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CHALANNÉ — CHALDÉE


remarquable que ce même roi ravagea aussi les pays d’Émath, de Damas, et prit Samarie, ce qui paraît bien se rapporter au texte d’Isaïe, x, 9. Schrader, Keilinschriftliche Bibliothek, t. ii, p. 52-53, 72-73 ; Schrader -"Whitehouse, op. cit., t. i, p. 263-271 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. iv, p. 156, "166. Chalanné fut aussi probablement prise par Sennachérib, fils de Sargon, avec les quatre-vingt-neuf villes de la Chaldée dont il s’empara et dont les habitants furent transplantés au loin suivant la coutume assyrienne : on comprend qu’il menace d’un sort semblable les habitants de Jérusalem. Schrader, ouvr. cit, t. ii, p. 84-85 ; Schrader -Whitehouse, ouvr. cit., t. ii, p. 30-32 ; Vigouroux, ouvr. cit., t. iv, p. 206. — Quant à Amos, qui prophétisa sous Ozias et Jéroboam II, et par conséquent au plus tard du temps de Théglathphalasar, arrière-prédécesseur de Sargon d’Assyrie, il doit faire allusion à des faits antérieurs à ceux que mentionne Isaïe. Les annales de Théglathphalasar ne nous sont parvenues que fort incomplètes ; nous y voyons néanmoins à plusieurs reprises qu’il ruina Damas et envahit la Syrie, spécialement aussi la ville d’Émath, et qu’il dévasta la Chaldée et se l’assujettit. Menant, Annales des rois d’Assyrie, p. 139, 1. 5-15 ; p. 141, 1. 12-18, 1. 16-29 ; p. 146-147 ; Schrader, Keilinschriftliche Bibliothek, 1. 1, p. 212-213 ; t. ii, p. 6-7, 12-13, 20-21, 26-27 ; Vigouroux, ouvr. cit., t. iv, p. 115-120, 126 ; Schrader -Whitehouse, ouvr. cit., t. i, p. 2Il et suiv., 224-226, 241-249. C’est durant ces guerres qu’il put s’emparer de Kul-unu, si c’est une ville chaldéenne. Schrader et Bickell, loc. cit., inclinent cependant à admettre que ce verset est une remarque, une sorte de glose ajoutée au temps des conquêtes de Sargon, et qui de la marge aurait passé dans ie texte. Cette hypothèse n’est pas absolument nécessaire, et les faits allégués suffisent à rendre vraisemblable l’assimilation de la Kul-unu des textes cunéiformes avec la Chalanné de

Nemrod. et la Calno d’Isaïe.

E. Pannier.
    1. CHALCHAL##

CHALCHAL (hébreu : Kalkôl ; Septante : XaXy.âX), fils ou descendant de Zara, de la tribu de Juda. I Par., H, 6. Il est appelé ailleurs Chalcol. Voir Chalcol.

    1. CHALCOL##

CHALCOL (hébreu : Kalkôl ; Septante : XaXxiS), un des quatre personnages renommés pour leur sagesse au temps de Salomon, qui les surpassait tous. Il était fils de Mahol. III Reg., iv, 31 (hébreu, v, 11). Quelques exégètes ont voulu voir dans Mâhôl un nom commun, « danse bu chœur de danse, » et en expliquant benê mahôl, « fils de la danse, » dans le sens d’  « habile à conduire les chœurs ». Mais il est plus probable qu’il s’agit d’un nom propre. Les quatre sages, ’Êtân, Hêmân, Kalkôl et Darda’, ont été identifiés par un grand nombre d’exégètes avec’Êtân, Hêmân, Kalkôl et Dâra’ou Darda’de I Par., ii, 6. Sur cette question, voir Éthan. Pour Chalcol, ce ne serait pas une difficulté qu’il soit dit fils de Mahol, III Reg., iv, 31, et fils de Zara, I Par., n, 6 ; car dans ce dernier cas il faut plutôt prendre le’mot fils dans le sens de descendant. Dans 1 Par., ii, 6, laVulgate modifie un peu son nom Chalchal ; en hébreu, < ; ’est le même nom. Voir Chalchal. E. Levesque.

CHALDÉE. Hébreu : Kasdim ou’étés Kasdim ; Septante : XaXSaïoi, XïXSocia ; Vulgate : Chaldmi et terra Chaldxorum ; textes cunéiformes : Kaldâ’a, Kaldû ; mat Kaldu. Remarquer le changement de la sifflante en liquide devant une dentale, , Kaldû, Kasdim, fréquent dans l’assyro -babylonien. Remarquer aussi que le terme hébreu Kasdim, signifiant proprement « les Chaldéens », ’est luimèrne traité comme un véritable nom de localité. Jer., L, 10 ; Li, 24, 35 ; Ezech., xi, 24 ; xxiii, 16.

