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CHANAAN

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auasi avec une légère modification par von Riess (Bibel-Atlas, 2e édit.). Voici en peu de mots les identifications proposées par ces savants : Héthalon est Heitelâ, au nord de Tripoli, entre le Nahr’Akkâr et le Nahr el-Kebîr. (Le mont Hor désigne conséquemment les derniers contreforts septentrionaux du Liban.) — L’entrée d’Émath, d’après Furrer, est le commencement de la vallée de Hamàh proprement dite, près i’Er-Restân ; d’après von Riess : la vallée du Nahr el-Kebîr, qui conduit de Tripoli à Homs et Hamah. — Zefrôna est Safraneh (d’après Robinson : Ez-za’feràrieh), à l’est-sud-est d’Er-Restân.

— Sedâd est Sadad, au sud-est de Homs, au nord-est de Nebq. — Bérôlha est Bereitdn, au sud de Baalbek.

— Sabarim est Sômerîyeh, à l’est du lac de Homs. — Haurân est Hawwârîn, au nord-est de Sadad. — Jfâsêr hat-likôn est Mâhîn, à deux kilomètres et demi au sud de Hawwârîn. — Hàsar’Ênân est Qiryatein, sur le chemin de Damas à Palmyre. — Sefâm est inconnu ; Furrer propose de le chercher à’Atnî, à quarante-six kilomètres au sud-sud-est de Qiryatein. — Harbêl est’Arbîn, à cinq kilomètres au nord-est de Damas. Ceux qui lisent Hâ-Riblâh l’identifient avec Rebleh, à l’est de l’Oronte, entre Baalbek et Homs.

Pour les difficultés de détail que présentent ces identifications, voir les articles spéciaux. L’objection générale à laquelle elles donnent lieu, c’est que ces frontières s’étendent à cent soixante-dix ou cent quatre-vingts kilomètres au nord du pays que les Israélites ont occupé de fait. Aussi croyons-nous pouvoir tracer avec plus de vraisemblance la ligne des frontières septentrionales le long du Liban méridional (ou du Nahr el-Qâsimîyeh) et du’Grand Hermon, et la ligne orientale le long du Rouqqâd et du Scherî’at el-Menâdireh (l’ancien Yarmouk) jusqu’à son embouchure dans le Jourdain. Dans un mémoire récent : La frontière septentrionale de la Terre Promise, présenté au Congrès scientifique des catholiques, à Bruxelles (1894), et publié dans la Revue biblique, 1895, p. 23-36, et dans le Compte rendu du Congrès, 2e sect., p. 124-136, nous avons proposé les identifications suivantes : Heflôn =’Adloûn, à une lieue et demie au nord du Qâsimîyeh, sur le chemin de Tyr à Sidon. — Le mont Hor = le Liban méridional. — L’entrée d’Émath = la Merdj’Ayoûn, la plaine ouverte qui sépare le Liban des contreforts occidentaux du Grand Hermon. — Sedâd (lisez : Serâd, avec le texte samaritain et la version samaritaine et le texte grec des Nombres) = Khirbet Serâdâ, à l’est de la Merdj’Ayoûn. — Bêrôtâh pourrait être Bârîs. — Zifrôn = Sarifâ [ ?] ou Fouroûn [ ?] (Ces trois villages se trouvent au midi du Qâsimîyeh.) Il est possible aussi que Zifrôn ne soit qu’une corruption du nom suivant. — Sibrayim = Khirbet Senbarîyeh, sur le Hasbânî, au sud-sud-est de la Khirbet Serâdâ. — tfâfêr ha{ - tikôn = Hazoûreh, au nord - est de Bâniyâs.

— Jfàsar-’Êndn — el-Hadr, au delà du Nahr Mougannieh, au pied sud-est du Grand Hermon. — Sefâm =’Ofâni, au sud d’el-Hadr. De ce point la frontière « descend » réellement jusqu’au Jourdain. —’Ayin =’Ayoûn, dans le midi du Djaulan. — Hâ Riblâh semble avoir laissé une trace de son nom dans le Zôr Ramliyéh, contrefort du plateau du Djaulan sur le Yarmouk, à l’est à" Ayoûn. On pourrait encore lire Hâ Abilàh, et comprendre la célèbre ville de ce nom, qui est, elle aussi, exactement à l’est d" Ayoûn. En descendant le long du Yarmouk la frontière « touchait à l’épaule de la mer de Kinnèrèf (c’est-à-dire aux hauleurs qui dominent le lac de Tibériade) vers l’est ».

