt millions de guerriers montés sur des chevaux terribles à la fois par leurs têtes et par leurs queues. Apoc, ix, 16-19. Ces bêtes sont donc doublement armées pour nuire. Plus loin, le Fils de Dieu apparaît sur un cheval blanc, symbole de majesté et de triomphe. Les armées célestes le suivent sur des chevaux de même couleur, parce qu’elles combattent pour sa cause et sous ses ordres. Apoc, xix, 11, 14.

    1. CHEVAUX##

CHEVAUX (PORTE DES) (hébreu : sa’ar hassùsim ; Septante : itjXt) imcuv ; Vulgate : Porta equorum), porte de Jérusalem, donnant sur la vallée du Cédron, vers l’angle sud-est de l’enceinte du Temple. Jer., xxxi, 40 ; II Esdr., iii, 28. Jérémie, xxxi, 40, avait annoncé qu’après la captivité Jérusalem reconstruite s’étendrait à l’est jusqu’à l’angle de la Porte des Chevaux. Et nous voyons qu’après le retour, lorsque Néhémie fait relever les murs et les portes, les prêtres bâtissent une partie du rempart près d’Ophel, à partir de la Porte des Chevaux, en remontant vers le nord, et chacun en face de sa maison. II Esdr., iii, 27-21. Son nom de Porte des Chevaux lui venait sans doute de ce qu’elle servait d’entrée aux chevaux du palais royal, construit au sud de l’aire actuelle du Haram. C’est là du reste qu’une tradition place les écuries de Salomon. V. Guérin, Jérusalem, in-8°, Paris, 1889, p. 230, 233. Près de cette Porle des Chevaux, sur l’ordre du grand prêtre Joïada, les centurions mirent à