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CHAMBRE À COUCHER — CHAMEAU


I Reg., ix, 25-26. Peut-être Notre-Seigneur fait-il allusion à cet usage quand, parlant de la grande calamité future, il recommande à celui qui est sur le toit de ne pas descendre dans sa maison pour y prendre quoi que ce soit. Matth., xxiv, 17. Il devait fuir au plus tôt par l’escalier extérieur. Aujourd’hui « les choses ont peu changé, écrit le P. Jullien, L’Egypte, in-8°, Lille, 1891, p. 256. Je devais partir de Tibériade avant le jour ; le frère du couvent me pria de le réveiller, et, pour’m’indiquer sa chambre, il me conduisit sur la terrasse au-dessus du couvent. « Vous me trouverez couché dans ce « coin, me dit-il ; n’allez pas de l’autre côté, vous réveillenez le Père. » C’était toute la communauté. Il eut même la bonté de m’offrir une place. Chaque famille de la ville a sur sa terrasse une petite enceinte de roseaux en claire-voie, couverte de branchages, où elle dort tout

l’été à l’abri des regards et de la rosée. »

H. Lesêtre.
    1. CHAMEAU##

CHAMEAU (hébreu : gâmâl ; bêkér, le jeune chameau déjà propre à porter un fardeau, Is., lx, 6 ; bikràh, la jeune chamelle, Jer., ii, 23 ; kirkdrôt, le chameau coureur, Is., lxyi, 20. Ces trois derniers noms ne sont

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175. — Chameau à une bosse.

employés chacun qu’une fois dans la Bible. Septante : xiyriXoç ; Vulgate : camelus, dromedarius). Le nom ordinaire du chameau, gâmâl, signifierait « le rancunier », d’après Bochart, Hierôzoicon, t. i, p. 73, ou « le porteur », d’après Gesenius, Thésaurus, p. 293. Ces deux sons peuvent dériver, en effet, du verbe gâmal. Le nom sémitique de l’animal est passé dans la plupart des langues de l’Occident.

I. Histoire naturelle et mœurs du chameau. — 1° Le chameau est un ruminant de l’ordre des bisulques. Il se sépare pourtant des autres animaux de cet ordre par un grand nombre de particularités ; il occuperait plutôt une place intermédiaire entre les pachydermes et les ruminants. Il a le pied bifurqué, comme ces derniers ; mais les doigts sont protégés en dessous par une sorte de semelle cornée qui est d’une seule pièce, et permet la marche facile et rapide sur les sables sans consistance ; par contre, cette semelle est un inconvénient sur les terrains glissants. La tête du chameau est petite, fortement arquée et terminée par une lèvre supérieure très développée. Cette lèvre est fendue par le milieu, et les deux parties peuvent se mouvoir séparément ; elle est puur 1 animal l’instrument tactile par excellence. La vue

semble excellente, l’ouïe est très exercée et attentive au moindre bruit, l’odorat d’une extrême finesse. Le poil est laineux, mêlé de quelques soies et ordinairement de couleur brune. Enfin Je chameau porte, aux articulations inférieures des membres, des callosités qui lui permettent de rester agenouillé à terre. Le chameau est originaire de la haute Asie. Il était inconnu dans la Chaldée primitive, et n’y fut introduit qu’à la suite de razzias opérées sur les Bédouins du désert. Dans les textes assyriens, son nom, comme celui du cheval, est un composé dans lequel entre le mot « âne », ce qui montre que l’animal ne fut désigné que par comparaison avec un autre plus ancien que lui dans le pays. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, Paris, 1895, t. i, p. 560. — 2° On distingue deux espèces de chameaux : le chameau à une bosse, ou camelus dromadarius (fig. 175), et le chameau à deux bosses, ou camelus bactrianus (fig. 176). Ce dernier a les allures plus lourdes que le premier. Son poil, brun marron, n’est long que sur les bosses et sur le cou ; il tombe en longues mèches autour des jambes de devant et les environne comme de fanons. Ce chameau est représenté sur les monuments assyriens (fig. 177), mais il n’en

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176. — Chameau à deux bosses.

est pas question expressément dans la Sainte Écriture ; les Juifs n’ont dû le connaître qu’à l’époque des rois, au moment des invasions chaldéennes. Le chameau à une seule bosse, ou dromadaire, a des formes plus légères que l’autre. Son poil peut aller du brun au blanc. Cette espèce se divise en un grand nombre de variétés, analogues à celles du cheval. Ces variétés se rattachent à deux races principales, qui ne semblent différer que par suite des habitudes contractées au cours de l’éducation primitive. Dans la première, destinée à porter des fardeaux, on recherche surtout la force, à laquelle on a sacrifié la légèreté d’allure. Dans la seconde, au contraire, on s’est appliqué à développer la rapidité de la marche. Les dromadaires coureurs (fig. 178) ou maharis ont la taille un peu moins élevée que les porteurs ; mais leurs formes plus sveltes et l’entraînement auquel on soumet les individus permettent à ces animaux de franchir les sables brûlants du désert avec une vitesse qui atteint parfois, sans arrêt, de cent soixante à deux cents kilomètres en un jour.

Le chameau porteur commence à être appliqué au travail à l’âge de quatre ans, et il vit de quarante à cinquante ans. À l’état normal, il porte une charge de six cents