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CIIASLUIM — CHASSE


1868, p. 120-127. Il rapproche la forme grecque de ce nom dans les Septante, Xz<J| « ùviei’|a, du mot égyptien hesmen, qui signifie « sel, nitre », et il en conclut que les Chasmonim (Chasluim) habitaient une terre salée ou nitreuse, comme les environs du mont Casius, et s’occupaient de préparer le nitre ou de saler soit les cadavres humains, soit les poissons qu’on conservait de la sorte et dont on Élisait une grande consommation en Egypte. Cette étymologie et, par suite, les conséquences qu’en tirent les savants allemands sont fort contestables. Tant qu’on n’aura pas trouvé dans les documents égyptiens le nom des Chasluim, on ne pourra émettre à leur sujet que des hypothèses plus ou moins plausibles. La seconde opinion paraît d’ailleurs plus probable que la première.

II. Les Chasluim et les Philistins. — La Genèse, x, 14, ajoute en parlant des Chasluim, d’après la traduction de la Vulgate : « d’eux sont sortis les Philistins. » le texte hébreu porte à la lettre : « Les Kasluhim, que de là (miS-sàm) sont sortis les Philistins. » Sdm est un adverbe de lieu et s’applique par conséquent au pays qu’habitaient les Chasluim, de sorte que ce membre de phrase exclut le lien généalogique entre les deux peuples et signifie seulement que les Philistins, avant de s’établir dans la Philistie, avaient habité le pays des Chasluim. Amos, ix, 7, dit que les Philistins venaient de Caphtor, et Jérémie, xlvii, 4, les appelle « les restes de l’île de Caphtor » (texte hébreu). H n’existe aucune contradiction entre ces divers passages, puisque les Philistins pouvaient venir de Caphtor en passant par le pays des Chasluim. On n’est donc pas obligé de supposer une interversion dans le texte de la Genèse, x, 14, comme l’ont fait certains commentateurs, et de lire : « Mesraïm engendra les Ludim…, et les Chasluim et les Caphtorim, d’où sont sortis les Philistins ; » au lieu de la leçon de nos Bibles : « Mesraïm engendra les Ludim…, et les Chasluim, [de la terre] desquels sont sortis les Philistins, et les Caphtorim. » Ce membre de phrase a été ajouté par l’auteur sacré à cause du pays qu’habitèrent les Philistins à côté des tribus israélites et du rôle important qu’ils jouèrent dans l’histoire du peuple de Dieu. Cf. Exod., xiii, 17 ; xv, 14. Pour l’origine des Philistins, voir Philistins. F. Vigouroux.

    1. CHASPHIA##

CHASPHIA (hébreu : Kâsifyâ’; Septante : èv àpyupi’cp toO touou), ville ou contrée habitée par une importante colonie de Juifs exilés, dont la plupart étaient des jN’athinéens. I Esdr., viii, 17. Esdras, parti de Babylone depuis neuf jours, pour retourner à Jérusalem, et s’arrétant près du fleuve Ahava, remarqua qu’il n’y avait pas un seul lévite dans sa caravane, alors que les serviteurs du Temple auraient dû être les premiers à se présenter pour rentrer dans la ville sainte. Il envoya donc une délégation de onze membres à Eddo, chef de la colonie, pour lui demander des ministres sacrés. I Esdr., viii, 15-17. — Chasphia est jusqu’ici resté complètement inconnu. Les Septante, rattachant le mot à késéf, <t argent, » ont donné une traduction incompréhensible, à moins de supposer avec certains exégètes qu’il s’agit ici d’une « maison du trésor » à Babylone même ; ce qui n’est guère vraisemblable. Quelques auteurs placent cet endroit dans le royaume de Perse ou au sud de la Médie, là où se trouvaient, au dire de Strabon, xi, 506, et d’Hérodote, vu, 67, de nombreuses colonies de Caspiens, dans une région adjacente à la mer Caspienne, d’un côté, et, de l’autre, à la Babylonie, peu éloignée par là même du pays de l’exil. Cf. G. B. Winer, Biblisches Realworterbuch, 1847, t. i, p. 223 ; J. Furet, Hebrâisches Handwôrterbuch, 1876, t. i, p. 617. Le premier de ces savants fait remarquer que le livre de Tobie, I, 16 ; iii, 7, mentionne des Juifs dans cette contrée, et le second consacre l’article Kâsifyâ à établir des rapprochements entre ce mot, qui veut dire blanc, et Y Albanie, située au pied du Caucase,

près de la mer Caspienne ; puis la Caspiana, le mont Caspius, et les portes Caspiennes des anciens. Quoi qu’il en soit de ces assimilations, le territoire indiqué nous semble trop éloigné pour répondre aux données du contexte. Esdras, en effet, pendant les trois jours qu’il passa près du fleuve Ahava, eut le temps d’envoyer chercher et de recevoir les lévites, I Esdr., viii, 15, 18 ; ils ne devaient donc pas habiter très loin. Voilà pourquoi il semblerait plus naturel de chercher Chasphia dans le pays de

Babylone.

