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CAJETAN — CALAME

de saint Jean. Les commentaires sur l’Ancien Testament furent publiés pour la première fois entre les années 1531 et 1534, sauf celui des Psaumes, paru en 1530 (réédité à Paris, en 1532), et celui d’Isaïe, interrompu par la mort de l’auteur après le troisième chapitre et publié en 1542. Il y eut de tous ces commentaires de nombreuses rééditions. Cajetan donna de plus, en douze chapitres, des explications sur soixante-quatre passages détachés du Nouveau Testament. Elles ont été réunies par l’auteur en un volume intitulé : Jentacula, hoc est præclarissima plurimorum notabilium sententiarum Novi Testamenti litteralis expositio. Cajetan avait composé cet ouvrage pendant les loisirs de sa légation en Hongrie (1523-1524), et les avait appelés Déjeuners, par allusion au peu de temps dont il avait pu disposer pour méditer la Sainte Écriture, s’y donnant seulement « sans dresser la table, sans s’y installer ». Les Jentacula furent publiés après son retour à Rome près de Clément VII (1525), et plus tard à Paris (1526), à Lyon (1565) et a Douai (1613).

On a reproché avec raison à Cajetan de s’être trop attaché au texte et aux annotations d’Érasme et des autres critiques contemporains, catholiques ou réformés. Un autre reproche est d’avoir fait trop peu de cas des interprétations des Pères. Il enseigna, en effet, que si un nouveau sens se présentait au commentateur comme plus conforme à la lettre, en conformité d’ailleurs avec la doctrine de l’Église, on pouvait l’embrasser, quand même il aurait contre lui « le torrent des saints docteurs ». Præfat. in quinque Mosaicos libros, Opera, t. i (non paginée). Le cardinal Pallavicin, en rapportant cette opinion, qu’il n’ose absolument repousser, dit qu’un bon nombre de théologiens et d’exégètes s’en sont émus. Il ajoute qu’elle n’a point été visée par les Pères du concile de Trente, qui ont seulement déclaré qu’on ne peut admettre une interprétation tenue pour hérétique par les Pères, les papes et les conciles. Historia concilii Tridentini, 1. vi, cap. xviii, édit. de 1775, p. 234. Cependant le dominicain Ambroise Catharin, hardi et singulier lui aussi dans ses doctrines, dénonça les commentaires de Cajetan à la faculté de théologie de Sorbonne et en obtint une censure de seize propositions, tirées des commentaires sur les Évangiles. Cajetan se défendit en montrant que ces assertions n’étaient pas de lui, ou du moins qu’elles n’avaient pas le sens qu’on leur attribuait, ce qui n’empêcha pas Catharin, après la mort de Cajetan, de publier ses Adnotationes in excerpta quædam de commentariis Cajetani, Paris, 1535, ouvrage rempli de critiques très aigres et de sévères accusations de témérité, d’erreur, d’hérésie et de scandale. Le résultat de ces Annotations fut la revision et la correction de plusieurs passages de Cajetan, dans l’édition de 1639.

Cajetan fut aussi attaqué par Melchior Cano, dans le traité De locis theologicis, vii, 3-4, dans le Cursus theologicus de Migne, t. 1, col. 374-391, et par Dupin, Histoire des auteurs ecclésiastiques du XVIe siècle, Paris, 1713, p. 418. Au contraire, le dominicain Sixte de Sienne prit la défense de son explication de Gen., i, 1, en reprochant à son tour à Catharin de voir des difficultés où il n’y en avait pas. Bibliotheca sacra, t. v, Annotat. i, in-f°, Venise, 1566, p. 519. Richard Simon le défendit également dans son Histoire critique du Vieux Testament, t. ii, ch. xx ; t. iii, ch. xii, 1685, p. 319, 320, 419-421, contre le jésuite Gretser, Tractatus de novis translationibus, cap. ii, et contre Pallavicin, Historia concilii Tridentini, t. VI, cap. xviii, édit. de 1775, p. 234.

Les commentaires de Cajetan ont été réunis et publiés à Lyon, en 1639, 5 in-f°, sous le titre : Opera omnia quotquot in Sacræ Scripturæ expositionem reperiuntur, cura et industria insignis collegii S. Thomæ complectensis. Cette édition est précédée de la Vie de Cajetan par J.-B. Flavius Aquilanus, son secrétaire particulier.

Bibliographie. — Bellarmin-Labbe, Scriptores ecclesiastici, 1728, p. 540 ; Ekermann, Dissertatio de cardinale Cajetano, in-4°, Upsal, 1761 ; Fabricius, Bibliotheca mediæ ætatis, 1746, t. vi, p. 739-740 ; Quétif-Échard, Scriptores ordinis Prædicatorum, 1719, t. ii, p. 14-21, 824 ; Touron, Histoire des hommes illustres de l’ordre de Saint-Dominique, 1747, t. iv, p. 1-26 ; Limburg, Kardinal Kajetan, dans la Zeitschrift fur catholische Theologie, 1880, t. iv, p. 239-279.

P. Renard.

CALAME (hébreu : ʿêt ; Septante : κάλαμος; Vulgate : calamus), roseau dont on se servait et dont on se sert encore en Orient pour écrire. Les Arabes l’appellent Modèle:Texte arabe qalam. — I. D’après quelques commentateurs, le šébét sôfêr, « bâton du scribe », dont parle Débora dans son cantique, Jud., v, 14, au sujet de Zabulon, ne serait pas autre chose que le roseau à écrire.

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16. — Scribes avec leur calame. Ghizéh. ive dynastie. D’après Lepsius, Denkmaler, Abth. ii, Bl. 11.

Quoi qu’il en soit de cette interprétation, c’est le mot hébreu ʿêt qui correspond à calame. Il désigne dans plusieurs passages de l’Écriture un style ou instrument pointu en fer dont on se servait, comme du ḥérét, pour graver des caractères sur la pierre ou sur une matière dure ; il est alors suivi du mot barzél, « fer, » Job, xix, 24 ; Jer., xvii, 1 ; mais, dans d’autres passages, il désigne certainement le roseau à écrire. Le ʿêt du scribe qui écrit rapidement, Ps. xlv