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CHALDÉE — CHALE


par Chodorlahomor (Kudur-lagamar) et ses vassaux ; mais Abraham les surprend et les oblige à une honteuse retraite. Un autre roi d’Élam, Kudur - Mabug, prend encore le titre de roi de toute la Syrie dans ses inscriptions ; mais bientôt son propre fils et son vassal (E)-rim-Aku, roi de Larsa, se voit expulsé de la Chaldée par Bîammurabi ([ ?] 2307-2252), roi de Babylone, qui s’empare de ses États, et réunit sous son sceptre toute la Babylonie jusqu’au golfe Persique. Voir Chodorlahomor. A cette époque, l’élément sémitique l’emporte désormais dans toute la Chaldée, qui paraît dès lors partager à peu près toutes les vicissitudes de la Babylonie.

Dans la longue lutte de Babylonie contre l’Assyrie, les princes chaldéens nous apparaissent généralement comme alliés, sinon vassaux, des rois de Kar-Dunias, c’est-à-dire de Babylonie. Les listes royales babyloniennes mentionnent même, parmi les souverains de Babylone, plusieurs rois « fils de la mer », ou originaires des régions voisines du golfe Persique, par conséquent Chaldéens : de ceux-ci le plus célèbre fut Mérodach-baladan (Mardukabla-iddin ) (721-702), défenseur contre Sargon et Sennachérib, rois de Ninive, de l’indépendance babylonienne, et allié d’Ézéchias. La Bible, en employant toujours le nom de Chaldéens pour désigner soit les princes, soit l’armée, soit les sujets de la dynastie fondée par Nabopolassar et illustrée par Nabuchodonosor, indique ou bien la prépondérance à Babylone de l’élément chaldéen, ou bien même l’origine chaldéenne de cette nouvelle dynastie. Les inscriptions cunéiformes, fort peu nombreuses pour la partie historique de cette époque, ne nous ont pas encore renseignés sur ce point. Voir Babylonie, IV. Histoire, les progrès et la chute de ce nouvel empire chaldéen.

Dans un passage connu, on a pensé qu’Isaïe, xxiii, 13, désignait les Chaldéens comme un peuple nouveau, fondé par Assur : le texte hébreu est par trop concis, assez obscur même, et la Vulgate l’a traduit peu exactement : F.cce terra Chaldseorum, talis populus non fuit, Assur fundavit eam ; les Septante donnent un sens préférable, quoiqu’ils ne suivent pas exactement l’hébreu : « Même si tu vas, [ô Tyr], dans le pays des Chaldéens, ce pays a été ruiné par les Assyriens, tu n’y trouveras pas de repos, car son mur est tombé. » La Genèse montre que les Chaldéens n’étaient pas un peuple nouveau, puisque Abraham en sortait ; elle dit aussi, Gen., x, 11-12, que les villes assyriennes sont une colonie de latétrapole babylonienne et chaldéenne de Nemrod. — Le texte d’Isaïe fait donc simplement allusion aux défaites des Chaldéens par les Assyriens et aux transplantations des villes vaincues, soit babyloniennes, soit chaldéennes, qui en furent la suite dès les règnes de Théglathphalasar, de Sargon et de Sennachérib : ce dernier vainquit et détrôna même Mérodach-baladan, l’allié d’Ézéchias, roi chaldéen de Babylone. Il n’est donc pas nécessaire de lire, avec Schrader-Whitehouse et Ewald, « les Chananéens » au lieu des « Chaldéens », et il faut traduire le texte hébreu : « Vois la terre des Chaldéens : c’est cette même nation qui a cessé d’exister, car Assur l’a transplantée dans des régions désertes, etc. » D’ailleurs dans ce passage, comme dans presque tous ceux des prophètes et des derniers chapitres des Bois et des Paralipomèues, le mot de Chaldéen désigne non pas exclusivement les habitants de la Chaldée proprement dite, mais toute la Babylonie en général, comme nous l’avons déjà fait observer. — Voir les références des auteurs et des textes aux articles Assyrie et Babylonie. E. Paknier.

1. CHALDÉEN (hébreu : Kasdim ; Septante : XiXix ~.m), nom ethnique désignant 1° les habitants de la CUaldée. IV Reg., xxiv, 2 ; Job. i, 17, Ezech., xxiii, 14-15, etc.

