Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/287

Cette page n’a pas encore été corrigée

CHANT

CHANTRES DU TEMPLE

556

La terminologie musicale dans le vocabulaire hébreu est fort restreinte. Le mot sir désigne le « chant », aussi bien le texte destiné à être chanté que le jeu des instruments (kelé sir, II Par., xxxiv, 12). Niggên, « toucher avec la main, palper, » et zammêr, « couper, tailler, » d’où « diviser les sons » sur les cordes de la harpe ou avec la voix, « moduler, » appliqués d’abord au jeu des instruments à cordes, comme le grec" J/iXXtn, signifièrent également le chant lui-même et les paroles chantées, iti).u.o ; . Hnmôn et hémyâh signifient le « bruit » de l’instrument, la « vibration » des cordes, ^>bz : mDTi îj’Hiî ï*nn, « le bruit de tes chants et le son

de tes harpes. » Amos, v, 23. Voir Is., xvi, 11. Terû’âh, le « bruit », les clameurs, les cris de joie, est chez les juifs modernes le nom d’une sonnerie particulière de la trompette. Voir Trompette. Tegî’àh s’applique au son prolongé des trompettes et des instruments à vent (voir Musica vet. Rébrxorum, c. i, dans Ugolini, Thésaurus,

neté des diverses sortes de chants dont ils usent de nos jours ne peut être prouvée. J. Parisot.

CHANTEURS. Voir Chant sacré, Chanson, Chantres DU TEMPLE.

CHANTRES DU TEMPLE. Le service musical dans les cérémonies religieuses du peuple juif fut organisé sous le règne de David. Jusqu’à cette époque, il ne paraît pas que le chant religieux eût reçu de réglementation. En distribuant les offices des ministres sacrés, David établit vingt-quatre classes de musiciens, sous la direction des chefs de chœur Àsaph, Héman, Idithun (Éthan). I Par., xv, 16, 22 ; xvi, 4-42 ; xxiii, 5, 30 ; xxv. L’auteur des Paralipomènes porte à deux cent quatrevingt-huit le nombre des maîtres musiciens, choisis entre quatre mille chanteurs. I Par., xxv, 7, et xxiii, 5. David lui-même les formait au chant sacré, d’après Josèphe,

[[File: [Image à insérer]|300px]]
192. — Chanteurs susiens précédés do musiciens. D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. II, pi. 49.

t. xxxii, col. ix-xi), et sebdrîm, dans l’hébreu moderne, aux sons détachés bu « brisés, » trilles. Pârat, Amos, vi, 5, signifie, comme plus haut zammêr, « distinguer » les sons, « moduler ». Qôl, la « voix », s’emploie, de la même manière que le syriaque qàlàh, pour désigner le « ton », la « note » musicale. Voir Siltê haggibôrim, dans Ugolini, Thésaurus, t. xxxii, col. x, xi. On emploie encore dans le sens de « chanter » hasmiâ’, « faire entendre, » donner de la voix, Ps. xxvi (xxv), 7 ; II Esdr., xii, 42 ; ’ânâh, « élever la voix, répondre, » et rânan, « retentir, pousser des cris ». Dans l’hébreu rabbinique, on trouve niggûn, dérivé de naggén (ci-dessus), « musique » ; ne’imâh, « chant, mélodie, » sens dérivé probablement de l’expression niTDT am, « agréable par ses chants ».

II Reg., xxiii, 1. Voir Musique.

Vraisemblablement il n’exista dans l’antiquité hébraïque ni notation, ni nomenclature musicale, ni enseignement théorique. Les mélodies se transmettaient par la seule voie de la pratique ou de la routine, les signes musicaux, qui apparurent chez les Grecs plusieurs siècles avant J.-C, n’ayant commencé à être adoptés par les diverses nations orientales que vers le IVe siècle de notre ère. Aussi la destruction du Temple et la dispersion du peuple juif amenèrent - elles l’anéantissement des traditions musicales des lévites. Des instruments de musique, non plus que du mobilier du Temple, il ne resta rien, si ce n’est quelques représentations fournies par les bas-reliefs de l’arc de Titus ou les peintures sur verre des catacombes. Les émigrés juifs emportèrent cependant partout où ils s’établirent les pratiques de leur culte, la lecture des livres sacrés et leurs formules de prières ; mais l’ancien Ant. jud., VII, xi, 3. L’influence de Samuel ne fut peut-être pas étrangère à cette organisation. Cf. I Reg., x, 5 ; xix, 20 ; Ps. xcix (xcvni), 6 ; I Par., ix, 22. Le prophète avait pu la préparer ; toujours est - il que ses fils et ses disciples y eurent un rôle prépondérant. Samuel fut, en effet, l’aïeul du chantre et psalmiste Héman, que l’auteur des Paralipomènes appelle « le premier prophète du roi pour le chant des hymnes sacrés », I Par., vi, 33 ; xxv, 4, 5 ; et sur le nombre des vingt-quatre chefs musiciens institués par David, nous trouvons quatorze fils d’Héman. I Par., xxv, 4, 5.

Vêtus comme les prêtres de tuniques de liii, I Par., xv, 27 ; II Par., v, 12 ; Josèphe, Ant. jud., VIII, ii, les chantres occupaient dans la cour intérieure du Temple, ou cour des Prêtres, un lieu élevé, — si l’on peut interpréter en ce sens le texte de Néhémie, II Esdr., ix, 4 (la tradition juive dit une « estrade », jdit, dûkân), — en

face du tabernacle, I Par., vi, 32, à l’orient de l’autel des holocaustes, II Par., v, 12 ; Eccli., XL vii, 11, près de la porte qui séparait la cour des Prêtres du parvis du Peuple, ou parvis d’Israël. Selon d’autres textes rabbiniques, ce lieu élevé attribué aux chantres était soit la plate-forme située au haut de l’escalier qui du parvis d’Israël donnait accès à la cour des Prêtres, soit encore le perron placé devant les portes extérieures. L’une et l’autre tradition peuvent se concilier. Il est possible que les lévites musiciens, qui devaient se tenir près de l’autel durant l’offrande des sacrifices, sortissent de l’enceinte réservée aux prêtres lorsque les cérémonies se déployaient à l’extérieur et que le peuple devait prendre part au chant. Les chantres de service avaient leur habitation,