Avouons que l’identification de Bérotha avec Bàris, à 20 kilomètres à l’ouest de la Khirbet Serâdâ, est assez précaire. En remarquant que les Septante au lieu de Bêrôtâh Sibrayim donnent MaiêG7jpi(ç *E6paij….) (B) ou MauTST ; pà( ; ’Espaji…) (A), on pourrait supposer une faute de copiste et penser à la Khirbet Bouqueiréh (Survey Map, Planche H Ob ; Memoirs, . i, p. 91), qui

n’est qu’à quatre ou cinq kilomètres de la même ruine. Ne discutons pas trop sur le Béroth du second livre des Rois (II Sam.), rai, 8. Il peut être identique à celui d’Ézéchiel, mais le nom y est encore plus douteux, le passage parallèle des Paralipomènes, les Septante et Josèphe présentant trois autres leçons. Voir Biïroth 3, t. i, col. 1625-1627. Il nous suffit de constater que sur Béroth nous ne savons rien d’assez certain pour abandonner notre hypothèse au sujet de la direction générale de la frontière.

D’après cet exposé, les limites de la Terre Promise des Nombres et d’Ézéchiel se confondent (ou à peu près) avec celles du pays conquis par Josué et habité encore par les Israélites aux temps de David, I Par., xiii, 5, de Salomon, III Reg., viii, 65 ; II Par., vii, 8, et de Jéroboam II, fils de Joas. IV Reg., xiv, 25 ; Amos, vi, 15. Alors, d’après tous ces passages, l’entrée d’Émath marquait la frontière « réelle » du territoire israélite, — comme ailleurs du reste elle est mentionnée avec Rohob, Num., xm, 22, ville d’Aser, Jos., xix, 28, 30 ; Jud., i, 31, et avec Baalgad sous le mont Hermon, Jos., xiii, 5, Jud., iii, 3, qui semble être identique à Bâniyâs. — Voir Baalgad. Cette manière de voir est confirmée encore par deux passages de la Mischna, Challâh, iv, 8 ; Schebiith, vi, 1, où le pays occupé par les Israélites « venus de l’Egypte » est décrit comme allant « jusqu’au fleuve et à VAmânâh ». Ce dernier nom, employé dans les Targums pour le mont Hor, ne peut désigner que le Liban méridional, tandis que « le fleuve » doit être le Nahr el-Qâsimîyeh.

Ajoutons que notre hypothèse seule rend compte d’un détail très remarquable du chap. xlviii d’Ézéchiel. Ici le prophète, en allant du nord au midi, divise la terre d’Israël, décrite au chapitre précédent, sur sa largeur entière en douze bandes égales, assignées aux douze tribus, — sans compter une zone plus large, qu’il appelle la Terournâh, « l’offrande, » et qui est considérée comme le partage des prêtres et des lévites. Elle consiste principalement dans Un carré de 25000 cannes (150000 aunes saintes) de côté, au milieu duquel, ou à peu près, est placé le « sanctuaire de Jéhovah », tandis que « la ville » sainte semble être à peu de distance, vers le midi. Ce qui reste à l’ouest et à l’est du carré est appelé la terre du Prince. On s’attend à voir cette Teroumâh placée au centre du pays ; mais Ézéchiel la place plus loin vers le midi, entre la septième et la huitième tribu. Si l’on demande la raison de cet arrangement, on n’en trouve pas d’autre que celle qui est donnée par Keil, Ezéchiel, Leipzig, 1868, p. 188, savoir : que « la ville » et son territoire (nous dirions plutôt : le sanctuaire, comme centre religieux) devait rester dans les environs de l’ancienne Jérusalem, — ce qui convient du reste avec la circonstance que la Teroumâh est placée entre les deux tribus de Juda et de Benjamin.

Malheureusement, si Ézéchiel, au chapitre précédent, étendait la Terre Sainte jusqu’à Er-Reslàn, toute la Teroumâh resterait à une distance très considérable au nord de Jérusalem. Et Keil lui-même, ouvrage cité, planche IV, n’échappe pas à cet inconvénient, quoiqu’il n’étende la frontière septentrionale que jusqu’à la Aïn Leboueh, au nord de Baalbek. Dans notre hypothèse, au contraire, le « sanctuaire de Jéhovah » reste exactement à la latitude du temple de Jérusalem. La distance de cette ville au Nahr el-Qâsimîyeh, en ligne droite et en chiffres ronds, est de cent soixante-dix kilomètres ; celle de Jérusalem à la frontière méridionale (’Aïn Qadis, 30° 33’latitude nord) est de cent trente kilomètres. En tenant compte <les diverses opinions sur la longueur de l’aune sainte (voir Keil, ouvr. cité, p. 492 ; Trochon, Ézéchiel, p. 278 ; Schegg, Bibl. archœol., p. 298), on peut évaluer les vingt-cinq mille cannes de la Teroumâh à environ soixante-dix kilomètres ; mais, mesurées selon les accidents d’un terrain montagneux, elles ne prendraient pas plus de soixante