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CHARMEUR DE SERPENTS

CHARPENTIER

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rabat le couvercle sur lui, jusqu’à ce qu’il ait appris à se tenir tranquille sur sa queue, à se balancer au son de la musique et à ne plus essayer de s’enfuir. S’il devient plus agité que d’ordinaire, on lui extrait ses crochets par ; mesure de précaution. — Les charmeurs qui opèrent de nos jours en Egypte obtiennent les résultats les plus surprenants. Ils ont un certain flair qui leur permet de reconnaître la présence d’un serpent caché dans une vieille muraille et même d’indiquer sa taille avant de l’avoir vu. Ils le font sortir en promenant une simple baguette le long du mur, le saisissent par la tête, lui font mordre leurs vêtements et lui arrachent les dents en le tirant brusquement pendant cette morsure, le prennent eux-mêmes dans leur bouche, le projettent à terre, le ressaisissent, etc. Ces exercices, se font dans des conditions qui excluent tout soupçon de supercherie. Toutefois le charmeur ne réussit pas toujours à se préserver des morsures de l’animal. Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 1896, t. ii, p. 595-602.

II. Les charmeurs dans la Bible. — 1° Les magiciens de l’Exode. — Le premier signe de sa mission que Moïse donna au pharaon d’Egypte consista à faire changer en serpent la verge d’Aaron. Les magiciens en firent autant, « au moyen d’incantations. » Mais la verge d’Aaron dévora les leurs. Exod., vii, 10-12. II ressort du contexte que Moïse agit en cette circonstance d’après l’ordre de Dieu et avec le concours de sa puissance surnaturelle. Exod., vu, 9. Quant aux magiciens, il est probable que le démon vint à leur aide, surtout à une époque et dans un pays où sa puissance s’exerçait avec une liberté presque entière. C’est le sentiment de la plupart des commentateurs. Voir Calmet, Commentaire littéral sur l’Exode, Paris, 1717, p. xiv-xxviii. Toutefois, une partie du pouvoir des charmeurs égyptiens leur venait aussi de leur habileté naturelle. On prétend que certains jongleurs, en prenant avec les doigts la nuque du cobra, réussissent à le faire tomber dans un état magnétique qui le rend raide et immobile, comme s’il était changé en verge ou en bâton. Tristram, Natural history, p. 273. Les magiciens égyptiens auraient donc pu se présenter avec des serpents ainsi réduits en une sorte de catalepsie, et rendre le mouvement à ces reptiles en les projetant à terre. Toujours est-il que le pouvoir dont Moïse était investi dépassait de beaucoup le leur, comme le montra le dénouement de la scène.

2° Les charmeurs chez les Hébreux. — Saint Jacques, m, 7, admet que le pouvoir du charmeur peut être purement naturel, quand il dit que « toutes les espèces de bêtes, d’oiseaux et de serpents seront domptés par l’homme ». Salomon avait déjà dit d’une manière analogue : « Le serpent mord, faute d’incantation. » Eccle., x, 11. Mais comme cet art pouvait servir à tromper et surtout à voiler l’intervention du démon, Moïse défend de tolérer parmi son peuple le hôbêr hâbér, celui qui « pratique les enchantements ; » ce qui, d’après l’interprétL « tion probablement trop étroite de Raschi, s’appliquerait spécialement aux charmeurs de serpents. Deut., xviii, 11.

— Les charmeurs ne réussissaient pas toujours dans leur entreprise. Tristram, The natural history, p. 273, remarque qu’aujourd’hui encore « il n’est pas rare que, malgré toutes les précautions, la vie du charmeur soit sacrifiée dans quelqu’une de ses exhibitions ». Les charmeurs le savaient par leur expérience, et ils étaient parfois victimes du danger auquel ils s’exposaient. « Qui aura pitié du charmeur (ènacuSôv, incantator), mordu par le serpent, ou de ceux qui approchent des bêtes ? » dit le fils de Sirach. Eccli., xii, 13. D’ailleurs toutes les espèces de serpents ne sont pas sensibles à l’action du charme. Jérémie, viii, 17, annonce que le Seigneur enverra pour punir les Israélites « des serpents contre lesquels il n’y a pas de charme, lal.ias ». Le psalmiste, Ps. lviii (lvii), 5, 6, dit aussi des juges iniques : Leur venin est semblable au venin du serpent, De l’aspic sourd qui ferme son oreille,

Qui n’entend pas la voix des enchanteurs, Du charmeur habile dans son art.

