Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/271

Cette page n’a pas encore été corrigée
523
524
CHAMEAU


privations. On l’y accoutume quand il est jeune, en diminuant insensiblement la quantité de ses rations et en espaçant de plus en plus les distributions de vivres et d’eau. — 4° Le caractère du chameau est assez singulier. « À certains égards, les chameaux ne diffèrent pas des brebis. Ce sont des animaux pacitiques, timides, allant par troupes. En cas d’alarme, ils epurent tous ensemble pêle-mêle comme les brebis. On les représente habituellement comme patients ; mais leur patience est celle de la stupidité. Ils sont plutôt excessivement impatients ; ils font entendre un bruyant cri d’indignation quand ils reçoivent leur charge, et même assez souvent quand on les fait agenouiller. En outre, ils sont obstinés et fréquemment vicieux. » Robinson, Biblical Researches, Londres, 1867, t. ii, p. 209. Au printemps, le chameau devient particulièrement intraitable. Jérémie, ii, 23 (hébreu ) compare la passion de Jérusalem pour l’idolâtrie aux désirs furieux « de la jeune chamelle légère qui court

[[File: [Image à insérer] |300px]]
179. — Chargement d’un chameau.

D’après Layard, Nineveh and Babylon, p. 582.

les chemins ». « Le chameau, dit Tristram, ne peut passer pour un animal aimable. Son propriétaire ne parait concevoir aucun attachement pour cette bête, et de son côté l’animal ne montre aucune trace d’affection. Je n’ai jamais rencontré un chameau qu’on estimât plus que son compagnon pour son intelligence ou son affection. Un voyageur trouve toujours un ami dans son cheval, plus sûrement dans son âne, parfois dans son mulet, mais jamais dans son chameau. J’ai voyagé en Afrique avec les mêmes chameaux pendant trois mois ; jamais je n’ai réussi à provoquer de l’un d’eux la moindre marque de reconnaissance, la moindre disposition amicale pour la bienveillance qu’on lui témoignait. » The natural History of Ihe Bible, Londres, 1889, p. 62. — 5° Les caravanes se composent de chameaux qui se suivent à la file. Voir iig. 74, col. 247. Avant le départ, on fait agenouiller chaque animal et on met sur son dos la charge qu’il aura à porter (fig. 179). Si le fardeau est excessif, l’animal sait le faire comprendre par ses grognements, et refuse de se relever. On ne met pas de mors aux chameaux, mais on les mène avec un simple licou attaché autour de la tête à la hauteur du nez. L’animal suit assez docilement l’homme qui le mène ou un autre animal, ordinairement un âne, qui marche devant lui. Les chameaux sont attachés par une corde les uns à la suite des autres au nombre de dix à douze. Le dernier de la bande porte au cou une clochette (fig. 180). Voir Clochette. Si la corde vient à se rompre, tous ceux qui sont placés après l’endroit où s’est rompue la corde, s’arrêtent sur-le-champ. Celui qui ferme la marché s’arrête donc toujours dans ce cas, et n’agite plus sa sonnette. Le chamelier est averti, par la cessation du bruit, de l’accident qui vient de se pro duire et s’empresse de le réparer. — 6° Le chameau est encore précieux pour l’Oriental par son lait, qui est abondant et excellent ; par son poil, avec lequel on fabrique de grossières étoffes pour les tentes, les voiles, voir Cilice, et le vêtement, Matin., iii, 4 ; Marc, i, C ; enfin par sa chair même, qui peut servir de nourriture. « La chair du chameau est mangée par tous les peuples de l’Orient. Elle est grossière, sèche et très inférieure à celle du bœuf. En Syrie, elle est moins estimée qu’en Arabie et en Afrique, et elle n’est employée que par les plus pauvres. » Tristram, Nat. Hist., p. 65. La loi de Moïse la prohibait, comme celle des ruminants qui n’ont pas le pied fendu. Deut., xiv, 7. Enfin, dans les pays habités, le chameau est utilisé comme bête de trait : on l’attelle

[[File: [Image à insérer] |300px]]
180. — Chameau avec une Bonnette.

Bas-relief trouvé à Alesandria Troas. D’après Lechevallcr,

Voyage de la Troade, Paris, 1802, Atlas, pi. xi.

au chariot ou à la charrue, en lui donnant parfois pour compagnon le bœuf ou l’âne. La loi de Moïse prohiba parmi les Israélites l’usage d’attacher ensemble deux animaux d’espèce et par conséquent de force différente. Deut., xxii, 10. À raison des multiples services que rend le chameau, Buffon a pu écrire : « L’or et la soie ne sont pas les vraies richesses de l’Orient ; c’est le chameau qui est le trésor de l’Asie. Le chameau vaut non seulement mieux que l’éléphant, mais peut-être vaut-il autant que le cheval, l’âne et le bœuf tous réunis ensemble. » Œuvres, Paris, 1845, t. iv, p. 389.

II. Les chameaux dans la Sainte Écriture. — 1° Les grands propriétaires de chameaux. — Quand Abraham alla en Egypte, le pharaon lui offrit différentes sortes d’animaux, entre autres des chameaux. Gen., xil, 16. Le chameau n’apparaît que rarement (fig. 181), et seulement à partir de l’époque saïte (xxie dynastie), sur les monuments figurés des Égyptiens, qui appelaient cet animal kamaal. Mais d’autres animaux, communs en Egypte, les poules, les chats, ne sont guère représentés non plus. « On ne peut donc pas conclure de la rareté du chameau sur les monuments qu’il n’existait pas en Egypte. Il y existait certainement du temps des Ptolémées et pendant la période romaine. Athénée, Deipnosoplàslx, v, 5, nous apprend