Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/332

Cette page n’a pas encore été corrigée
641
642
CHAUSSURE — CHAUX


la renonciation de celui qui possède ce droit avant lui. Il obtient cette renonciation. « Or, dit le texte sacré, c’était une ancienne coutume en Israël, qu’en cas de droit de retrait lignager et de subrogation, pour confirmer la chose, l’homme retirait sa chaussure et la donnait à son parent, et c’était là un témoignage en Israël. Quand donc celui qui avait le droit de retrait lignager eut dit à Booz : Acquiers pour toi, il retira sa chaussure. Et Booz dit aux anciens et à tout le peuple : Vous êtes aujourd’hui témoins que j’ai acquis tout ce qui appartenait à Élimélech. » — Dans les Psaumes lix (hébreu, lx), 10, et cvn (hébreu, cviii), 10, Dieu dit qu’il jette sa chaussure sur Édom. Les commentateurs ont interprété diversement ce passage. Les uns y ont vu un signe de mépris, les autres une prise de possession du territoire. — Dans saint Paul, Ephes., vi, 15, les chaussures, qui font partie de l’armement du chrétien, symbolisent la fermeté dans la marche, le zèle, la promptitude et la générosité.

IV. Bibliographie. — Bynseus, De calceis Hebrseorum, in-8°, Dordrecht, 1715 ; Weiss, Kostumkùnde, in-8°, Stuttgart, 1860, t. i, p. 128-204 ; G. Wilkinson, The manners and customs of the ancient Egyptians, 2e édit., t. ii, p. 335-337 ; A. Frauberger, Antihe und frûhmittelalteiiichte Fussbekleidenigen aus Achmin-Panopolis, Dusseldorfꝟ. 1890 ; A. Baumeister, Denkmâler des klassichen Altertums, t. i, p. 574-570 ; W. Becker-Gôll, Charikles, in-18, Berlin, 1878, t. iii, p. 207-277 ; Gallus, in-18, Berlin, 1883, t. iii, p. 227-230 ; Gùhl etKôner, £a vie privée des anciens, trad. franc., in-8°, Paris, 1885, t. i, p. 248-250 ; t. ii, p. 322-323. E. Beurlier.

    1. CHAUVE -SOURIS##

CHAUVE -SOURIS (hébreu : ’atallêf ; Septante : vOxTuipi ;  ; Vulgate : vespertilio, noctua). La chauvesouris (fig. 237) est un petit mammifère de l’ordre des chéiroptères, ou animaux à « mains ailées ». Ce nom rappelle la particularité la plus caractéristique de la chauvesouris. Chez cet animal, les quatre derniers doigts de

^-.r *£

[[File: [Image à insérer] |300px]]
237. — Chauve - soui-13.

la main sont très allongés et reliés ensemble par une membrane, qui s’étend tout autour de la partie inférieure du corps et enveloppe presque complètement les pattes de derrière. Cette membrane remplit l’office de véritables ailes. Aussi la chauve-souris se traîne-t-elle à terre assez difficilement. Elle est surtout organisée pour voler. Il n’est donc pas étonnant que Moïse, voulant la proscrire de l’alimentation, l’ait rangée parmi les oiseaux impurs. Lev., xi, 19 ; Deut., xiv, 18. À première vue, la chauve-souris paraît être, en effet, une sorte d’oiseau, et Moïse eût singulièrement étonné ses contemporains, s’il eût placé cet animal qui vole en compagnie des quadrupèdes. Il a parlé ici conformément au langage populaire, sans s’inquiéter d’aucune classification scientifique. La chauvesouris a le pelage très fin. Le sens du toucher est extrêmement développé chez elle. Pendant le jour, elle se confine dans les cavernes, les ruines et les réduits obscurs. Elle n’en sort que le soir au crépuscule, ou le matin aux premières lueurs de l’aube, pour chercher sa nourriture. On la voit alors se précipiter au dehors, voler

