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CÉSARÉE DE PHILIPPE

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marche joyeusement vers les grandes montagnes d’où descendent les rivières, en se disant qu’il y aura là comme un petit paysage de Suisse où l’on pourra se reposer avec plaisir. Et, en effet, après avoir franchi de nombreux ruisseaux bondissant à travers les pierres, on finit par atteindre des massifs de figuiers, de saules, de térébinthes, de lauriers - roses, de peupliers, d’amandiers : là se trouve Banias, l’ancienne Panéas. L’eau, si rare dans toute la Palestine, court ici dans tous les jardins et inonde même le petit sentier encombré de ruines et de pierres basaltiques par lequel nous arrivons. De jolis chapiteaux doriques et corinthiens sont plantés çà et là,

trois supports tiennent en l’air. C’est le système qu’ils ont imaginé pour se garantir des scorpions et des insectes qui abondent dans le pays.

Le seul souvenir de l’antique Panéas qui subsiste â Banias moderne, c’est, en dehors du nom même de la ville, la fameuse grotte de Pan, dont Josèphe nous a fait la description, et qui, par le culte qu’on y rendait au dieu des troupeaux et des pâturages, avait donné naissance à la cité de Panéas. Cette caverne se trouve au nord du village, ouverte sous les derniers contreforts de l’Hermon. On y arrive à travers des ruisseaux sans passerelles et des jardins mal cultivés. Les habitants du pays l’ap 154. — Source du Jourdain, à Banias. D’après une photographie.

comme bornes, pour délimiter les propriétés particulières. Les maisons de Panéas sont de terre, mais de superbes blocs de marbre se trouvent souvent enchâssés dans ces misérables murs de pisé. Des sarcophages, remarquables comme sculptures, et, autant qu’il nous a paru, tous de l’époque grécoromaine, servent d’auge aux troupeaux. L’ancienne ville, absolument détruite, a été transformée en champs de blé et en jardins. Seule la forteresse a résisté en partie à l’injure du temps, et c’est dans son quadrilatère que sept ou huit cents habitants ont édifié leur triste village. À notre grande déception, nous n’avons pas trouvé un seul chrétien à Banias. Heureusement que le vieux scheikhvrkhaoui, un excellent vieillard, nous offrit chez lui la plus patriarcale hospitalité. En dehors de l’appartement qui sert de mosquée, à l’entrée de sa demeure, et où il nous installa, il eût été impossible de trouver dans tout le village un asile acceptable. Les habitants désertent la nuit leur habitation ordinaire pour aller se blottir sur leurs terrasses, dans des réduits construits avec des branches d’arbres et que

pellent Merharet Ras en-Nebah, « Caverne de la télé de la source. » Du temps de Josèphe, une nappe d’eau immobile, mais dont la profondeur était jugée insondable, s’étendait sous la grande voûte rocheuse. Du pied de la caverne, dit l’historien juif, Bell, jud., i, xxi, 3, sortait en bouillonnant une des sources du Jourdain (fig. 154). Aujourd’hui la nappe d’eau n’est plus visible. D’énormes blocs de rocher se sont détachés de la montagne et ont comblé une grande partie de la grotte. Les eaux jaillissent toujours à la partie basse, à dix mètres environ au-dessous des éboulements et de l’entrée actuelle. La grotte, jadis pleine de poésie, est devenue une étable d’une saleté repoussante. Les bergers successeurs de Pan y laissent s’accumuler les ordures de leurs troupeaux, et les insectes de toute sorte y pullulent. Plusieurs niches, dont les unes se trouvent, par suite de l’exhaussement du terrain, à fleur de terre, et d’autres cachées sous le sol, ont des inscriptions en l’honneur de Pan et des nymphes. Dans l’état actuel des lieux, il n’est pas possible de trouver, entre la grotte et la rivière, une assiette convenable pour le fameux temple