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CHALI — CHAM


la Zeitschrift des deutschen Patâs tina-Ve reins, Leipzig, t. xv, 1892, p. 25. La position convient également bien. Voir Aser, tribu et carte, t. i, col. 1084. La différence de signification (’alla = « supérieur »., « place haute » ), n’est pas un obstacle, la tradition ayant retenu la consonnance plutôt que le sens des noms.

V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 62, décrit ainsi Khirbet’Alïa : « Là, sur une colline dont les différentes platesformes successives sont maintenant cultivées et ont été débarrassées des matériaux provenant d’habitations démolies qui les jonchaient, lesquels ont été ensuite amoncelés en gros tas réguliers comme des murs, avait été jadis construite une ville depuis longtemps sans doute complètement rasée. Il n’en subsiste plus actuellement que les assises inférieures d’une tour carrée, mesurant onze mètres sur chaque face et bâtie avec de magnifiques blocs parfaitement équarris et reposant sans ciment les uns sur les autres ; l’intérieur en est envahi par des figuiers et des grenadiers. En outre, plusieurs citernes et un certain nombre de tombeaux sont assez bien conservés. Parmi ces tombeaux, les uns sont creusés dans le roc comme des fosses rectangulaires, que fermait un gros bloc monolithe servant de couvercle ; les autres sont des grottes sépulcrales, dans lesquelles on descendait par plusieurs degrés et consistant en une seule chambre, où trois arcosolia cintrés surmontaient chacun deux auges funéraires contiguës. À côté de l’un de ces caveaux mortuaires, je remarque quelques petits cubes de mosaïque

épars sur le sol. »

A. Legendre.
    1. CHALLÉKETH##

CHALLÉKETH, nom hébreu (Sallékét) d’une des portes du Temple. Vulgate : porta quse ducit (ad viam ascensionis). 1 Par., xxvi, 16. Voir Schalléketh.

1. CHAM (hébreu : Ifâm ; Septante : Xi[i), un des fils de Noé, très probablement le second, puisque la Genèse le place constamment entre Sem et Japhet. Gen., v, 31 ; vi, 10 ; vii, 13 ; x, 1 ; I Par., i, 4. Voir S. Augustin, De civit. Dei, xvi, t. xii, col. 477. Plusieurs ont pensé qu’il était le plus jeune des trois, d’après Gen., IX, 24, où la Vulgate l’appelle minor ; mais l’hébreu dit : « petit, » ce qui ne décide rien ; cf. dans l’hébreu, Gen., 1, 16. En tenant donc compte du rang intermédiaire qu’occupe toujours le nom de Cham, il faut entendre le minor de la Vulgate dans le sens que l’adjectif « cadet » a quelquefois en français, c’est-à-dire le second des enfants, quel que soit leur nombre.

L’écrivain sacré fait observer par deux fois que Cham était le père de Chanaan, Gen., ix, 18, 22, soit pour préparer ce qui va suivre, soit pour attirer l’attention des Hébreux sur l’ancêtre de ceux qui occupaient en ce moment la terre promise aux enfants de Sem et d’Abraham. Il ne nous rapporte qu’un fait de l’histoire de Cham : c’est un trait d’odieuse irrévérence envers son père Noé, qui, après s’être laissé surprendre par le viii, était resté étendu nu dans sa tente. Cham s’empressa de sortir pour aller raconter à ses frères ce qu’il avait vu. Gen., îx, 21, 22. Noé apprit à son réveil la conduite de Cham, et il s’écria : « Maudit soit Chanaan ! Il sera à l’égard de ses frères l’esclave des esclaves, » c’est-à-dire le plus vil des esclaves. Gen., ix, 24-25. Noé donna encore plus de force à cette malédiction en conférant successivement à Sem et à Japhet une bénédiction spéciale, suivie d’une malédiction asservissaut Chanaan à chacun d’eux. Gen., ix, 26-27.