circulairement dans l’air ou raser la surface des eaux, pour se saisir des insectes nocturnes, comme fait l’hirondelle des insectes du jour. C’est un animal hibernant, qui reste engourdi pendant tout l’hiver et subsiste alors aux dépens de sa propre graisse. Aux environs de la mer Morte cependant, la chaleur se maintient à un tel degré, que la chauvesouris reste active toute l’année. Dans les retraites où il habite, l’animal se suspend aux parois par les pattes postérieures, munies d’ailleurs d’ongles solides et recourbés, et il demeure ainsi la tête en bas et les ailes repliées. Parfois les chauves-souris sont ainsi suspendues les unes au-dessus des autres en nombre incroyable et forment une masse compacte. En Orient, il n’est pas rare de les voir élire domicile dans les maisons habitées, et se suspendre aux voûtes des caves ou même au plafond des chambres obscures, sans souci du mouvement qui se produit autour d’elles. On en trouve des quantités énormes dans les tombeaux et les monuments d’Egypte. En Palestine, les carrières royales de Jérusalem en abritent de telles légions, qu’on n’y peut pénétrer sans que les torches soient bientôt éteintes par l’agitation de leurs ailes. Toutes les cavernes qui avoisinent la mer Morte, le Jourdain et le lac de Génésareth, en sont peuplées. Les chauves-souris sont donc les hôtes des endroits ténébreux et en général inhabitables. C’est pourquoi Isaïe, ii, 20, dit qu’un jour on jettera les idoles d’or et d’argent « dans les creux des rats et des chauvessouris » (texte hébreu), c’est-à-dire dans des endroits où personne n’aura l’idée, de venir les chercher. Baruch, vi, 21, parle aussi de chauves-souris voltigeant autour des idoles, pour marquer l’abandon et le délabrement dans lesquels ces idoles sont laissées.

Il existe en Palestine plusieurs espèces de chauvessouris. Tristram, Fauna and Flora of Palestine, Londres, 1884, p. 25 ; The natural liistory of Uie Bible, Londres, 1889, p. 40, en compte quatorze espèces. Il cite spécialement le Vesperugo kuhlii, aux environs de Jérusalem ; le Rhinopoma microphyllum, autour de la mer Morte et dans la vallée du Jourdain ; le Taphozous nudiventris et le Plecotus auritus, en Galilée et autour du lac de Génésareth ; le Xantharpia segyptiaca, dans les régions boisées, et enfin le Rhinolophus ferrum-equinum, le Rhinolophus clivosus et le Vespertilio murinus.

H. Lesêtre.
    1. CHAUX##

CHAUX (hébreu : sid ; Septante : xovîoc ; Vulgate : calx), oxyde de calcium obtenu par la calcination des calcaires. Le produit de cette opération est la chaux vive, qui une fois saturée d’eau devient de la chaux éteinte et fournit une matière très divisée et très blanche, dont on s’est servi dans tous les temps pour enduire les murs. Isaïe, xxxiii, 12, fait allusion à la calcination du calcaire dans les fours à chaux, lorsque, prédisant le désastre de Sennachérib, il dit que les peuples ennemis seront « comme des incendies de sid », par conséquent dévorés par le feu de la colère divine. Amos, ii, 1, accuse les Moabites d’avoir « brûlé par la sîd », comme s’ils étaient des pierres a chaux, les os du roi d’Idumée, exerçant ainsi une vengeance sauvage jusqu’au delà du tombeau. — Moïse ordonne de blanchir à la chaux les stèles sur lesquelles les Israélites écriront les paroles de la Loi, après le passage du Jourdain, et de dresser ensuite ces stèles sur le mont Hébal. Deut., xxvii, 2, 4. Le texte de la Vulgate dit : « Tu les enduiras de chaux afin que tu puisses écrire dessus, » ce qui donnerait à supposer une écriture tracée à la couleur sur un fond blanc. Mais dans l’hébreu on lit : « Tu les enduiras de chaux, et tu écriras sur elles. » Des stèles destinées à être dressées en plein air ne peuvent recevoir d’inscriptions à la détrempe, à moins qu’on ne veuille que ces inscriptions soient rapidement effacées par les intempéries. Or l’intention évidente de Moïse est que ces inscriptions du mont Hébal soient durables. Par conséquent elles seront gravées dans la pierre, et la stèle sera ensuite blanchie. Le ꝟ. 4 le dit formel II. - 21