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GENE — CENERETH


S18q|ievov ; « mis en pièces, » ajoute saint Paul, to vitkp ûpiwv 9pu7rr6u.£vov (leçon du manuscrit de Bèze), ou encore, d’après une variante conservée dans ce même manuscrit et dans ceux du Sinaï et d’Éphrem : xXwjievov, « rompu, brisé. » « On réduisait autrefois la victime et les gâteaux qu’on offrait à Dieu en petits morceaux, et c’était une marque de l’aflliction et du sacrifice qu’on faisait au Seigneur. C’est en ce sens que la fraction du pain sacré, soit qu’on la fasse pour la distribution ou pour toute autre raison mystique, fait partie du sacrifice en représentant Jésus-Christ sous les coups, et son corps rompu et percé : ce que les Grecs désignent encore par une cérémonie plus particulière, en perçant le pain consacré avec une espèce de lancette, et en récitant en. même temps ces paroles de l’Évangile : « Un des soldats perça son côté « avec une lance, et le reste. » Bossuet, Explication des prières de la messe, xvil.

Les azymes rompus et changés au corps de Jésus reposaient sur un plat de la table. Les termes dont se servent les évangélistes : « il donna, prenez, mangez, » semblent indiquer, en effet, que Jésus ne donna pas à chacun des Apôtres le pain consacré, mais qu’il en déposa les fragments sur un plat qui passa de main en main. Tous en prirent leur part.. Jésus venait de se donner tout entier, et il le marqua en ajoutant, sans attendre la consécration de la coupe : « Faites ceci en mémoire de moi. » Luc, xxii, 19. Il lui restait néanmoins à présenter une plus complète expression de sa mort, en montrant après sa chair immolée son sang répandu. Voici comment il le fit :

Le repas était terminé ; la troisième coupe, Luc, xxii, 20, « le calice de bénédiction, » qu’on buvait avant les derniers chants, venait d’être versée. Jésus la prit, la bénit, et la présenta aux Apôtres : « Buvez-en tous, dit-il, ceci est mon sang, le sang du sacrifice qui consacre la nouvelle alliance, le sang qui sera répandu pour plusieurs en rémission des péchés, » paroles dont saint Luc, xxii, 20, resserre toute la substance : « Cette coupe est le nouveau testament dans mon sang qui sera versé pour vous. » 11 y avait donc dans cette coupe un sang qui devait bientôt couler et consommer l’alliance nouvelle : plein de ces pensées, Jésus ne voyait que mort autour de lui et ne trouvait pour consacrer le vin du sacrifice que les paroles de Moïse scellant aussi dans le sang l’antique alliance. Mais en même temps il offrait aux siens dans ce calice une source de vie éternelle : « En vérité, je ne boirai plus de ce fruit de la vigne jusqu’au jour où je le boirai nouveau avec vous dans le royaume de mon Père. Pour vous, toutes les fois que vous le boirez, faites-le en mémoire de moi. » La Cène se termina, selon l’usage, par un hymne d’actions de grâces. Matth., xxvi, 30.

C. Fouard.

    1. CÉNÉRETH##

CÉNÉRETH, nom d’une ville et d’un lac de la Galilée. Hébreu : Kinnérét ; Septante : KevepsB ; Codex Alexandrinus : XsvepiS. Ce nom se trouve écrit, dans Jos., xi, 2 : Kinnârôt ; Septante : KeveptiO, et Vulgate : Ceneroth ; dans Jos., xii, 3 (et III Reg., xv, 20) : Kinnerût ; Septante : XevvepiÔ ; Vulgate : Cénéroth ; dans Deut., iii, 17, les Septante transcrivent en conservant la particule a, me, « de, » qui précède le nom en hébreu : Ma^aveoÉO ; Codex Alexandrinus : Ma-^îvepl6.

1. CÉNÉRETH. Ville forte de la tribu de Nephthali. Jos., XIX, 35. Cette ville se trouve citée presque dans

dans

la même forme, Kennaratou, *—-> k. VJ.

