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CHEVAL


Philistins et les Chananéens se servaient facilement de chevaux et de chars dans les régions qu’ils occupaient, les bords de la mer, la plaine d’Esdrelon et le nord-ouest de la Palestine. C’est ce qui fait que les Hébreux et les Philistins gardèrent si longtemps leurs positions respectives les uns en face des autres : les Hébreux inexpugnables dans la montagne, mais peu propres à faire face à l’irruption des chars de guerre quand ils s’aventuraient dans la plaine ; les Philistins facilement maîtres de la plaine, mais incapables de faire avec leurs chevaux l’assaut du pays montagneux. Le même fait se reproduisit plus tard, quand les Syriens attaquèrent les Israélites par le nord-est. Vaincus dans les montagnes où leur cavalerie était impuissante, les Syriens disaient : « Leurs dieux sont des dieux de montagnes, et c’est pourquoi ils nous ont vaincus. Combattons contre eux dans les plaines, et nous en viendrons à bout. » III Reg., xx, 23.

p. 161. Ils réussirent ainsi à former une race particulière de chevaux vigoureux, à la taille élevée, qu’on voit représentés sur leurs monuments. Voir t. i, fig. 259, col. 977. Dans ses inscriptions, Assurbanipal mentionne spécialement « les grands chevaux » dans l’énumération du butin qu’il fit à Thèbes, en 665. Cette race de grands chevaux ne s’est guère conservée intacte aujourd’hui que dans le Dongolah, en Nubie. Fr. Lenormant, Premières civilisations, p. 311-313 ; Chabas, Études sur l’antiquité historique, p. 445-455 ; Piètrement, Les chevaux dans les temps préhistoriques et historiques, p. 508-570 ; Hartmann, dans la Zeitschrift fur wjyptische Spraclie, 1864, p. 21. Salomon s’approvisionnait de chevaux en Egypte et en revendait lui-même à ses voisins. Il les payait cent vingt-cinq sicles par tête, soit environ quatre cent cinquante francs. Il en faisait venir aussi d’une localité appelée Coa. Voir Coa. III Reg., x, 28 ; II Par., i, 16 ;

24-). — Chevaux labourant en Égypt ». D’aprèa Prisse d’Avennes, Monuments

iens, pi. xxxv, 2.

II. Le cheval a l’époque des rois. — 1° Sous Saül et David. — Samuel, avant de donner un roi aux Hébreux, les avertit que ce roi prendra leurs fils pour les mettre sur ses chars et les faire aller à cheval devant lui. 1 Reg., vm, 11. Le vieux prophète prévoyait ce qui n’allait guère tarder à s’accomplir. Il est probable que Saûl, une fois sacré, tint à avoir des chevaux à son service. Pourtant David est le premier à qui la Sainte Écriture en attribue formellement. Après sa victoire sur Adarézer, il fit couper les jarrets des chevaux dont il s’était emparé, tout en réservant cependant de ces animaux pour cent chars. II Reg., viii, 4. Absalom, probablement à l’exemple de son père, se fit faire un char et voulut avoir une escorte de cavaliers. II Reg., xv, 1. David dut se servir quelquefois de ses chars à la guerre ; mais il ne semble pas avoir fait grand fond sur ses chevaux pour s’assurer la victoire. Ps. xix, 8 ; xxxii, 17.

2° Sous Salomon. — Sans prendre grand souci de la recommandation de Moïse, ce roi voulut posséder de nombreux et beaux chevaux. D’après certains commentateurs, il eut quatre mille chevaux de trait pour ses chars et douze cents chevaux de selle. III Reg., iv, 26 (hébreu, I Reg., v, 6) ; II Par., ix, 25. Des intendants étaient préposés à toute cette cavalerie. III Reg., ix, 22. De tout le pays, on amenait chaque année des chevaux à Salomon. III Reg., x, 25 ; II Par., ix, 21. Il en faisait aussi venir d’Egypte. Les Égyptiens s’appliquaient alors à l’élevage des chevaux avec d’autant plus de soin, qu’entre le xvie et le xi" siècle ces animaux devinrent plus rares en Syrie. Ils avaient créé des haras à Thèbes, à Memphis, à Hermopolis et dans les principales cités de la moyenne Egypte. Ils attachaient grand prix à la pureté de la race et conservaient la généalogie de leurs animaux, comme les tribus arabes ont continué depuis à le faire. Cf. de la Roque, Voyage dans la Palestine, Amsterdam, 1718,

ix, 28. Ses successeurs on firent acheter plus tard à Thogorma, en Arménie. Ezech., xxvii, 14.

3° De Salomon à la captivité. — Pendant cette période, les chevaux ne sont signalés formellement qu’une seule fois, dans l’armée de Ju..phat, roi de Juda. IV Reg., m, 7. Sous Ézéchias, Rabsacès pouvait ironiquement offrir deu.x^ mille ^.chevaux aux assiégés de Jérusalem, en prétendant qu’ils n’auraient pas assez de cavaliers pour les monter. IV Reg., xviii, 23 ; Is., xxxvi, 8. Les Israélites de Béthulie possédaient des chevaux, Judith, iii, 3, sans pouvoir probablement s’en servir à la guerre. Amos, iv, 10, et Michée, v, 10, font allusion à la présence de chevaux de guerre parmi les Hébreux. Néanmoins la rareté des textes bibliques qui parlent des chevaux de guerre donne le droit de conclure qu’au point de vue militaire, le cheval joua toujours un rôle très secondaire chez les Israélites. Pourtant ceux-ci cherchaient encore beaucoup trop à en posséder, contrairement aux intentions de Moïse, et Isaïe, ii, 8, leur en fait le reproche. Il est question une fois du cheval employé comme monture. Quand Salomon dit que la place du serviteur n’est pas à cheval, Eccle., x, 7, il suppose que cette monture était réservée de son temps aux personnages considérables. Le cadavre d’Amasias est ramené à Jérusalem sur ses propres chevaux. IV Reg., xiv, 20. Enfin le texte hébreu d’Isaïe, xxviii, 28, nous apprend qu’on se servait du cheval pour battre le blé en Palestine. C’est le seul passage de la Bible qui signale l’emploi de cet animal pour le service de l’agriculture. D’un autre texte, IV Reg., vu, 13, il ressort que les Israélites mangeaient leurs chevaux, au moins dans les temps de disette. Enfin l’historien sacré accuse les rois de Juda d’avoir consacré des chevaux au soleil, dans leurs accès d’idolâtrie. IV Reg., xxiii, 11. Les chevaux donnèrent leur nom à une des portes de Jérusalem. Jer., xxxi, 40 ; II Esdr., iii, 28.