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613 CHARTREUX (TRAVAUX DES) SUR LES SAINTES ÉCRITURES — CHASLUIM 614

en 1858. — Charles Jacquet, profès de Paris, a laissé une paraphrase du Pentateuque, qui se trouve actuellement à la bibliothèque de Saint-Pétersbourg. — Nous avons signalé plus haut quelques-uns des ouvrages scripturaires d’Innocent Le Masson († 1703). On trouvera dans un article particulier les titres de ses autres opuscules. — Swibert Moeden, chartreux de Mayence († 1705), publia en 1697, à Francfort, son Florilegium Evangelicum sive Comment, in Monotessaron 1 V Evangeliorum (in-f°). — Bonaventure d’Argonne, religieux de Bourbon-lés-Gaillon († 1704), est le dernier écrivain chartreux que nous ayons à signaler au xviie siècle. Son Histoire de la théologie fut publiée en deux volumes, en 1785, à Lucques, en Italie, par les soins du R. P. Fassini. Les trois premiers livres de cet ouvrage, qui forment le premier volume, sont consacrés à la théologie de l’Ancien Testament, c’est-à-dire aux questions qui servent aujourd’hui d’introduction aux Livres Saints. La Grande-Chartreuse conserve encore un traité manuscrit du même auteur : Introduclio ad lectionem Sacrae Scripturæ collecta ex sanclis Patribus et scriptoribus ecclesiasticis.

Au xviiie siècle, les chartreux n’abandonnèrent pas leurs anciennes traditions au sujet de l’étude de l’Écriture Sainte. Mais la suppression de presque toutes les maisons de l’ordre et la création de la congrégation d’Espagne eurent pour résultat la distraction de la plupart des monuments qui pouvaient nous renseigner à cet égard. Voici néanmoins quelques noms d’auteurs que nous avons pu recueillir : Urbain de Malarcher, prieur de Bosserville, près Nancy († 1709), écrivit un commentaire : In Canticum canticorum ex divo Bernardo, ouvrage manuscrit in-f°, qui se trouve à la bibliothèque de Grenoble. — Bonaventure Bonnet, profès du Val-Saint-Pierre († 1728), est l’auteur d’un opuscule manuscrit conservé à la même bibliothèque, intitulé Malleolus crucis mysticx, id est, enucleatio veritdtis quse latel in cortice Scripturarum canonicarum. — Jean Wagener, mort prieur de la chartreuse de Cologne (1730), a laissé un commentaire manuscrit sur les cinquante premiers psaumes, et publié une paraphrase abrégée du Psautier : Psalterium Davidis paraphrastico-morale, in-8°, Cologne, 1725. — Innocent Hubernagel, allemand, profès de Trisulti (États pontificaux ) (-j- 1735), a écrit en vers latins sur les sujets suivants : In fastos mosaïcos ; in Psalmos Davidis ; in IV Evangelistas ; in Acta aposlolica. — Raymond Nicolan, religieux de la chartreuse de Majorque, vers 1737, a expliqué les Figuras del Viejo Testamenlo alusivas à la Virgen Maria (manuscrit). — Claude Guichenon, prieur d’Orléans († 1740), a laissé un manuscrit in-4° intitulé : Brèves annolationes in prsecipua et dif/iciliora loca Psalmorum, qui se trouve à la bibliothèque de Loches.

— Un religieux anonyme écrivit, en 178(3, un traité de perfection religieuse composé uniquement des textes de l’Écriture. Cet ouvrage manuscrit est aux archives de la Grande -Chartreuse. — Joseph de Martinet, chartreux de Marseille, célèbre par ses vertus et par son zèle à exercer lé saint ministère dans cette ville pendant la Terreur, mort en odeur de sainteté, le 12 juin 1795, a laissé un certain nombre de traités et de commentaires sur les Livres Saints, dont il sera parlé avec plus de détails dans un article spécial.

Au commencement de notre siècle, un chartreux anonyme de Venise entreprit de mettre en un meilleur ordre la partie littérale du commentaire de Denys Rickel sur les Psaumes. Ce travail, en un gros volume in-f°, se trouve à la chartreuse de Sélignac (Ain). D’autres religieux de l’ordre ont continué à notre époque à s’adonner à l’étude des Saintes Écritures et à composer des commentaires pour leur usage personnel, mais ils n’ont pas été donnés au public.

