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CHAMEAU


que des chameaux attelés à des chariots figurèrent dans la grande fête donnée par Ptolémée Philadelphc, et cependant on ne les voit pas alors non plus sur les monuments. Il était d’ailleurs impossible que les Égyptiens ne connussent point depuis de longs siècles un animal très commun chez leurs voisins, les Arabes, et sans lequel les déserts de l’Afrique du nord seraient inhabitables. Aussi est-il certain que l’Egypte employait le chameau dès la plus haute antiquité. D’anciens textes nous apprennent qu’on le dressait à danser, kenken, et qu’on lui faisait porter les marchandises. L’Exode, ix, 3, en parle comme d’un animal domestique de l’Egypte. Enfin la géologie confirme d’une façon irréfragable l’antiquité du chameau dans la vallée du Nil : Hekekyan-Bey, dans les fouilles qu’il a exécutées en ce pays, a découvert, à

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181. — Vase égyptien en forme de chameau. Musée de Ghizéh.

une très grande profondeur, des ossements de dromadaires, au milieu de restes d’autres quadrupèdes. Il y avait donc des chameaux en Egypte à l’époque du voyage d’Abraham, et il était naturel que le roi lui offrît la monture qui devait lui être la plus utile pour son retour dans la terre de Chanaan. » Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. i, p. 445. Cf. Chabas, Etudes sur l’antiquité historique, p. 408-419 ; Ebers, Aegypten und die Bûcher Mose’s, Leipzig, 1868, t. i, p. 267 ; Lyell, L’ancienneté de l’homme prouvée par la géologie, trad. Chaper, 2e édit., Paris, 1870, p. 41 ; Maspero, Histoire ancienne, p. 32. Par la suite, Abraham éleva des troupeaux de chameaux dans la terre de Chanaan, Gen., xxiv, 10, 35 ; Isaac en posséda à son tour, Gen., xxx, 43, et après lui, son fils Jacob. Gen., xxxii, 7, 15. Job eut d’abord trois mille, puis six mille chameaux. Job, i, 3 ; xlii, 12. Ces nombres n’ont rien d’excessif. Aristote, Hist. animal., IX, IV. 5, édit. Didot, t. iii, p. 208, témoigne que, dans l’Asie supérieure, il y avait des propriétaires qui possédaient jusqu’à trois mille chamelles. Des chameaux figurèrent plus tard dans la dot de Sara, femme de Tobie, Tob., x, 10 ; xi, 18, et l’armée assyrienne d’Holopherne en comptait une multitude. Judith, ii, 8 ; iii, 3. Ces derniers étaient sans doute des chameaux à deux bosses.

2° Le soin des chameaux. — Un chamelier était quelquefois préposé à la garde et à la conduite des chameaux. David confia à un de ses officiers, l’Ismaélite Ubil, la charge de grand chamelier. I Par., xxvii, 30. On préparait des écuries pour y abriter les chameaux. Gen. xxiv, 31. Au besoin, des ruines quelconques servaient à cet usage. Ezech., xxv, 5. Les chameaux trouvaient eux-mêmes leur nourriture dans les champs ; mais il fallait leur procurer l’eau qu’ils ne pouvaient chercher dans les puits profonds. Le chapitre xxiv de la Genèse trace un gra’cieux tableau de cette opération. On y voit Éliezer se préoccuper de désaltérer ses chameaux, 14, Rébecca donner à boire à ces animaux, 19, 20, et le serviteur d’Abraham reconnaître à ce service rendu celle qui doit être l’épouse 4’Isaac, 44, 46. — Autrefois, comme aujourd’hui encore, on suspendait divers ornements au cou des

: chameaux ; c’étaient des éahârônîm, de petites lunes de

métal, Jud., viii, 21, comme les femmes elles-mêmes en portaient, Is., iii, 18, ou des’ândqôt, Jud., viii, 26, espèces de colliers. Aux haltes, on faisait agenouiller les chameaux, pour qu’ils pussent se reposer. Gen. xxiv, 11.

i Voir fig. 4, col. 16.