Les Pères et les commentateurs se sont demandé pourquoi Noé a fait tomber cette triple malédiction non sur Cham, mais sur Chanaan, un des enfants du coupable ; car c’est bien Chanaan qu’il faut lire avec l’hébreu et toutes les versions, sauf l’arabe, qui porte : « le père de Chanaan. » et quelques exemplaires des Septante, qui lisent « Charn ». Les uns estiment que Noé donna de préférence sa malédiction à Chanaan, parce que celui-ci,


ayant le premier aperçu son aïeul en état d’ivresse, en aurait aussitôt informé son père et aurait ainsi provoqué l’irrévérence de ce dernier. Les autres ont pensé que, n’osant pas maudire Cham, parce qu’il avait été l’objet de la bénédiction divine après le déluge, Noé jeta sa malédiction sur un de ses fils, ce qui ne devait pas d’ailleurs être moins sensible au père, le vrai coupable. Celuici, du reste, se trouvait implicitement maudit dans la personne de son fils, et l’on voit, en effet, un indice assez clair de cette malédiction dans ce fait, que Noé bénit nommément Sem et Japhet, tandis qu’il garda le silence sur Cham. Le premier de ces deux sentiments est fondé sur une tradition dépourvue de toute preuve historique. Le second, le plus commun, a le défaut de ne pas expliquer pourquoi Noé maudit un seul de tous les enfants de Cham, et pourquoi Chanaan de préférence aux autres. Il faut probablement chercher cette explication dans le caractère des paroles de Noé, qui étaient, d’après les Pères, une prophétie plutôt qu’une malédiction. S. Augustin, Qusest. xrn in Gènes., t. xxxiv, col. 551 ; S. Jean Chrysostome, Hom. xxix in Gènes., t. lui, col 271. Le patriarche prédit que la race de Cham sera vouée à l’esclavage, parce qu’elle imitera la conduite de son chef. Et pour exprimer sa prophétie d’une manière plus frappante, il se sert du nom de Chanaan, dont la signification devient ainsi prophétique ; car Chanaan vient de kân’a, « être bas. » Cf. Jud., iv, 23. C’est un procédé littéraire fort usité dans la Bible, cf. Gen., v, 29 ; xli, 8, 16, 19, 22, et dont Noé se sert encore, deux versets plus loin, dans la bénédiction de Japhet. Gen., ix, 27. De même donc qu’il prédit l’expansion de la race de Japhet, « le dilaté, » ainsi prédit-il l’asservissement de la postérité de Cham, représentée par Chanaan, « le soumis ». Ajoutons que si Noé nomme ici Chanaan seul entre ses frères et de préférence à tout autre, on peut en donner cette raison, que l’esprit prophétique qui l’animait devait lui faire voir dans les descendants de Chanaan les premiers peut-être des Chamites sur lesquels tomberait sa malédiction, et assurément ceux qu’elle atteindrait le plus complètement. Les Chananéens devaient être asservis aux Hébreux en Palestine. Voir Chananéens et Gabaonites.

Le souvenir de Cham paraît s’être conservé d’une manière plus ou moins reconnaissable dans les traditions nationales de différents peuples. Voir H. Luken, Les trar ditions de l’humanité, Paris, 1862, t. ii, liv. ii, ch. iii, p. 33-58 ; 1. 1, liv. i, ch. VI, p. 200-201. Mais la Bible ne nous dit plus rien de Cham après le récit de sa faute et de la malédiction qu’elle lui attira ; elle se tait sur la contrée qu’il habita comme sur celles que durent habiter ses deux frères. Quatre fois, il est vrai, elle appelle l’Egypte « terre de Cham ». Ps. lxxviii, 51 ; cv (Vulgate, civ), 23, 27, cvi (cv), 22. Mais peut-on conclure de là, comme l’ont fait quelques commentateurs, que Cham était venu se fixer en Egypte ? Pour confirmer cette opinion, ils invoquent l’antériorité de la civilisation égyptienne par rapport à celle des autres contrées chamitiques, et l’appellation de Chemi, appliquée à l’Egypte dans les inscriptions des antiques monuments de la vallée du Nil. Mais il faut observer que, quand même le nom de Chemi aurait une étymologie patronymique, on n’en pourrait conclure, — non plus que de la locution biblique « terre de Cham »,

— que Cham habita lui-même l’Egypte ; il pourrait n’y avoir dans l’une et l’autre dénomination qu’un simple souvenir de l’origine chamitique des Égyptiens, si l’on ne doit pas même interpréter d’une autre manière le nom de Cham dans les Psaumes.

Cham eut quatre fils : Chus, Mesraïm, Phuth et Chanaan (voir ces noms). Ils s’éloignèrent avant les autres petits-fils de Noé du berceau de l’humanité renouvelée après le déluge. On peut donc dire d’une manière générale que les Chamites occupèrent le midi de l’ancien continent. Mais tôt ou tard ils furent rejetés par les fils de Sem et de Japhet hors des pays où ils s’étaient fixés,

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