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CÉNACLE — CENCHRÉES

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suivantes, enfin du lavement des pieds dans la partie inférieure ou rez-de-chaussée ; car, pour mieux rappeler l’antique disposition des lieux, on avait construit l’église à deux étages. Les colonnes qui divisent en deux nefs parallèles l’étage supérieur correspondent aux piliers de l’étage inférieur. On sait que les musulmans honorent en ce lieu le tombeau de David.

Quoi qu’il en soit des détails fantaisistes que la piété des âges de foi a naïvement ajoutés à la donnée première de la tradition chrétienne, l’importance de celle-ci ne saurait échapper aux hommes sérieux. Le premier lieu de réunion des Apôtres fut celui où Jésus avait mangé la Pâque. La première église où les fidèles se Téunirent fut la chambre haute où les Apôtres avaient reçu le Saint-Esprit. Cette église était consacrée par trop de souvenirs pour être abandonnée des fidèles. Puisqu’on la mentionne dès le ive siècle, c’est que jusqu’alors on ne l’avait pas perdue de vue. Depuis cette époque nous savons son histoire. Donc le lieu dit actuellement Nebî Daoud correspond, selon toute probabilité, à la maison où fut le Cénacle. E. LE Camus.

    1. CENCHRÉES##

CENCHRÉES (Keyxpe « 0, aujourd’hui Kelu-iès (fig.131), un des ports de Corinthe, celui qui mettait cette ville en relations avec l’Orient. Act., xviii, 18. Comme les navigateurs aimaient peu de doubler le cap Malée, redoutable par ses tempêtes, le transit des marchandises et des voyageurs se faisait d’ordinaire, Strabon, viii, 6, 22, par le golfe Saronique, au fond duquel était Cenchrées ; par Corinthe, qui se trouvait à onze kilomètres de là, et par Léchée, le port occidental de cet » e ville sur le golfe corinthien. Cenchrées est un des points où les hommes apostoliques ont dû passer pour venir en Occident. Pierre, qui, si nous en croyons l’évêque Denys, cité par Eusèbe, H. E., ii, 25, t. xx, col. 209, visita l’Église de Corinthe, en se rendant sans doute à Rome ; André, s’il a été vraiment l’apôtre de l’Achaïe, comme l’assure la tradition (voir saint Jérôme, Epist. iix ad Marcell., t. xxii, col. 589, et Théodoret, in Ps. cxvi, t. lxxx, col. 1805), ont touché à Cenchrées. Mais, pour nous en tenir aux seuls témoignages bibliques, Paul, en compagnie d’Aquila et de Priscille, s’est embarqué à ce port quand il a dû revenir en Orient, après son second voyage apostolique. Act., xviii, 18. Très probablement même il y a vécu quelque temps, assisté par Phœbé, diaconesse de la petite Église établie en ce lieu. Rom., xvi, 1-2. De Cenchrées il expédia sa magistrale Épîlre aux Romains, la confiant au zèle de cette même Phœbé, qui « e dirigea vers l’Italie, portant dans les plis de sa robe le code de la théologie chrétienne sur la grâce. C’est vraisemblablement aussi de Cenchrées, Act., xx, 2-3, que Paul dut partir, avec ses compagnons, pour retourner en Asie, en passant par la Macédoine. Ce petit port de mer a donc été le lieu de transit de l’Évangile, tout aussi bien que des vulgaires marchandises d’Orient. Aussi <loit-il offrir à ceux qui veulent suivre la trace des Apôtres, et de Paul en particulier, un véritable intérêt. C’est en avril 1893 que nous avons visité, M. Vigouroux, M. H. Cambournac, qui leva la photographie du site (fig. 132), et moi, la baie de Cenchrées. La voiture qui nous apportait nous déposa près du petit village de Kekriès, où cinq à six misérables habitations conservent encore le vieux nom de Cenchrées, mais trop loin de la mer pour représenter le site exact de l’ancienne ville. Il est vrai que celle-ci était censée se continuer, par une immense allée de pins et d’édifices soit publics, soit privés, temples, villas, mausolées, monuments divers, jusqu’à Corinthe même, sur un parcours de douze kilomètres, ôaov Éë8ï|j.T|XOv-a <7-txô’.a, dit Strabon. Nous nous dirigeâmes vers le sud de la baie. Là furent les bains d’Hélène. Les eaux tièdes et salées dont parle Pausanias, Corinth., Il, 2, 3, y coulent encore. De la petite colline qui est au sud de la baie il faut se re tourner vers le nord, à7cavnxp’j, dit le périégète grec, et l’on voit s’arrondir l’anse gracieuse sur laquelle fut exactement Cenchrées. Après ce coup d’œil à distance, on n’a qu’à suivre la grève, à franchir un ruisseau desséché, et en dix minutes on atteint la jetée méridionale de l’ancien port. Une vieille masure, dont nous trouvâmes la porte soigneusement close, représente la cité maritime d’autrefois. Le môle, à moitié couvert par l’eau, s’avance en arc de cercle vers le nord, comme pour rejoindre une jetée septentrionale qui venait vers lui. Les

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131. — Cenchrées. Ruines et port.

deux formaient ainsi une sorte de fer à cheval ou de cercle dont le diamètre pouvait mesurer sept cents mètres environ. Sur les arasements les plus près de terre, nous avons remarqué que ce môle méridional supportait des fondations d’appartements carrés, mais étroits, et tous de même dimension, peut-être les soubassements de quelque portique ou d’une série de magasins destinés à abriter les marchandises. À l’extrémité, il se terminait par un édifice circulaire, sans doute le temple d’Esculape et d’Isis. En suivant le rivage, toujours vers le nord, on rencontre des blocs de marbre blanc, dont les uns sont à moitié soulevés par l’eau et les autres en place. À côté sont des blocs de granit, probablement les restes du quai où abordaient les marins. Pausanias dit qu’il y avait, izà tù IpOu, ctTt tù 81à tt, ; ôaXào-avi ; , sans doute sur un mur qui du milieu du quai s’avançait dans la mer, une statue de Neptune en bronze ; et une médaille du temps d’Ahtonin le Pieux nous représente, en effet, ainsi le port de Cenchrées (fig. 133). Les premières attaches de ce mur sont encore visibles. Ce fut là le point central vers lequel convergea l’ancienne ville, échelonnée sur les exhaussements de terrain encore couverts de ruines qui sont au nordouest. A travers les broussailles, on trouve de nombreux débris de poterie, et des arasements de murs marquant la place des anciennes maisons. L’une d’elles fut peut-être la boutique du barbier où Paul, en raison d’un vœu de