la liste de Karnak des villes de la Syrie conquises par Thothmés III. Cénéreth et Cénéroth sont assez généralement considérés comme des formes ou dérivations de Kinnôr, « harpe, » pluriel Kinnôrôt. Cette ville s’appelait ainsi, suivant le Talmud de Babylone, Megillah, 6, a, parce que « ses fruits étaient doux comme le son d’une harpe ». Cf. A. Neubauer, Géographie du Tal

mud, in-8°, Paris, 1868, p. 214. — Origêne, Lexicon nominum hebraicorum, dans la Pair, lai., t. xxiii, col. 1231-1232, propose d’abord la même étymologie : « Kinyra, écrit-il, harpe » (Kivùpa, xc9àpa), et ajoute : « ou science de la lumière » (r, èr.iyvtomz oazôz). Il semble prendre pour racines qânâh, « acquérir, » et’ô>, « lumière. » Saint Jérôme, ibid., considérant sans doute que Kinnérét, s’écrivant avec d, ne peut dériver d’un mot s’écrivant avec p, remplace, dans sa traduction, l’interprétation d’Origène par celle-ci : « ou bien comme des flambeaux, » aut quasi lucemse, faisant évidemment dériver Cénéroth

de la particule : , « comme, » et nêrôt, pluriel de nêr, « lumière. » Ces interprétations sont des conjectures sans fondement ; il se pourrait que le nom fût purement chananéen. Dans les Talmuds, cette ville est appelée Ginôsar. Cf. A. Neubauer, Géographie du Talmud, p. 214. À ce nom a succédé celui de Génésar, grec : Vvivi, aâp, I Mach., xi, 07, et Josèphe, Bell, jud., III, x, 7, etc., et celui de Génésareth, Tev/yio-apér, dans les Evangiles. Voir Génésar et Génésareth.

La ville de Cénéreth est citée, Jos., xix, 35, entre les villes de Nephthali, Assedim, Ser, Émath et Reccath, d’une part ; Édema, Arama et Asor, d’autre part. Ainsi que toutes ces localités, elle devait certainement se trouver dans le territoire qui borde, du côté occidental du Jourdain, le lac de Tibériade, l’antique mer de Cénéreth ; mais les palestinologues ne sont point d’accord sur sa situation. Selon le Talmud, Megillah, i, 1, Cénéreth devrait être cherchée au sud de Tibériade, près de Bêt-Iérah (très probablement la Tarichée de Josèphe) et près de Sennabri ( Sennabris et Gennabris du même historien) : ces localités auraient servi de remparts et de forts à Cénéreth. Le Midrasch ne distingue pas Cénéreth de ces deux villes. Voici ses paroles : « Cénéreth. R. Éliézer dit : [c’est] lérah ; R. Samuel bar Nahman dit : [c’est] Bêt-Iérah ; R. lehoudah bar Simon dit : [c’est] Sennabri et Bêt-Iérah. » Cf. A. Neubauer, Géographie du Talmud, p. 214 et 215. Le nom revvaëpi ; ou 2ewa6pt5, plus voisin du mot Cénéreth que Génésareth, pourrait être, en effet, une dérivation de l’antique dénomination biblique. Dans la transcription des noms hébreux en grec, la lettre S s’est souvent unie à la lettre p : ainsi les Septante écrivent constamment Au.opi pour Amri, et Zafiëpi’pour Zamri. Les populations de la Palestine d’ailleurs donnent à la lettre ^ = zz= k un son qui tient du g, du ï ; (s) et du tf (s). Josèphe, Bell, jud., III, IX, 7, place Sennabris à trente stades (5 kilomètres 600 mètres environ), au sud de Tibériade ; la Grande Plaine (Méya ireSi’ov), ou vallée. du Jourdain, commence au village de Gennabrin (Tevvaëpfv ) et se termine au lac Asphaltite. Bell, jud., IV, viii, 2. Or, si de l’extrémité sud des ruines de l’ancienne Tibériade, qui touchent presque aux bains actuels, on s’avance, dans la même direction, à un peu plus de cinq kilomètres et demi, on rencontre un tertre appelé par les Arabes Sennen - Nibrah et Senn-Nibrah. Son sommet est jonché de ruines à moitié recouvertes par d’épaisses broussailles. On y remarque les traces d’un mur d’enceinte. Au-dessous, à l’est, le lac s’arrondit en une jolie petite baie tout environnée de lauriers-roses et d’agnuscastus. Au sud de cette baie et au sud-est du tertre commence la longue ruine qui s’étend jusqu’à l’extrémité du lac et à l’endroit où en sort le Jourdain. Elle est connue sous le nom de Kérak. Ce nom est considéré par plusieurs comme une corruption de Bétlérah et de Tarichée. Senn-Nibrah semble n’avoir été qu’une partie, un quartier de Kérak. Les ruines de Kérak couvrent une suite de collines qui se succèdent sur la rive du lac sur une longueur d’un kilomètre. Çà et là on rencontre des restes de fortifications. Le Jourdain, à sa sortie du lac remontant vers le nord sur le côté occidental des ruines, faisait une presqu’île de cette localité. Josèphe, Vit., 32, dit que Tarichée, ainsi que Sennabris, est à trente stades

II. — U