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CHAINES BIBLIQUES

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exprimé par Richard Simon a été en partie réalisé : on a de nos jours beaucoup fait pour tirer des chaînes ce qu’elles pouvaient receler d’inédit ; mais on ne s’est pas soucié de dresser un inventaire descriptif des chaînes existantes, moins encore une classification chronologique ou généalogique : celui qui entreprendrait d’étudier méthodiquement les chaînes pour elles-mêmes entreprendrait un travail presque intact.

Les premières chaînes durent apparaître dans la littérature grecque quand fut close la série des grands commentateurs comme saint Cyrille d’Alexandrie ou Théodore de Mopsuestë. Il semble que cette forme de commentaires variorum ait été inaugurée par l’école de Gaza, en Syrie. À notre connaissance, en effet, la plus ancienne entreprise qui puisse être qualifiée de « Chaîne » est celle que s’attribue Procope de Gaza (465-528) : « Nous avons, écrit- ii, compilé des interprétations sur l’Octateuque, tirées des Pères et autres écrivains, choisies dans leurs traités ou autres œuvres ; nous avons cité sans y rien changer les textes mêmes de nos auteurs, soit qu’ils fussent d’accord, soit qu’ils ne le fussent point : notre compilation s’est développée tellement, qu’elle a formé une masse immense. » Procope s’est donc vu amené à réduire sa compilation, à fondre ces citations en un commentaire suivi, impersonnel, sans indication de sources, c’est le Copunentaire sur l’Octateuque, qui existe encore de lui et dans le prologue duquel on lit le passage que nous venons de citer. Patr. gr., t. lxxxvii, col. 21. Au ix « siècle, Photius, Cod. 106, t. ciii, col. 676, a eu en mains des Scolies explicatives sur l’Octateuque, sur les liois et sur les Paralipomènes ; mais ce qu’en dit Photius fait voir que ces scolies sont le commentaire susdit, et non la chaîne primitive de Procope. Le cardinal Mai assurait que cette chaîne existait en manuscrits : « Procopii lucubratio in mss. bibliothecis exstare videtur ; » cependant ni lui, ni personne depuis, n’en a signalé d’exemplaire authentique. Et la chaîne, car c’est bien une chaîne, que l’on a publiée sur le Cantique des cantiques et sous le nom de Procope, ne paraît pas être son œuvre. F. Fritzsche, Exegetische Sammlungen, dans PlittetHerzog, RealEncyclopédie, Leipzig, t. iv, 1879, p. 449. — Certaines chaînes portent des noms historiques, mais qui sont ou supposés ou improprement attribués. Une chaîne sur saint Marc est attribuée par nombre de manuscrits à Victor d’Antioche ( v= siècle) ; la même est attribuée à Cyrille d’Alexandrie. Une chaîne ou plutôt un commentaire sur saint Luc est attribué à Titus de Bostra (ive siècle), et c’est une œuvre qui ne peut lui être que postérieure au moins d’un siècle. Bardenhewer, Patrologie, Fribourgen-Brisgau, 1894, p. 620. Dans le manuscrit Paris, gr. 187 (XIe siècle), nous avons relevé une chaîne sur saint Marc ; dans le manuscrit Paris, gr. 186 (xie siècle), une chaîne sur saint Jean, attribuées semblablement à Titus de Bostra ; nombre de manuscrits parlent de chaînes de saint Jean Chrysostome. Cela tient à ce que Titus de Bostra y est cité eu première ligne, ou que les citations sont toutes prises à saint Jean Chrysostome, et non pas à ce que ces auteurs y aient mis la main. — Les catalogues ont quelquefois appelé « chaînes » des œuvres qui n’en sont pas de véritables. Les commentaires d’Œcuménius (xe siècle), d’Arétas (x a siècle), de Théophylacte, archevêque de Bulgarie (XIe siècle), d’Euthyinius de Zigabène (xiie siècle), ne sont pas à mettre dans la catégorie des chaînes. Voyez cependant Richard Simon, Histoire critique des principaux commentateurs, Rotterdam, 1693, p. 408. — L’auteur pour ainsi dire classique est Nicétas. Ce Nicétas avait commencé par être diacre de la « grande Église » de Constantinople ; il mourut évêque métropolitain d’Héraclée en Thrace ; entre temps il avait été évêque de Serræ siège suffragant de Thessalonique. Il appartient à la seconde moitié du XIe siècle. Le cardinal Pitra lui attribue la chaîne sur Job publiée par Junius, la chaîne sur saint Matthieu publiée par Possin, la chaîne sur saint

