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CHARCAMIS

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Josias, roi de Juda, qui refusait de lui livrer passage et qui périt dans le combat ; il y laissa même une garnison égyptienne. Nabopolassar, roi de Babylone, regarda la prise de cette ville comme une menace pour son propre royaume ; et, en 603, il envoya contre le roi d’Egypte son fils Nabuehodonosor. Néchao vint à sa rencontre pour défendre sa nouvelle conquête, mais fut totalement battu aux environs de Charcamis, perdit ses conquêtes asiatiques et fut poursuivi jusqu’à Péluse : là Nabuchodonosor apprit la mort de son père et se hâta de rentrer à Babylone, non plus en suivant la longue route de Charcamis, mais en se lançant à travers le désert à la tête d’une légère escorte. Jer., xlvi, 2 ; II Par., xxxv, 20 ; cf. II (IV) Reg., xxiii, 29 ; Josèphe, Ant. jud., X, vu, 11.

Malgré la conquête assyrienne, cette ville resta tou x, 9, édit. de 1714, p. 125 ; sur IV Rois, xxiii, 29, édit. de 1721, p. 716, la placèrent à Circésium, actuellement AbouSerai, sur la rive gauche de l’Euphrate, au confluent du Chabour ; l’identification reposait d’abord sur la ressemblance des deux noms, biblique et classique, et ensuite sur ce fait que Circésium, comme Charcamis, était situé sur l’Euphrate, à l’endroit où l’on traversait communément ce lleuve. Ammien Marcellin, 1. xxiii, c. 5. Mais on n’a pas encore trouvé de ruines héthéennes à Circésium ; de plus, les textes assyriens lui donnent le nom de Sirhi et la distinguent soigneusement de Garga-niis. G. Rawlinson, guidé par les textes assyriens, constata que Charcamis devait êlre située beaucoup plus haut sur le cours de l’Euphrate, et indiqua comme sa situation probable Hiérapolis, Maboug dans les textes syriaques, — l’Ancien Testament syriaque remplace, en

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203. — Ambassadeurs do Charcamis payant te tribut à Salmanasar II, rot d’Assyrie. D’après The Bronze Ornctments

of the Palace Gates of Balawat, E, 4.

jours un centre de commerce très actif entre l’Orient et la Mésopotamie et la Babylonie d’une part, et de l’autre l’Asie Mineure, la Phénicie et l’Egypte. L’Euphrate y offrait un passage facile, et y commençait à devenir navigable : c’était un lieu tout indiqué pour les échanges. Aussi les textes assyriens mentionnent - ils souvent, comme un poids connu partout, la mine de Charcamis. The Cuneiform Inscriptions of the Western Asia, t. iii, pi. 47, n. 1, 6 et 9. On peut donc admettre avec vraisemblance qu’insensible aux changements politiques, elle fut davantage atteinte par un changement d’itinéraire des caravanes pour la traversée du haut Euphrate, qui vint lui enlever sa prospérité et la réduire à l’abandon. De fait, sous les Perses, qui succédèrent aux Babyloniens comme ceux-ci avaient remplacé les Assyriens, on ne trouve plus de mention de cette ville, et bientôt l’ancienne capitale héthéenne, ensevelie sous ses propres ruines, tombe dans le inème oubli que les capitales assyriennes, laissées elles-mêmes quelque temps inhabitées, comme en témoigne Xénophon, Anab., iii, 4, et bientôt après devenues des amas de décombres. Le nom de Charcamis fut conservé par la Bible et par Josèphe ; à notre époque, on l’a retrouvé dans les inscriptions égyptiennes et assyriennes ; mais la situation exacte de cette ville est restée ignorée jusque dans ces dernières années.

Benjamin de Tudèle et Bochart, suivis de la plupart jdes anciens, Calmet, Commentaire littéraire sur Isaïe,

effet, le nom de Charcamis par celui de Maboug, — actuellement Menbidj. G. Rawlinson, The five great monarchies, 4e édit., Londres, 1879, t. ii, p. 67. M. Maspero, s’appuyant sur les inscriptions égyptiennes qui traçaient l’itinéraire des pharaons en Asie, rejeta également le site de Circésium, et admit comme certain celui de Maboug. De Charchemis oppidi situ et historia antiquissima, 1872, p. 14 et suiv. ; Histoire des peuples de l’Orient, 1886, p. 180. — Nôldeke arriva à la même conclusion négative quant à Circésium, mais donna la préférence à Kala’at Nadjem, Gôtting. Nachricht., 26 janv. 1876, n. 11, 13, 15 ; cette localité est située un peu à l’est de Maboug, et toujours sur la rive droite de l’Euphrate. En effet, la Bible et les textes assyriens placent la capitale héthéenne sur l’Euphrate. Or Maboug en est assez éloignée. — À son tour, Eb. Schrader, Keilinschriflen und Geschichtsforschung, 1878, p. 225, montra par les inscriptions assyriennes que Kala’at Nadjem est encore trop méridionale, que, spécialement d’après l’inscription de Samsi-Ramman, ibid., p. 223, Charcamis était située en face de Kar-Salmanasar, plus anciennement Tul-Barsip, et au nord du confluent du SaJjour. — Déjà, en 1876, Georges Smith, quelques jours avant sa mort, avait exploré cette région, particulièrement les Jeux sites de Yarabolous et de Biradjik (suivant sa transcription], l’un sur la rive droite, l’autre sur la rive gauche de l’Euphrate, y avait remarqué des ruines héthéennes considérables,