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CALAME

(Vulgate, xliv), 2, est un calame, jonc ou roseau, car on ne pouvait écrire vite avec le style en fer, tandis que le roseau, creux et taillé comme une plume d’oie, ou bien le jonc dont le bout mâché forme pinceau, est propre à retenir l’encre et peut courir avec agilité en traçant des caractères sur le papyrus, le parchemin, etc. Le’et des scribes dont parle Jérémie, viii, 8, est aussi probablement le calame. Les Septante l’entendaient ainsi, puisqu’ils ont traduit’et dans ce passage par σκοϊνος, « jonc », se servant du mot par lequel Aquila a rendu le terme hébreu dans le Psaume xliv, 2. Voir J. F. Schleusner, Novus thesaurus philogico-criticus, 1821, t. v, p. 247. Ce qui est certain, c’est que son disciple Baruch se servait du calame pour écrire les prophéties que lui dictait son maître, puisqu’elles étaient écrites à l’encre. Jer., xxxvi, 18. Les Apôtres se servaient aussi du calame. III Joa., 13. — Dès une époque fort ancienne, les écrivains de profession, en Orient, portaient comme aujourd’hui à leur ceinture une écritoire contenant de l’encre, Ezech., ix, 2, 3, 11, et probablement aussi des joncs ou des roseaux taillés, dans un compartiment séparé. Voir S. Jérôme, In Ezech., ix, 2, t. xxv, col. 86-87 ; Epist. lxv ad Principiam, t. xxii, col. 627.


Fig. 17. Calâmes dans une palette de scribe.

Les Hébreux avaient dû prendre en Égypte l’habitude d’écrire avec le calame. Cet usage, inconnu dans la Chaldée primitive, la patrie d’Abraham, où l’on traçait sur l’argile les clous qui constituent l’écriture cunéiforme avec un poinçon à pointe triangulaire, était, au contraire, très répandu dans la vallée du Nil, qui produisait en abondance avec le papyrus cyperus, d’où l’on tirait la matière sur laquelle on écrivait, les joncs et les roseaux avec lesquels on traçait à l’encre noire ou rouge les caractères hiéroglyphiques, hiératiques ou démotiques. On voit un grand nombre de calâmes représentés sur les monuments, et l’on en a trouvé aussi dans les tombeaux. Les scribes apparaissent souvent avec le pinceau à la main ou sur l’oreille (fig. 16), comme les décrit Clément d’Alexandrie, Strom., vi, 3, t. IX, col. 253 : « Le scribe sacré, dit-il, a dans sa main le livre et la palette (κανόνα), qui contient l’encre et le jonc avec lequel il écrit. »

Le musée égyptien du Louvre (armoire X) possède plusieurs palettes, la plupart en bois, quelques-unes en ivoire et en pierre, dans lesquelles sont creusés les godets où l’on détrempait l’encre sèche avec de l’eau ; il s’y trouve aussi une sorte de casier pour mettre les calâmes, que plusieurs conservent encore, comme celle du scribe Pai (xviiie ou xixe dynastie) que nous reproduisons ici (fig. 17).

Dans leurs guerres contre les Égyptiens ou dans leurs rapports avec les populations de l’Asie antérieure, les Assyriens et les Chaldéens apprirent aussi à se servir de calâmes, dans les cas où l’emploi de la tablette d’argile, qui resta comme leur papier ordinaire, n’était point d’un usage pratique. Nous avons la preuve du fait dans un bas-relief assyrien où nous voyons un scribe écrivant avec un calame (fig. 18). C’est d’une manière analogue que pendant le fameux festin de Balthasar la main menaçante devait écrire sur les murs de la salle du festin les paroles mystérieuses : Mane, Thecel, Phares. Dan., v, 5-25.

II. Les écrivains du Nouveau Testament écrivirent naturellement les Évangiles et les Épîtres à la manière gréco-romaine, c’est-à-dire avec des calâmes de roseau. III Joa., 13. Cf. III Mach., iv, 20 ; Pesachim, v. 57. Il y avait déjà à leur époque quelques calâmes artificiels en métal ou en matières précieuses. Voir H. Bender, Rom und römisches Leben im Alterthum, 2e édit., in-8°, Tubingue, 1893, p. 349. Le musée d’Aoste en possède un en bronze. Ed. Aubert, La vallée d’Aoste, in-4°, Paris, 1860, p. 191-192. Dans l’Anthologie palatine, vi, 227, édit. Didot, t. i, p. 200, le poète Crinagore envoie à Proclus, un de ses amis, pour l’anniversaire de sa naissance, un calame d’argent. Mais c’étaient des objets de luxe qui ne furent jamais à l’usage des Apôtres.


18. — Scribes assyriens inscrivant les têtes des ennemis tués » D’après Layard, Nineveh and its Remains, t. ii, p. 184.

Ils se servaient de simples roseaux taillés, semblables à celui qu’on a trouvé à Herculanum dans un papyrus et qui est conservé aujourd’hui au musée de Naples (fig. 19), et tel que ceux que l’on voit si souvent représentés dans les fresques de Pompéi (fig. 20). Ils sont formés de la tige de l’arundo donax, variété du rotang ou rotin. C’est pour cela que dans les épigrammes grecques δόναξ et κάλαμος désignent l’instrument à écrire. On récoltait les plus estimés de ces roseaux en Egypte, aux environs de Memphis :

Dat chartis habiles calamos Memphitica tellus,

dit Martial, xiv, 38, 1, et sur le territoire de Cnide, ville de l’ancienne Carie. « Arrêtons-là, dit Ausone,Epist., xvii, 49, édit. Teubner, 1886, p. 252, le roseau de Cnide au pied fourchu, qui va dessinant sur la surface de la page aride les traits noirâtres des filles de Cadmus, » c’est-à-dire les traits des lettres.


19. — Roseau taillé trouvé à Herculanum. Musée de Naples.

On vantait encore ceux qui entouraient le lac Anaïtique, dans la grande Arménie, le lac d’Orchomène et la fontaine Acidalie dans la Béotie. Pline, H. N., xvi, 36 (64, 1. 157). Un édit de Dioclétien récemment découvert fixe le prix des différentes espèces de calâmes. Ce sont ceux d’Égypte qui sont taxés le plus cher. Journal of Hellenic Studies, 1890, t. xi, p. 318 et 323. Ces roseaux étaient taillés absolument comme le sont encore aujourd’hui les plumes d’oie, ainsi qu’on en peut juger par les échantillons reproduits plus haut. On se servait pour tailler les roseaux d’un canif pareil aux nôtres, appelé en latin scalprum, Tacite, Ann., v, 8 ; Suétone, Vitellius, 2 ; et en grec καλαμόγλυφος, Etymol. magn. (1848), 485, 35. À l’aide du canif, on taillait le petit roseau en pointe, et on le fendait par le bout. Anthol. palat., vi, 64, 65, t. i, p. 168, 169. Après s’être servi du calame, on le renfermait dans un étui. Pour le rafraîchir, on se servait d’une