! 3° Les services rendus par les chameaux. — 1. Us

servaient de monture. Rébecca et ses servantes étaient montées sur des chameaux. <ïen., xxiv, 61. Jacob faisait voyager ses enfants et ses femmes dans le même équipage. Gen., xxxi, 17. En pareil cas, on plaçait sur le dos de l’animal un kar, sorte de palanquin dans lequel les femmes pouvaient s’asseoir à l’abri du soleil. C’est dans un kar que Rachel cacha les idoles de Laban. Gen., xxxi, 34. — Quatre cents Amalécites purent échapper à David, grâce à la vitesse de leurs chameaux. I Reg., xxx, 17. — Raphaël prit quatre serviteurs de Raguel et deux chameaux pour se rendre rapidement d’Ecbatane à Rages. Tob., ix, 6. — Enfin Isaïe, xxi, 7, parle aussi de soldats perses montés sur des chameaux. — 2. Ils portaient les fardeaux. À Sichem, les fils de Jacob virent arriver les Ismaélites conduisant une caravane de chameaux chargés de marchandises, et ils vendirent leur frère Joseph à ces étrangers. Gen., xxxvii, 25. — Les partisans de David fugitif lui apportaient des provisions sur des chameaux, I Par., xii, 40. — La reine de Saba se servait de ces animaux pour porter ses trésors, quand elle vint visiter Sulomon. Il Par., rx, 1 ; III Reg., x, 2.

— L’officier du roi de Syrie, Hazaël, amenait avec lui. quarante chameaux chargés de présents, quand il vint demander à Elisée la guérison de son maître Bénadad. IV Heg., viii, 9. —Isaïe, xxx, 6, menace les Juifs qui vont réclamer le secours des Égyptiens, en leur portant des trésors sur le dos de leurs chameaux, et il prédit qu’au temps du Messie, « les chameaux et les dromadaires de Madian et d’Épha se répandront comme une inondation a sur Jérusalem. 1s., lx, 6. — 3. À la guerre, on tuait parfois les chameaux de l’ennemi ; Saùl reçut l’ordre de traiter ainsi ceux des Amalécites, I Reg., xv, 3 ; mais, en général, on préférait s’en emparer. Les gens de Ruben, de Gad et de la demi-tribu de Manassé en prirent cinquante mille aux Agaréens, I Par., v, 21. David s’empara de ceux des Amalécites, I Reg., xxvii, 9, et Asa de ceux des Éthiopiens. II Par., xiv, 15. Des pillards chaldéens avaient enlevé ceux de Job. Job, i, 17. Jérémie, xlix, 29, 32, prédit aux populations de Cédar et d’Asor que le roi de Babylone leur ravira leurs chameaux. Zacharie, xiv, 15, annonce aussi que tous les animaux des ennemis de Jérusalem, entre autres les chameaux, tomberont au pouvoir du peuple de Dieu.

4° Le chameau dans l’Evangile. — Notre-Seigneur dit un jour en parlant des riches : « II est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille, qu’à un riche d’entrer dans le royaume des cieux. » Matth., xix, 24. Quelques auteurs anciens ont trouvé la comparaison un peu forte et ont cherché à l’atténuer. S. Cyrille d’Alexandrie, Fragm. in Matth., t. lxxii, col. 430, et Théophylacte, In Evang. Matth., t. cxxiii, col. 355, ont dit qu’il ne s’agissait pas ici de chameau, mais de câble. De fait, six petits manuscrits lisent dans ce passage xâ|u).ov au lieu de v.i

{ko-/, cf. Griesbach, Nov. Testam. grxce, Halle, 1796, p. 87, et d’après Suidas et un scholiaste d’Aristophane, qui seuls connaissent ce mot, y.i|it).o ; désignerait une grosse corde. Mais on ne peut justifier sérieusement ni la grécité de ce mot, ni sa substitution à v.iy.rjo ; dans le texte évangélique. Ce dernier substantif ne saurait d’ailleurs en aucun cas avoir le sens de « câble », et l’eût-