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CHANGEURS DE MONNAIE


Matthieu, xxi, 12 ; saint Marc, xi, 15, et saint Jean, ii, 15, racontent que NotreSeigneur chassa du Temple, en même temps que les marchands de victimes pour les sacrifices, les changeurs de monnaie, et qu’il renversa les tables de ces derniers. Simon Machabée avait obtenu, en l’an 138 avant J.- C. d’Antiochus VII Sidètes le droit de battre monnaie. I Mach., xv, 6. C’est probablement à partir de cette époque que le change commença à exister en Judée. Dès ce moment devait circuler dans le pays la monnaie des Séleucides et des Ptolémées, sur laquelle étaient représentées les têtes de ces princes et les images des divinités païennes. Plus tard, les Romains introduisirent à leur tour leur propre monnaie. Or l’impôt d’un demisicle que les Juifs devaient au Temple ne devait être payé par eux régulièrement qu’en monnaie juive. De là vint la nécessité d’avoir recours à des changeurs. Du 15 au 25 du mois d’Adar, époque pendant laquelle l’impôt était recueilli à travers le pays (voir Capitation), les changeurs accom J/

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188. — Changeur de monnaie. Bas-relief du Musée du Vatican.

pagnaient les collecteurs dans les villes et dans les villages. A dater du 25 Adar, l’impôt n’était plus perçu qu’à Jérusalem, sur les indigènes et sur les étrangers qui venaient dans cette ville pour les fêtes de la Pâque ; les changeurs s’installaient alors dans la cour des Païens. En agissant ainsi, ils violaient le respect dû au Temple, et leur présence à l’intérieur du parvis, quoiqu’elle fût tolérée en pratique, était un abus. Mischna, Berakhoth, IX, 5 ; Talmud de Babylone, Yebamoth, fol. 6 b. Cf. E. Stapfer, La Palestine au temps de JésusChrist, 6e édit., in-8°, Paris, 1893, p. 394. Les Israélites zélés furent donc heureux de voir Notre -Seigneur rappeler sévèrement les changeurs et les marchands à l’observation des règlements.

L’agio payé pour le change de la monnaie s’appelait en grec xô).), ’jëoç. Ce mot se trouve déjà dans Aristophane, Pax, 1200 ; cf. Schol., ad Pacem, 1176, pour désigner une petite pièce de monnaie ; il est probablement d’origine phénicienne, et la Mischna le donne sous la forme rra’ip. Surenhusius, Schekalim, i, 6, t. ii, p. 179 ; Buxtorf, Lexicon chaldaicum, p. 2032. Cicéron l’emploie également, en le latinisant, pour désigner l’agio en général. In Verreni ad., Il, iii, 78, 180 ; Epist. ad Atlic, xii, 6. Son dérivé xoX>.yêio~riit, « changeur, » est employé par Lysias. Pollux, Onomasticon, vii, 33.

D’après le Talmud, le xôXVjëo ; payé pour le change d’un demi-sicle équivalait à une obole d’argent, soit environ à quinze centimes de notre monnaie. Comme chacun devait payer un demi-sicle, si deux personnes payaient un sicle pour leur impôt collectif, elles devaient donner le change en plus. Maimonide, De siclis, iii, pars I, ꝟ. 268. Cf. Buxtorf, Lexic. chaldaic, p. 2032 ; Othon, Lexic. rabbinic, p. 411 ; Lightfoot, Horsehebraicæ, p. 411. Les changeurs ne bornaient pas leurs opérations au change nécessaire à l’impôt du demi-sicle, ils fournissaient aussi de la petite monnaie ou des pièces de plus grande valeur, suivant les besoins du commerce. Ils faisaient aussi la

banque en prêtant de l’argent à intérêt, comme nous le voyons dans la parabole des talents, où saint Matthieu, xxv, 27, les appelle TpaTteÇiVai, numularii. Saint Luc, xix, 23, dit que c’est « donner son argent à la banque », xpâiteÇa. Plusieurs anciens Pères attribuent à Notre-Seigneur et citent souvent une parole qui ne se lit pas dans le Nouveau Testament : « Soyez de bons banquiers. » rîvc<r6e êe 50v.tfj.oi TpaiteÇitai. Clément d’Alexandrie, Strom., i, 28, t. viii, col. 924, etc. Voir toutes les citations réunies dans A. Resch, Agrapha, in-8°, Leipzig, 1889, p. 116-127.

Il n’existait de changeurs m chez les Égyptiens ni chez les Assyriens, du moins ni les textes ni les mo 189.

D’après Boldetti, Osi

— Autre changeur de monnaie.

rrazionl lopra)’cimelcri, Borne, 1720, p. 212.

numents n’en parlent. Leur absence s’explique d’ellemême, puisque ces peuples n’avaient pas de monnaie. Au contraire, les Grecs connurent les changeurs dès l’époque classique. 1) en est souvent fait mention dans les auteurs sous le nom de xpaiteÇiTou. Lysias, Frag., 2, 2 ; Démosthène, édit. Baiter, p. 1180, 7. Polybe, xxxii, 13. Cf. Plaute, Asin., ii, 4, 30-34 ; Curcul, v, 2, 20. Ce nom leur venait de ce qu’ils s’installaient sur les places publiques, assis à une table (xpiitEÇot, Matin., xxi, 12 ; Marc, xi, 15 ; Luc, Xix, 23 ; Joa., Il, 15), sur laquelle ils plaçaient leurs pièces d’or et d’argent, comme ils le font encore aujourd’hui dans les villes d’Orient au coin des rues ou sur les places publiques. Aussi les auteurs grecs appellent-ils leur métier « le métier de la table », t) èpfairia y) ttj ; TpanéÇ/iç. Démosthène, édit. Backer, p. 946, 4 ; 895, 15, etc. ; Isoerate, ibid., p. 358, 6. Plus tard, on leur donna le nom de x£pfj.aTiaTai, du mot x£pu.a, qui signifie petite pièce de monnaie. Maxime de Tyr, édit. Reiske, Diss. ii, n. 13. Cf. Athénée, Deipnosoph. , p. 533 a, 568 f, etc. ; Antholog., xi, 271. C’est le terme par lequel saint Jean, ii, 14, désigne la menue monnaie qui est sur la table des changeurs de Jérusalem. Les changeurs apparaissent pour la première fois à Rome vers l’an 309, sous le nom i’argentarii. Tite Live, ix, 40, 16. Ils faisaient le change des monnaies d’argent du sud de l’Italie et de l’Etrurie contre du bronze romain. Ils sont encore désignés sous le nom de numidarii et de mensarii ou mensularii. Suétone, Oclav., 4. Rs faisaient non seulement le change, mais toutes les opérations finan-