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CHAINE — CHAINES BIBLIQUES


anneaux de métal, ornés de globules d’or et d’argent, ou de perles et de pierres précieuses. Les tôrîm destinés à l’épouse des Cantiques, i, 11, se composaient de chaînettes d’or marquetées de points d’argent. Cette parure encadrait le visage et en faisait ressortir la beauté, i, 10.

Tes joues sont belles entre les tôrîm

Et ton cou au milieu des colliers de perles.

. Les Septante et la Vulgate ont traduit par Tpuyi&v, turtur, Cant., i, 9 ; ils ont confondu {ôr avec un mot semblable signifiant « tourterelle », et ont pris le z, b, « entre », qui précède fô rîm, pour s, ii, « comme ».

Mais infidèles à eux-mê mes, au verset suivant où

le même mot se présente,

ils le traduisent différem ment ; les Septante par

ofjiottifjiaTct, c’est-à-dire « images », la Vulgate par

murenulas, « chaînes de

cou, collier. » Cet orne ment se porte encore en

Orient. John Wilson, iands

of the Bible, 2 in-8°,

Edimbourg, 1847, t. ii, p. 84,

remarque cette coutume

chez les femmes de Djéni

(iingannim). Seulementles

plaques de métal précieux

ou les globules d’or atta chés aux anneaux, sont

remplacés par des sequins

ou d’autres pièces de mon naie enfilées. On rencontre

le même usage à Bethlé hem, à Jérusalem (fig. 165)

et en diverses parties de la

Palestine ; on le trouve

aussi en Perse, en Arabie,

dans l’Egypte moderne.

Burder, Oriental litera ture, t. ii, p. 84-85. Voir

A. Th. Hartmann, Die

Hebràerin am Putztische

und als Braut, t. iii,

p. 208.

II. Chaînes des prison niers. — 1° Ancien Testa ment. — Ézéchiel, vii, 23,

reçoit l’ordre de faire une chaîne qui symbolisera la captivité du peuple. Cette chaîne s’appelle caffôg. Septante : çOpixo’; , « mélange ; » Vulgate : conclusio. Ps. Civ (cv), 18, il est dit que le « fer », barzel, c’est-à-dire sans doute « une chaîne de fer », et les mauvais traitements que Joseph dut subir dans sa prison mirent sa vie en péril. Cf. Ps. cxlix, 8. Partout ailleurs, la chaîne tire son nom de nehosét, « airain, » indiquant la matière dont elle est fabriquée. Elle s’appelle nehustaîm, mot au duel qui implique le sens de double chaire pour les mains et pour les pieds. II Reg., iii, 34. C’est avec des chaînes de ce genre que les rois de Ninive et de Babylone attachaient leurs prisonniers (fig. 106). Septante : 8z<jy.6z, itËBïi ; Vulgate : catena, compedes. Jud., xvi, 21 ; II Reg., m, 34 ; IV Reg., xxv, 7 ; II Par., xx.xiii, 11 ; xxxvi, 6 ; Jer., xxxix, 7 ; lii, 11. On a retrouvé des débris de ces chaînes en Assyrie (fig. 167). Métaphoriquement l’auteur de la Sagesse, xvii, 17, donne le nom de chaîne ( en grec : IôIOïio-ocv, « furent liés » ) aux ténèbres qui enveloppèrent les Egyptiens pendant la neuvième piaie. L’orgueil est comparé dans l’Écriture à une chaîne qui tient les hommes « n son pouvoir. Ps. lxxii (lxxiii), 6. — Dans plusieurs

D1CT. DE LA BIBLE.

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167. — Chaîne assyrienne.

D’après Place, Ninive, t. iii, pi. 70.

autres passages, les versions parlent de chaînes là où il est question de joug, Lev., xxvi, 13 ; Is., . lyiii, 9 ; Jer., xxvii, 2 ; xxviii, 10, 12, 13 ; Ezech., xxxiv, 27 ; de ceps, Job, xxxvi, 8 ; .1er., xl, 1, 4 ; d’anneaux, Ezech., xix, 4, 9. Voir ces différents mots.