— 2° La patrie d’Abraham est appelée Ur Kasdim, c’est-à-dire « la ville des Chaldéens », pour la distinguer des autres « villes » habitées par d’autres peuples. Gen., xi, 28,

31 ; xv, 7. — 3° Dans le livre de Daniel, le nom de Chaldéen est aussi employé dans le sens ethnique, i, 4 ; v, 30, rx, 1 ; mais il a de plus une signification plus restreinte, , désignant les savants babyloniens ; prêtres, astronomes, astrologues et magiciens formaient une sorte de caste. Dan., ii, 2, 4, 10 ; iii, 8, 48 ; iv, 4 ; v, 7, 11. Voir Chaldée, col. 508.

2. CHALDÉENNE (LANGUE). — 1° Ce nom, Dan., i, 4, . désigne la langue que nous appelons assyrienne et qui est écrite en caractères cunéiformes. Voir Assyrienne (Langue), t. i, col. 1179. — 2° On appelle souvent, d’une manière impropre, dans le langage ordinaire, langue chaldéenne ou chaldaïque la langue araméenne ou syriaque. Voir Syriaque (Langue).

    1. CHALE##

CHALE (hébreu : Kélah, à la pause Kâlah ; Septante : Xalây’, textes cunéiformes : Kalhu et Kalah), actuellement Nimroud, ville située sur la rive gauche du Tigre, au-dessus de sa jonction avec le grand Zab ou Zab supérieur, à environ trente kilomètres au sud de Mossoul. La Genèse, x, 11-12, mentionne cette ville comme appartenant à la tétrapole septentrionale de la Mésopotamie, et en rattache la fondation soit à Nemrod, soit à Assur, selon la double interprétation qu’on peut donner au ꝟ. Il ; quel que soit le sens qu’on admette, ces mêmes versets indiquent clairement pour cette ville une origine babylonienne ou chaldéenne. C’est, en effet, à la Chaldée ou à la Babylonie que l’Assyrie dut son existence et sa civilisation. Assurnasirpal (883-858), roi d’Assyrie, la trouva déjà en ruines et entreprit de la rebâtir ; il la choisit même pour capitale, au lieu de la ville d’Assur, trop exposée aux attaques du côté de l’ouest et de la Babylonie ; il ajoute, dans ses inscriptions, que Chalé avait été bâtie par son prédécesseur, Salmanuussir ou Salmanasar I er (vers 1300). Menant, Annales des rois d’Assyrie, p. 27, 92 ; Schrader, Keilinschriftliche Bibliothek, t. i, p. 116-117 ; Schrader-Whitehouse, The Cuneiform Inscriptions and Ihe Old Testament, t. i, p. 80-82 ; Vigou-. roux, La Bible et les découvertes modernes, 5 6 édit., t. i, p. 325. Ce texte n’indique nullement que cette ville n’ait pas existé avant Salmanasar, mais seulement que ce roi l’agrandit, ou l’entoura de remparts, ou bien encore y construisit son palais et la cité royale. Il est probable que la destruction à laquelle Assurnasirpal fait allusion eut pour cause les invasions babyloniennes. Tout ce qu’on a exhumé de ses ruines ne remonte pas au delà d’Assurnasirpal. Ce prince y bâtit son palais, et un bon nombre de ses successeurs y bâtirent le leur auprès du sien : on a retrouvé ceux de Belnirar, d’Asarhaddon, des Salmanasar et Théglathphalasar bibliques, de Samsi-Ramman et de Sargon. Plus tard, Sargon et ses successeurs en tirèrent des matériaux pour leurs propres constructions àKhorsabad et à Ninive ; ils semblent même s’être acharnés à faire disparaître tout ce qui portait les noms de Théglathphalasar et Salmanasar. Presque à la fin de la monarchie assyrienne, Assur-edil-ilani y construisit un temple : bientôt après la ville disparut, sans doute dans la même invasion qui détruisit Ninive et mit fin à l’empire assyrien, vers 606. Depuis Assurnasirpal, Chalé avait partagé avec Ninive l’honneur d’être la résidence royale, ainsi que nous l’apprennent les inscriptions das palais en ruines. C’est ce qui explique que le livre de Tobie et celui de Jonas, bien qu’appartenant par leur sujet à cette période, donnent à Ninive le rang de capitale. Xénophon, lors de la retraite des Dix mille, Anabas., iii, 4e édit., Didot, p. 236, la trouva en ruines. — Les murs de la ville forment un quadrilatère orienté non par ses angles, mais par ses faces, la plus grande largeur étant d’est en ouest ; ils sont encore assez complets au nord et à l’est. Dans l’angle sud-ouest se trouve la cité royale, renfermant un bon nombre de palais construits sur des tertres artificiels. Le Tigre longeait autrefois la ville de ce côté ; .