A. Legendre.
    1. CHASSE##

CHASSE (hébreu : sayid ; Septante : aypi ; Vulgate : venatw), poursuite et prise du gibier (fig. 217). La pratique de la chasse est presque aussi ancienne que l’humanité. Elle découle naturellement de la supériorité que Dieu accorda à nos premiers parents sur le reste de la création, Gen., i, 26, 28, et devint bientôt un des moyens de subsistance de l’homme. Gen., ix, 2-4. De plus, à une époque où l’humanité était encore peu répandue sur la terre, tandis que les animaux y étaient très multipliés, la chasse dut être un des moyens de défense auxquels l’homme eut bientôt à recourir. Cf. Exod., xxiii, 29. Même après de longs siècles de civilisation, de vastes provinces étaient tellement infestées par des bêtes fauves, que des monarques puissants organisèrent contre elles des battues générales non moins importantes à leurs yeux et à ceux de leurs sujets que leurs grandes expéditions militaires. C’est ce que nous apprennent les inscriptions assyriennes, et en particulier celle de Théglathphalasar I « (cf. A. H. Sayce, dans les Records of the past, nouv. série, t. i, p. 112-113). Nemrod, le premier chasseur que nomme l’Écriture, est représenté dans la Bible comme le « robuste chasseur devant Jéhovah » et un puissant conquérant. Gen., x, 8-10. — Ismaël, destiné à vivre dans le désert de Tharan, « devint habile à tirer de l’arc, » Gen., xxi, 20, 21, et tel fut aussi, semble-t-il, la pratique ordinaire d’Ésaù. Gen., xxv, 27-28. — Le long séjour d’Egypte familiarisa sans doute les descendants de Jacob avec l’art de la chasse, et la loi mosaïque leur en permit la pratique. Lev., xvii, 13 ; Deut., xii, 15. Mais la Bible ne nous donne aucun renseignement sur leur manière de la poursuivre. Elle nous dit seulement que Salomon put chaque jour fournir sa table et celle de ses nombreux serviteurs du gibier le plus exquis et le plus abondant. III Reg., IV, 23. Mais la loi mosaïque énumérant parmi les animaux dont il était permis de manger la chair un certain nombre d’animaux sauvages, Deut., xiv, 5, 11-18 ; Lev., XI, 13-19 (voir t. i, col. 622), elle suppose par là même la pratique de la chasse.

I. Animaux poursuivis a la chasse. — Ils peuvent être divisés en deux catégories : les bêtes sauvages et les oiseaux.

— 1° Bêtes sauvages. — À leur arrivée jeu Palestine, les Israélites y trouvèrent de nombreux animaux sauvages, Exod., xxiii, 29 ; Jud., xiv, 5, 6 ; xv, 4, et du gibier en abondance. Lev., xi ; Deut., xiv. Voici la liste alphabétique des animaux sauvages poursuivis à la chasse : Addax, Deut., xiv, 5, une espèce d’antilope, t. i, col. 669, probablement représentée sur les sculptures de Béni -Hassan. Cf. Wilkinson, Manners and cusloms of the ancient Egyptians, 2e édit., 1878, t. ii, p. 90. — Ane sauvage. Job, xxxix, 5-8 ; Eccli., xiii, 23. Les traits sous lesquels le livre de Job décrit l’onagre correspondent bien à ce que nous en apprennent les monuments assyriens, où on le voit capturé par une meute de chiens, G. Rawlinson, Ancient monarchies, 2e édit., t. i, p. 517 ; pris au lasso par les chasseurs, G. Rawlinson, ibid., ou succombant sous leurs flèches. G. Rawlinson, ibid., p. 516. — Aurochs. Ps. XXI, 22 (hébreu : xxii, 21) ; Job, xxxix, 9-12 ; Is., xxxiv, 7. La Bible en parle en des termes qui dénotent sa vigueur et son naturel farouche, et tel il apparaît sur les bas-reliefs de Nimroud. L’un d’eux nous le représente luttant avec un lion, G. Rawlinson, ibid., p. 512 ; d’autres nous le montrent poursuivi par le roi dans