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CÉSARÉE DU BORD DE LA MER


naire des pèlerins, et qu’on n’y arrive ni sans fatigue ni sans danger.

C’est au mois d’avril 1894, qu’avec M. Vigouroux, nous nous sommes rendus à Kaïssariyéh. Le récit des Actes, X, 30, constatant qu’il fallut aux émissaires de Corneille quatre jours pour aller de Césarée à Joppé et ramener Pierre, est parfaitement exact. Il y a, en effet, un grand jour et demi de marche entre ces deux villes. C’est le temps que nous y avons mis nous-mêmes. Partis de Jaffa à six heures du matin, et ayant couché en rase campagne, faute d’asile, au delà de Kakoun, nous sommes arrivés à Césarée le lendemain à trois heures du soir, à peu près comme Pierre et son escorte. Après avoir franchi,

quement à Paul sa captivité prochaine, et où il est possible que saint Luc ait recueilli des documents pour écrire son Évangile, nous nous dirigeons vers le point central de l’antique cité, occupé plus tard par la ville des croisés, et aujourd’hui par quelques maisons couvertes de tuiles rouges, indice ordinaire de quelque colonie européenne transplantée dans le pays. Ce sont, en effet, des Bosniaques qui ont été autorisés par le sultan de Constantinople à s’établir sur les ruines de Césarée, en 1884. Ces braves gens ont conservé le fond de droiture et de bonté qui distingue les races d’Europe des races de l’Orient. Un grand mur, jadis muni de nombreuses tours, aujourd’hui absolument ruiné, marque le parallélogramme

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136. — liJiULa u. i.i luui du Césarée. Serai actuel. Tue du nord. D’après un. Hi’U'-, r i.i.’li_.

non sans peine, une série de ruisseaux formant de détestables marécages, nous avons abordé les grandes dunes de sable qui montent graduellement vers l’ouest. Qn atteint Césarée par une sorte de chemin élevé en forme de chaussée, et que les pierres des édifices ruinés rendent impraticable. Le pourtour de l’antique cité se déroule aussitôt, parfaitement reconnaissable aux décombres qui y sont amonceléssur un espace desixkilomètresenviron(fig. 157). De vastes carrés dont on a en partie enlevé les pierres, mais que des pans de murs délimitent encore, sont ensemencés d’orge ou de blé. À notre gauche, en marchant vers la mer, on voit les restes d’un cirque, au milieu duquel se dressent encore quelques pierres marquant la spina. Un superbe obélisque de quinze mi.res de long gît à terre. Il n’; pas d’inscription. On l’a scié en plusieurs fragments sans parvenir à l’enlever, tant les blocs sont considérables.

En continuant notre route à travers ces ruines où il est impossible de reconnaître les rues droites dont parle Josèphe, foulant peut-être aux pieds la maison de Philippe et de ses filles, là où Agabus prophétisa symboli qui enferma la ville de saint Louis. Celle-ci n’a en réalité aucun rapport avec la géographie biblique. Disons même que comme architecture elle offre peu d’intérêt, quand on a visité Athlit ; mais c’est dans son enceinte qu’il faut peut-être chercher plusieurs sites indiqués dans l’histoire apostolique.

Trois points y sont en saillie, un au nord, l’autre au sud, et le troisième vers le couchant au milieu des flots. Le premier est actuellement couvert par les habitations des Bosniaques. Ces habitations modernes reposent à peu près toutes sur des substructions antiques et de fort bel appareil. Il est impossible de rien reconstituer à travers cet amalgame de maisons, bâties sans ordre, çà et là ; mais la position particulièrement pittoresque comme point de vue, excellente comme salubrité, enfin naturellement indiquée par son élévation pour servir d’assiette à un des édifices de la ville, nous porterait à croire que là fut peut-être le palais d’Hérode, devenu plus tard la maison des procurateurs romains. Si cette hypothèse était fondée, il ne serait pas impossible que les caves voûtées, aujourd’hui remplies de sable, mais jadis dépendances d’une