Pour développer de plus en plus le goût et l’intelligence du texte sacré et pour en faciliter l’élude, l’ordre a fait réimprimer, à la chartreuse de Montreuil-sur-Mer, les

commentaires de saint Bruno, de Ludolphe et de Denys le Chartreux, et en a mis des exemplaires dans toutes les cellules des religieux de chœur. De l’imprimerie de cette maison sont sortis aussi les ouvrages scripturaires suivants : Liber Psalmorum Vulgalx editionis, in-16, 1881 ; Biblia sacra Vulgalas editionis ad usum sacri Ordinis cartusiensis, 1 in-f°, 1884 ; SanclaJesu Christi Evangelia, in-8°, 1884 ; Epistolm B. Pauli apostoli, in-8°, 1884. Elle prépare en ce moment une nouvelle édition des œuvres complètes de Denys. Ses seuls commentaires sur l’Écriture Sainte formeront quinze volumes grand in-8°, à deux colonnes. Le texte sera conforme aux éditions données par les chartreux de Cologne. M. Autore.

    1. CHASELON##

CHASELON (hébreu : Kislôn, « espérance ; » Septante : XotuXwv), père d’Élidad, de la tribu de Benjamin. Num., xxxiv, 21.

    1. CHASLUIM##

CHASLUIM (hébreu : Kasluhim ; Septante : Xoto^wviet’p. ), nom d’un peuple descendant de Mesraïm, mentionné seulement dans la Genèse, x, 14, et dans le passage parallèle du premier livre des Paralipomènes, I, 12 (Dans le premier endroit, la Vulgate écrit Chasluim, et dans le second Casluim). Le Targum de Jonathan rend Kasluhim par Pentapolites ; celui de Jérusalem, par Pentascénites. Voir Walton, Biblia Polyglotta, t. iv, p. 18.

I. Identification. — Il est impossible de dire avec certitude quel est le peuple ainsi désigné. — 1° Bochart, Phaleg, iv, 31, Opéra, Leyde, 1C92, col. 285-290, l’a identifié avec les Colchidiens, qui étaient une colonie égyptienne, d’après plusieurs auteurs anciens. Apollonius, Argonaut., iv, 277 ; Valerius Flaccus, Argonaut., v, 421 ; Hérodote, II, 104 ; Diodore de Sicile, i, 28, 55 ; Denis Périégète, p. 689 ; Ammien Marcellin, xxii, 22, etc. Un grand nombre d’exégètes ont adopté cette opinion : Gesenius, Thésaurus, p. 702 ; Frd. Keil, Genesis und Exodus, 2e édit., 1866, p. 119, etc. La Colchide fut célèbre dans l’antiquité par l’expédition fabuleuse des Argonautes, qui allaient y conquérir la toison d’or. C’est une contrée d’Asie d’une fertilité merveilleuse, arrosée par le Rioné, ancien Phase, et le Tchorok, ancien Bathys. Elle avait pour limites le Caucase au nord, l’Ibérie à l’est, l’Arménie au sud, et le Pont-Euxin à l’ouest. Elle forma aujourd’hui le gouvernement russe de Kotatis, comprenant les provinces d’Iméréthie, de M ngrélie et de Gourie.

— Chardin, Voyage en Perse, 3 in-4°, Amsterdam, 1711, ’t. i, p. 41, dit en parlant des Mingréliens : « Je n’ai pu… m’assurer autant que j’aurais voulu de l’origine de cette nation, que Diodore le Sicilien et d’autres auteurs font sortir de l’Egypte et être une colonie de Sésostris, ce qui n’est pas fort vraisemblable. » Quoi qu’il en soit d’ailleurs, il y a tout lieu de croire que la Genèse n’a pas voulu désigner par les Chasluim les habitants de la Colchide. Fr. de Hummelauer, Commentarius in Genesim, in-8°, Paris, 1895, p. 323. Elle énumère, en effet, ces descendants de Mesraïm au milieu d’autres peuples qui habitaient l’Egypte ou son voisinage, et semble indiquer par là qu’ils demeuraient dans les mêmes régions.

2° D’autres exégétes, tels que Chr. J. Bunsen, Vollstàndiges Bibelwerk, t. i, Leipzig, 1858, p. 26, croient que les Chasluim habitaient entre Gaza et Péluse, sur les bords du lac Serbonis et le long du rivage de la Méditerranée, dans la province de Cassiotis ou Cassiotide, ainsi nommée du mont Casius, à la frontière nord-ouest de l’Egypte. Pline, H. N., v, 12, 14 ; Strabon, xvi, p. 759 ; Etienne de Byzance, p. 455. On ne peut du reste donner d’autre preuve en faveur de cette opinion que la similitude de la première syllabe dans Kas-luhhn et Cas-siotis, ce qui est un argument bien faible. Cf. Knobel, Die Vôlkertafel der Genesis, in-8°, Leipzig, 1850, p. 290. M. G. Ebers a cherché à établir plus solidement cette opinion dans son Aegypten und die Bûcher Mose’s, in-8°, Leipzig,