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CHARGAMIS — CHARDON


et avait identifié la première avec Charcamis, d’après ses notes, publiées par Delilzsch, Wo lag das Paradies, p. 266 ; voir aussi Eb. Schrader, Keileinsc.hr. und Geschichtsf., p. 225. — H. Sayce, The Academy, 4 novembre 1876, p. 454, et Delitzsch admirent cette identification, ouvr. cit. — J. Menant, Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, t. xxxii, part. ii, 1891, p. 201-273, montra, p. 236-271, que de ces deux amas de ruines, celui de la rive gauche de l’Euphrate était bien Tul-Barsip = Kar-Salmanasar, et celui qui se trouve sur l’autre rive, un peu au sud, Charcamis. (Voir la carte d’Assyrie, t. i, vis-à-vis la col. 1147.) Cette situation est exactement celle qu’indiquent les textes assyriens, notamment celui d’Assur-nazir-apal, roi de Ninive, qui, venant d’Assyrie, traverse d’abord l’Euphrate avant d’entrer dans Charcamis, puis rencontre à l’ouest le fleuve Apri’, VAfrin actuel ; YArante ou l’Oronte, le Labnana ou Liban, et la mer du pays d’Aharru, la mer Méditerranée. Voir Menant, ouvr. cit., p. 228-232, 240, et Annales des rois d’Assyrie, p. 88-89. D’ingénieux rapprochements permettent de croire que M. J. Menant a retrouvé, parmi les textes exhumés à Djeràblus, le nom même de la vieille capitale. Ce nom est composé de deux signes idéographiques, l’un ayant l’apparence d’une flèche, l’autre d’une sorte de fleur jointe au déterminalif en forme de cercle qui désigne les dieux : or cette fleur jointe au cercle est précisément le nom du grand dieu figuré sur le bas-relief de Yasili-Kaïa. Le nom de la capitale héthéenne serait donc composé d’un nom commun, puis d’un nom propre de dieu. , D’autre part, Charcamis se décompose tout naturellement, comme l’avait déjà entrevu Gesenius, en Char-Chamos, « forteresse du dieu Chamos. » — Le nom actuel, Djirbâs ou Djerâbis, d’où Maundrell a fait à tort Djerabolus, par une fausse identification avec Hiérapolis-Maboug, parait provenir du nom grec de cette localité, ’Qpmrcôc ou’Eupmic6{. Voir Isidore de Charax, Mansiones Parthicss, dans les Geographi grœci minores, édit. Didot, t. i, p. 244 et note 3 ; Pausanias, x, 29, édit. Didot, p. 532. — Après la mort de G. Smith, la localité fut fouillée par Henderson, et les objets ou textes découverts furent déposés au Musée britannique de Londres. Cf. Transactions of the Society of Biblical Archxology, t. vii, p. 429.

A en juger par ses ruines, la cité proprement dite n’était pas très grande, et n’avait que trois kilomètres de tour environ ; mais ses faubourgs se prolongeaient dans la direction du sud, le long de l’Euphrate. Le côté de la ville que le fleuve ne protégeait pas était défendu par un double rempart, encore présentement haut de huit à dix mètres. Au nord-est de l’enceinte oblongue ainsi formée se trouve un tertre où était la cité royale, et où l’on a retrouvé des ruines de palais et des restes de bas-reliefs ; une déesse ailée et nue comme l’Istar-Vénus de Babylone, et coiffée d’une sorte de cône tronqué ; des personnages velus d’une longue robe ou d’une courte tunique frangées, et chaussés des bottines à pointe recourbée, caractéristiques des monuments héthéens. Ces bas-reliefs tapissaient les parois d’une sorte de grande salle longue et étroite (vingt mètres sur cinq), analogue à celle des palais assyriens. Voir Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, t. iv, p. 531 et 807-811 ; Vigouroux, Mélanges bibliques, 2e édit., p. 885-411.

E. Pannier.
    1. CHARCHAS##

CHARCHAS (hébreu : Karkas ; Septante : ©ap*gct), le septième des sept eunuques du roi Assuérus. Esth., i, 10. D’après Oppert, Commentaire historique et philologique du livre d’Esther, dans Annales de philosophie chrétienne, janvier 1861, p. 25, c’est le nom perse karkaça, qui désigne un oiseau.

CHARDON. Hébreu : hoah ; Septante : à’xav, IVReg., xiv, 9 ; àx/owxi II p a r - ! x xv i 18 ; xvi’Sii, Job, xxxi, 40 ;

| « xav8ai, Prov., xxvi, 9 ; Cant., ii, 2 ; Ose., rx, 6, et omis dans Is., xxxiv, 13 ; Vulgate : carduus, IV Reg., xiv, 9 ; II Par., xxv, 18 ; tribulus, Job, xxxi, 40 ; spina, Prov., xxvi, 9 ; Cant., ii, 2 ; paliurus, Is., xxxiv, 13 ; lappa, Ose., ix, 6.

I. Description. — Le chardon est un genre de plantes herbacées, épineuses, de la famille des Composées, tribu des Cynaroïdées. La tige, dressée, simple ou rameuse, est terminée par des capitules globuleux ou ovoïdes ; les feuilles épineuses ou bordées d’épines ; les fleurs égales, tubuleuses, en général pourpres ou quelquefois blanches ; les écailles de l’involucre presque toutes terminées par

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204. — Notobasts syriaca. D’après un spécimen du mont Sion,

une épine. Autrefois ce genre comprenait un très grand nombre d’espèces, mais on a créé à ses dépens plusieurs genres nouveaux. Cependant le langage vulgaire continue d’appeler du nom de « chardon » les diverses espèces de ces différents genres voisins ; et même il applique improprement ce nom à beaucoup de plantes armées d’épines, qui n’ont avec lui qu’une ressemblance assez lointaine. Le chardon est une plante très nuisible à l’agriculture, qu’on a de la peine à détruire ; il se propage très facilement, à cause de ses graines aigrettées que le vent transporte au loin. La Palestine est riche en chardons de tout genre. Parmi les Carduacées les plus communes, on peut citer le Carduus pycnocephalus, le Carduus argentatus, les Circium lanceolatum et arvense, et surtout le Notobasis syriaca (fig. 204) aux puissantes épines, répandu dans toute la Palestine. En dehors des Carduacées, mais dans les genres voisins, l’Atractylis comosa (fig. 205), le Carthamus oxyacantha, le Scolymus maculatus, sont très abondants dans les champs et les plaines de la Terre Sainte.

II. Exégèse. — Le Iioah est présenté dans l’Ecriture comme une de ces mauvaises herbes qui poussent dans les ruines, Is., xxxiv, 13, et sont le signe d’une terre abandonnée, Ose., ix, 6 ; comme une plante très nuisible aux céréales, Job, xxxi, 40, croissant dans les champs à côté des lis ou anémones, Cant., ii, 2 ; comme une plante