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CÉSARÈE DU BORD DE LA MER


des débris de mosaïque marquent encore la place des Constructions romaines, se passa la scène si touchante de sa conversion et du baptême administré par Pierre à l’honnête officier et à toute sa famille.

En remontant vers la jetée du nord, que nous trouvons’complètement ruinée, mais où l’on voit encore, couchées sous 1 eau, les colonnes qui la transformaient en un long portique, on retrouve des dalles qui marquent la direction des anciens quais. Elles ont vu très certainement arriver et partir Paul, ainsi que la plupart des personnages les plus célèbres de l’âge apostolique. Près de ces

le récit de Josèphe, le roi étant au milieu de la scène sur le berna qu’on y avait dressé, recevait en plein, vers les neut heures du matin, les rayons du soleil sur les lames d’argent dont il avait orné ses vêtements, pour faire croire à une transfiguration préludant à son apothéose. La topographie confirme ici le dire de l’historien. Des gradins du théâtre il ne reste plus rien. Quelques fragments d’arceaux émergent encore vers le sommet. Le mur du sud est en partie debout. La cavea, taillée entièrement dans le tuf, est exactement conservée. Elle mesure cent mètres de pourtour à la partie haute. À l’endroit de la scène

ICO. — Ruines des remparts de Césarée. D’après une photographie.

dalles sont amoncelées des pierres d’assez bel appareil, que les barques, à la saison où les vents sont favorables, viennent charger pour les transporter soit à Jaffa, soit à Caïpha et jusqu’à Saint-Jean-d’Acre. On les extrait journellement des ruines de la vieille ville, et on les vend, d’après ce que nous dit le bachi-bouzouk surveillant cette exportation, un medjidié le cent, soit moins de quatre centimes l’une.

Il reste encore de la ville d’Hérode une partie des égouts, quelques arceaux d’aqueducs ensevelis sous le sable abordant la ville au nord, et enfin le théâtre. Celuici est un des sites les plus authentiques et les plus intéressants que les voyageurs trouvent en Palestine. C’est en grande partie pour le voir que nous avons entrepris le voyage de Césarée. On sait que Josèphe, Ant. jud., XIX, viii, 2, complétant le récit des Actes, xii, 19-23, raconte que la fameuse scène où Hérode Agrippa voulut se faire acclamer dieu par les Tyriens et les Phéniciens, venus en ambassade pour demander la paix, se passa au théâtre de Césarée. C’est là que la colère du ciel frappa mortellement le prince insensé et sacrilège. Le théâtre était orienté du levant au couchant, en sorte que, selon

gisent encore des restes de colonnes en granit rose. Ces vieux débris ont entendu un peuple d’adulateurs crier à un des rois les plus corrompus que mentionne l’histoire : « Ce n’est pas un homme qui parle, c’est un dieu ! Hérode Agrippa, fais-nous grâce ; si jusqu’à cette heure nous ne t’avons respecté que comme un homme, désormais nous te traiterons comme un dieu ! i> Cinq jours après, le faux dieu, frappé par une main invisible mais juste, mourait dévoré par les vers. Comme point de vue, le théâtre était heureusement situé. Par-dessus la scène les spectateurs voyaient à droite le môle avec ses tours de défense, plus près les belles maisons, régulièrement disposées le long du rivage, autour de l’anse méridionale qui servait peut-être de refuge aux plus petites embarcations ; en face, une bulte que couronnait sans doute quelque splendide monument ; et au loin les flots de la mer bleue perpétuellement sillonnés de longues et capricieuses traînées d’écume. Il est surprenant que le bruit assourdissant des vagues n’ait pas été un dérangement pour les acteurs. C’est dans ce même théâtre qu’Agrippa donna à un casuiste juif, le rabbi Simon, rigoriste qui blâmait publiquement la facilité sceptique avec laquelle le roi