I. Géographie. — La Chaldée désigne la portion de la Mésopotamie comprise entre la Babylonie au nord et le golfe Persique au sud : souvent même les inscriptions

la restreignent encore davantage, en lui enlevant toute la côte du golfe Persique, terrains marécageux et alluvions auxquels elles réservent le nom spécial de Bit-Yakin. Plus tard, au contraire, à partir du roi assyrien Rammannirar (810-781), le nom de Chaldée s’applique à la fois au nord et au sud, jusques et y compris la Babylonie proprement dite. Parallèlement, ce nom est pris par la Bible au sens restreint dans la Genèse xi, 28, 31, et au sens large, eu y comprenant la Babylonie, presque partout ailleurs. Jér. li, 24, etc. Quant aux auteurs grecs, ils confondent généralement les noms de Chaldée, de Babylonie et même d’Assyrie. — Il suffira donc d’ajouter pour la Chaldée quelques développements ou quelques détails particuliers à ce qui a été dit à l’article Babylonie.

II. Histoire primitive. — La Chaldée proprement dite paraît avoir été le berceau de la civilisation mésopotamienne : c’est là que se trouvaient les villes d’Uruh, actuellement Warka, l’Arach de Nemrod, Gen., x, 10 ; Uru, Ur Kasdim, Ur Chaldœorum, la patrie d’Abraham ; Larsa, la capitale d’Arioch, Gen., xiv, 1 (hébreu : ’Ellâsâr), actuellement Senkéréh ; Eridu, actuellement Abou-Sharein ; Sirpurla [ ?] ou Lagasp], dont les ruines forment l’amas spécialement nommé Tell-Loh ; et quantité d’autres dont les ruines encore inexplorées forment les collines ou tells de tout le bas Euphrate. C’est là qu’on découvre généralement les inscriptions les plus anciennes.

Les noms de Chaldée et de Chaldéens sont employés par la Bible, par les textes cunéiformes assyriens, et même par l’historien babylonien Bérose : toutefois les textes cunéiformes jusqu’à présent connus, émanant de la Babylonie et de la Chaldée, n’emploient jamais ni l’un ni l’autre de ces noms. Sayce les fait dériver de la racine assyrienne casadu, « conquérir, » et voit dans ces conquérants de la Mésopotamie méridionale des tribus sémites, casadu étant emprunté à un idiome sémitique. Lectures upon the Assyrian language and syllabary, 1877, p. 135, cité dans F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. i, p. 395. Frd. Delitzseh les décompose, au contraire, en Kas et Dà, ce dernier mot signifiant « district », et le premier étant le nom d’un peuple, les Kassu, de la race de Kûs, descendant de Cliam, qui s’implanta en Babylonie, et dont on retrouve les vestiges dans les Cosséens ou Cissiens des auteurs grecs. Wo lag das Paradies, p. 128-129 ; voir aussi SchraderWhitehouse, The cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. i, p. 118. Ces étymologies de noms que les inscriptions babyloniennes ou chaldéennes n’ont pas encore mis au jour sont naturellement fort problématiques, et sont fort peu décisives au point de vue ethnographique. Sous ce dernier rapport, on peut s’en tenir aux renseignements fournis par la Genèse, x, 10 ; xi, 31, qui place en Chaldée à la fois des Chamites et des Sémites. À la vérité les anciennes inscriptions sont toutes rédigées en proto-chaldéen ou suméro-accadien (voir Babylonie), indice d’une population chamite ; mais plusieurs offrent dès lors les traces de l’influence d’un dialecte sémitique (E. Schrader, Keilinschriftliche Bibliothek, t. iii, partie i, p. 2-5 ; 94, n. 4, 1. 6, etc.) : l’élément chamite l’emporte durant la période des origines, cf. Genèse, x, 8-12 ; mais plus tard les noms royaux sont tous sémites. Quant à la descendance aryenne, soutenue de fausses étymologies par Gesenius, Heeren et Niebuhr, les inscriptions lui donnent le démenti le plus formel. G. Rawlinson, The Five great monarchies of the Eastern World, 1879, t. i, p. 57.

Josèphe, Ant. jud., i, vi, 4, les rattache au patriarche Arphaxad de la table ethnographique ; mais jusqu’ici aucune donnée scientifique n’est venue corroborer son affirmation. Voir Arphaxad. — Us n’ont rien de commun non plus avec d’autres Chaldéens, mentionnés par les anciens comme habitant l’Arménie : ces derniers, de race indo-européenne et par conséquent japhétique, sont nommés aussi Chalybes et Chadurques, et paraissent être les