Luc publiée par Mai, la chaîne sur la première aux Corinthiens publiée par Lami, Patr. gr., t. cxxvii, col. 542 ; la chaîne sur les Psaumes étudiée par Mai, au t. m de sa Nova Patrum bibliotheca, Rome, 1852-1854. Il faut y joindre, sur la foi des manuscrits, une chaîne sur l’Ecclésiaste, sur le Cantique des cantiques, sur les douze petits prophètes, sur les quatre Évangiles, sur les. Actes, sur les Épîtres paulines, sur les Épîtres catholiques. Ibid., col. 534. Cf. Mai, Classic. auctor., Rome, 1828-1838, t. vi et îx. L’absence dans l’œuvre de Nicétas de toute chaîne sur l’Octateuque ou sur les grands prophètes doit donner à penser qu’il en existait déjà avant lui sur ces livres. — Après Nicétas, on ne trouve plus que quelques noms sans grand relief. Fabricius mentionne une chaîne sur le Cantique des cantiques qui aurait pour auteur un certain « Néophyte moine », qu’il propose d’identifier avec un moine du XIIe siècle, du même nom, dont on a diverses homélies, l’une entre autres sur la prise de Chypre par les Anglais, en 1191. Biblioth. gr., t. viii, p. 661. Le même Fabricius parle d’une chaîne sur Isaïe, qui aurait pour auteur un certain « Jean Droungarias », et dont il existerait un manuscrit du Xe siècle. Ibid., p. 662-664. « André le prêtre » serait l’auteur d’une chaîne sur les Proverbes et sur Isaïe ; il serait un compilateur du xm a siècle, si le manuscrit daté de 1241 qui renferme sa chaîne sur Isaïe et la souscription de cet André est un manuscrit original. Ibid. Il faut mentionner enfin un compilateur du xive siècle, évêque de Philadelphie, Macarius Chrysocéphale, dont on signale en manuscrit une chaîne sur la Genèse et une chaîne sur saint Matthieu : Fabricius a donné la préface de cette dernière. Ibid., p. 677.

Les manuscrits de chaînes grecques sont très nombreux, nous l’avons marqué déjà ; on trouvera un inventaire trop succinct desdits manuscrits dans Harnack, Geschichte der allchristlichen Litteratur, Leipzig, 1893, p. 835-842. Un petit nombre de ces manuscrits remonte au Xe siècle, la majorité- au xi a et suivants. Pour Job seul on a des manuscrits plus anciens : Patmensis 171, du viie-vm « siècle ; Vatican, gr. 749, du vnp siècle. Quelquesunes des chaînes sur Job sont accompagnées de figures peintes, qui appelleraient une étude spéciale. — Les chaînes imprimées sont cataloguées par Harnack, ibid. Nous signalerons d’après lui : les chaînes sur saint Matthieu et saint Marc, éditées par Possin (Toulouse, 1646), Cordier (Toulouse, 1647) et Cramer, ce dernier dans son grand recueil Catenss grsecorum Patrum in Novum Testamentum (Oxford, 1840) ; la chaîne sur saint Marc éditée par Peltanus ( Ingolstadt, 1580) et par Matthæi (Moscou, 1775) ; les chaînes sur saint Luc publiées par Cordier (Anvers, 1628), par Lami (Florence, 1738), par Mai ( t. ix de la Script, vet. collect. Vatican.) et par Cramer ; les chaînes sur saint Jean publiées par Cordier (Anvers, 1630) et par Cramer ; les chaînes sur les Actes, sur les Épîtres catholiques, sur les Épîtres pauliniennes, données par Cramer ; la chaîne sur la première Épître aux Corinthiens mentionnée ci-dessus (Florence, 1738). On n’a rien imprimé sur l’Apocalypse. Pour l’Ancien Testament, signalons : la chaîne sur l’Octateuque publiée par Nikephoros (Leipzig, 1772), qui, selon Harnack, aurait pour base les’ExXoTfal eî ; ’OxidT£u-/ov de Procope, conjecture peu motivée ; la chaîne sur le Pentateuque éditée par Zephyrus (Florence, 1547), la chaîne sur la Genèse et sur l’Exode donnée par Lipomannus (Paris, 1546, 1550) ; la chaîne. sur les Psaumes de Cordier (Anvers, 1643) et celle de Barbaro (Venise, 1564) ; la chaîne sur les Proverbes de Peltanus (Anvers, 1614) ; la chaîne sur Job de Junius (Londres, 1636) et celle de Comitolo (Lyon, 1585) ;

! la chaîne sur le Cantique des cantiques de Meursius

| (Leyde, 1617) ; la chaîne sur Jérémie et Baruch de Ghis| lerius (Lyon, 1623) ; la chaîne sur Ézéchiel de Villalpan ! dus (Rome, 1604). Aux diverses publications signalées j par Harnack, joignez : la chaîne sur Daniel éditée par