2° Nouveau Testament. — On liait avec des chaînes les possédés dont on voulait se rendre maître. Marc, v, 3, 4 ; Luc, viii, 29. — À Jérusalem, saint Pierre fut chargé de deux chaînes dans la prison où l’avait enfermé Hérode. C’était l’usage des Romains d’attacher par une chaîne le prisonnier au soldat qui le gardait. Sénèque, Epist.y, Pline, Epist., x, 65 ; Josèphe, Ant. jud., XVIII, vi, 7. Pendant la nuit, pour plus de sûreté, l’Apôtre fut attaché par deux chaînes à deux de ses gardiens. À la voix de l’ange, les chaînes tombèrent d’elles-mêmes. 1 Act., xit, 6, 7. L’Apôtre fut plus tard enchaîné à Rome, sous Néron, avant son martyre. Sur les chaînes de saint Pierre, conservées à Rome, dans la basilique de Saint-Pierre in Vincoli, voir Duchesne, Origines du culte chrê-I tien, Paris, 1889, p. 269. — Saint Paul fut également i lié avec deux chaînes à Jérusalem, Act., xxi, 33. Il fait allusion à ses liens dans son discours à Césarée, Act., xxvi, 29 ; dans son entretien avec les Juifs de Rome, Act., xxviii, 20 ; dans son Épître aux Éphésiens, vi, 20. Pendant, son séjour de deux ans dans une maison de louage, à Rome, il resta enchaîné au bras d’un soldat. Act., xxviii, 30. Dans sa seconde Épître à Timothée, i, 16, il parle des chaînes qui le lièrent pendant sa seconde captivité à Rome. — Dans l’Apocalypse, xx, 1, un ange descend du ciel avec une grande chaîne, et il lie le démon pour mille ans. Cette chaîne symbolique représente la puissance de Dieu, qui arrête l’activité du démon

quand il lui plaît.

H. Lesêtre.

2. CHAÎNES BIBLIQUES. Ce mot de « chaîne », catena, est un terme bibliographique moderne, qui n’est répandu que depuis la Renaissance, pour désigner une édition du texte de la Bible dans les marges de laquelle on a transcrit, en guise de commentaire perpétuel, des citations des saints Pères, chaque citation précédée de la mention du nom de l’auteur à qui elle est prise. Cette littérature a surtout fleuri chez les Byzantins, grands amateurs de florilèges ou’ExXoyaf. Le moyen âge latin n’a rien connu de pareil ; il a eu à dater de l’époque carolingienne des textes bibliques glosés, ainsi la Glossa ordinaria de Walafrid Strabon, ainsi les Postilla de Nicolas de Lyra. Voyez Gloses et Postilla. Mais ni les gloses ni les postilles ne constituent une chaîne. On a coutume d’attribuer à saint Thomas d’Aquin la première véritable chaîne latine ; en effet, saint Thomas est l’auteur d’un commentaire sur les quatre Évangiles fait de citations des Pères grecs et latins ; toutefois ce commentaire portait à l’origine le titre de Glossa continuata, et ce n’est que dans les premières éditions imprimées (1484 et suiy.) que le nom de Catena lui a été donné, puis de Catena aurea, sous lequel il est aujourd’hui exclusivement connu. Voir Thomas d’Aquin. En soi, le terme de « chaîne » n’a d’autre sens que de comparer les citations à une suite d’anneaux, image dont la justesse n’est pas saisissante. Il n’est du reste pas d’origine grecque, les Grecs n’ayant point utilisé le mot azipi pour désigner ce que nous appelons une « chaîne », mais se servant de périphrases comme’ExXoyai épixrjveifôv, ’EçViyoai ; ôtayoptiiv, ’E^Y]y/]xtxcov ix), oyfi>v imTou, ï). « Les Grecs, écrivait Richard Simon, ont un grand nombre de ces sortes de recueils sur la plupart des livres de la Bible, et l’on en trouve beaucoup dans les bibliothèques qui n’ont point encore été imprimés. Il ne serait pas même nécessaire de publier ces compilations entières, puisque nous avons les auteurs d’où elles ont été prises ; mais il serait à désirer qu’on donnât seulement au public ce qui s’y trouve de singulier et qui n’a point encore été publié. » Histoire critique du Vieux Testament, Rotterdam, 1685, p. 412. Le désir

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