Ce texte ne suppose pas qu’il existe des serpents naturellement sourds. La « vipère sourde qui ferme son. oreille » est simplement un serpent qui entend, mais qui agit comme s’il n’entendait pas, et qui ne subit pas l’action du charme. La comparaison est alors très juste entrele reptile rebelle à l’incantation et le juge inique volontairement sourd à la voix de Dieu et de la conscience. Les serpents sont dépourvus d’oreille externe, ce qui a fait supposer par quelques-uns qu’ils n’entendent pas. Mais ils ont une oreille interne qui leur permet de percevoir les sons et même de se montrer très sensibles i certains d’entre eux. Les histoires de serpents se bouchant les oreilles avec la queue ou avec de la poussière, pour ne pas entendre la voix du charmeur, proviennent d’une interprétation trop servile du texte cité plus haut, et ne reposent sur aucun fondement. — Notre -Seigneur donna aux soixante-douze disciples le « pouvoir de marcher sur les serpents » avec leurs pieds nus, Luc, x, 19, et à tous ceux qui devaient croire en lui celui de « saisir les serpents » avec leurs mains. Marc, xvi, 18. Bien entendu, le pouvoir ainsi conféré n’est pas celui du charmeur. Sans doute, quand il plaira à la divine Providence, le disciple du Sauveur pourra toucher les serpentssans courir aucun danger, comme il arriva pour saint Paul. Act., xxviii, 3. Mais ce pouvoir de fouler aux pieds ou de saisir les serpents est surtout symbolique ; car cesserpents, ce sont les démons, que les disciples ont la mission de combattre et d’écraser. Cf. Apoc, xii, 9 ; Ps. xc, 13.

H. Lesêtre.

CHARMI. Nom de trois personnages, dont deux sont : mentionnés dans le texte hébreu et un dans le livre de-Judith.

1. CHARMI (hébreu : Karmî ; Septante : Xapjii), quatrième fils de Ruben, Gen., xlvi, 9 ; Ex., vi, 14 ; Num., xxvi, 6 ; I Par., v, 3, chef de la famille des Charmites. Num., xxvi, 6. Ecrit Carmi, I Par., v, 3.

2. CHARMI (hébreu : Karmî ; Septante : Xocpni), fils, ou plutôt descendant de Juda, I Par., iv, 1 ; il était fils de Zabdi ou Zamri et petit-fils de Zara, I Par., ii, 6 ; Jos., vil, 18, et père ou ancêtre d’Achan, qui fut lapidé par ordre de Josué. Jos., vii, 18.

3. CHARMI (Septante : Xapii ? ;  ; Codex Alexandrinus : Xa), [x.e ;  ; ), un des anciens du peuple, auquel Judith se plaignit de ce qu’Ozias avait promis de rendre Béthulie, si Dieu ne les secourait pas dans cinq jours. Judith, vi, 11 ; vm, 9 (Septante : vi, 15 ; viii, 10). Les Septante, qui le mentionnent, de plus, nommément x, 6, en font le fils de Melchiel, et non seulement un des anciens, îip£<r6u~Épo : , mais un des trois chefs de la cité, apxovreç, VI, 15. La Vulgate, vi, 11, dit que Charmi s’appelait aussi Gothoniel ; mais il doit y avoir une lacune dans le texte. Les Septante, qui dans trois passages nomment les trois anciens de Béthulie, (tandis que le texte latin abrège ou supprime même les noms, comme Judith, x, 6), disent expressément, Judith, vi, 15, que Gothoniel était le père d’Abris (pour Chabri) ; il est par conséquent différent de-Charmi. E. Levesque.

    1. CHARMITES##

CHARMITES (hébreu : hak-Karmi ; Septante : Xap[u ; Vulgate : Charmitse), descendants de Charmi, quatrième fils de Ruben. Num., xxvi, 6. Voir Charm 1.

CHARPENTIER. Hébreu : Ifârâs, de haras, « tailler, » l’artisan qui taille et travaille le bois, et qui pour cela est appelé assez souvent : hârâi’êsim, « celui qui taille les bois ; » hôtêb, de hâtab, « fendre ; » Septante : ~ ; y.Tù>v, £uXox<fao ;  ; Vulgate : faber, lignorum exsor. Ces différents.