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CELSIUS — CÉNACLE

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Il fut le premier maître de Linné, qui a donné son nom à un genre de plantes (Cebia), et lit principalement servir ses connaissances en histoire naturelle à l’interprétation de l’Écriture Sainte. On peut citer, parmi ses principaux ouvrages : De lingua novi Testamenti originali, in-8°, Upsal, 1707 ; De synedrio judaico, in-8°, Stockholm, 1709 ; De versionibus Bibliorum Sueo-Gothicis, in-8°, Stockholm, 1710 ; De lotione manuum Judœis usitata, in-8°, Upsal, 1717 ; De tilulis Psalmorum, in-8°, Stockholm, 1718 ; De legibus Hebrseorum bellicis, in-8°, Upsal, 1722 ; De templo Samaritanorum in Garizim, in-8°, Upsal, 1722 ; De navigatlone Salomonea, in-8% Upsal, 1722 ; Disputatio de sculptura Hebrseorum, in-8°, Upsal, 1726 ; Disputatio de veslimentis Hebrseorum in deserto, in-8°, Upsal, 1726 ; Disputatio de vexillis Hebrseorum, in-8°, Upsal, 1727 ; Disputatio de Judseis eontmque arca et cimeliis, in-8°, Upsal, 1727 ; Comment, de melonibus segyptiis ab Isrælitis desideralis, in-8°, Leyde, 1728 ; Hierobotanicon, seu De plantis Sanctse Scriplurse dissertationes brèves, in-8°, Upsal, 1745 et 1747 ; . Amsterdam, 1748. L’Hierobotanicon est une œuvre remarquable, malgré quelques erreurs, et la plus connue de Celsius. Il était habile botaniste, et il connaissait de plus l’arabe ; il l’a mis à profit pour la difficile identification des noms hébreux des plantes. Le roi Charles XI de Suède l’avait fait voyager dans les principales parties de l’Europe pour déterminer les plantes bibliques. Il publia le résultat de ses recherches dans dix-sept dissertations qui parurent de 1702 à 1741, et qu’il réunit ensuite dans Y Hierobotanicon. Il y détermine plus de cent plantes. Le tome II des Mémoires de la Société des sciences d’Upsal contient une notice sur sa vie et ses œuvres. A. Régnier.

    1. CÉNACLE##

CÉNACLE, du latin Cœnaculum, s’entend, dans le langage chrétien, de la salle où Notre -Seigneur prit son dernier repas pascal et institua la sainte Cène, ou lé sacrement de l’Eucharistie. Cette salle, désignée par Marc, xiv, 15, et Luc, xxii, 12, sous le nom de âvtiyeuv ou de àtiyat.o<i (i : ya était, d’après la composition même du mot, ovi et yaîav, un appartement au-dessus de terre, à un étage supérieur, appelé communément, Act., i, 13 (où il s’agit du Cénacle) ; ix, 37, 39 ; xx, 8, et Josèphe, Vit., 30, ûirspùov, « la partie supérieure de la maison, la salle haute. » Les Arabes la nomment aliyâh, du nom même que lui donnaient jadis les Juifs, - » by. II (IV) Reg., xxiii, 12, etc.

I. Les chambres hautes en général. — Aujourd’hui encore cet appartement d’honneur se trouve dans toutes les maisons un peu importantes de l’Orient. D’ordinaire il s’ouvre sur la terrasse, et on y aboutit par un escalier extérieur. C’est là qu’on reçoit les visiteurs, qu’on se recueille pour prier, qu’on se réunit pour converser, qu’on expose les morts avant la sépulture, qu’on donne les festins et les grands repas de famille. Jud., iii, 20 ; II Reg., xvin, 33 ; III Reg., xvii, 19 ; IV Reg., iv, 10, etc. En 1888, quand nous visitâmes Hébron, nous fûmes reçus et logés dans la salle haute d’une belle maison juive, à l’entrée de la ville. On y montait par un escalier extérieur. L’appartement avait une porte donnant sur la terrasse et une fenêtre ouverte sur la rue. La salle était voûtée et couverte par un dôme aplati. L’extérieur de la maison était peint en bleu pâle, l’intérieur de l’appartement était blanchi à la chaux. À Jaffa, la salle haute d’une maison, construite dans le jardin où l’on a cru retrouver la sépulture de Tabithe, était aussi abordée par un escalier extérieur ; mais, au lieu d’être voûtée en dôme, elle supportait une terrasse. Sur la terrasse étaient des vases de fleurs et des statuettes qui nous rappelaient les idoles placées au-dessus de la chambre haute du roi Achaz. IV Reg., xxm, 12. L’appartement central commandait quatre portes donnant, deux à droite et deux à gauche, sur des chambres particulières. À Antioche, nous avons été reçus dans la

salle haute des protecteurs de la mosquée Abib-el-Nadjar, qui formait, comme celle des Juifs d’Hébron, une pièce isolée sur la terrasse et donnait de trois côtés sur la rue. Intérieurement elle était ornée de grossières peintures et de larges bancs fixés dans la muraille. Ceux-ci contournaient les murs de la salle sans solution de continuité. Les Turcs qui nous recevaient fumaient accroupis sur des coussins. Les fenêtres y étaient nombreuses, et parfaitement disposées pour l’aération. C’est d’une de ces largesouvertures, où il s’était installé pour avoir moins chaud, que le jeune Eutyque de Troade tomba, s’étant endormi en écoutant prêcher Paul jusqu’à une heure très avancée de la nuit. Act., xx, 9-14. Le pauvre enfant fut ramassémort sur le pavé. La maison avait trois étages. Nous n’en avons jamais rencontré d’aussi haute dans nos voyages. Parfois les fenêtres ont des balcons en bois, ainsi que nous l’avons remarqué à Adana, et, s’ils ne sont pas solides, il peut arriver des accidents comme celui dont Ochozias fut victime à Samarie. IV Reg., i, 2.

IL Histoire du Cénacle. — 1° D’après le Nouveau Testament. — Nous ne savons rien de précis sur les dispositions de la salle haute dans laquelle Jésus célébra la dernière pâque. Le texte évangélique nous apprend seulement qu’elle était vaste, (léya, et convenablement meublée, èoTptoiisvov êïocy.ov, pour la circonstance. Un triclinium devait y être dressé. Voir Triclinium. Cf. E. Le Camus, Vie de NotreSeigneur Jésus-Christ, t. iii, p. 172 et suiv. Le nom du propriétaire du Cénacle ne nous est pas connu. Jésus ne le dit pas aux Apôtres ; ÙTràye-ue itpô ; t’ov Ssïva, telle est la formule par laquelle il empêche Judas d’aller révéler au sanhédrin le lieu du repas pascal. Le Maître ne voulait pas être saisi par ses ennemis avant l’heure des pieux épanchements. Les uns ont supposé que le propriétaire était Nicodème ou Joseph d’Arimathie ; d’autres, la mère de Jean Marc. S. Si ! via ; Aquitanse Peregrinatio ad loca sancta, edidit J. F. Gamurrini, 2e édit., in-4°, Rome, 1888, p. 70, 50. Ce fut cernement un prosélyte. Nous savons, en effet, que le lieu où Jésus avait fait ses adieux aux Apôtres continua à être fréquenté par ceux-ci après la résurrection. On s’y trouvait sûrement dans une maison amie. La façon dont l’auteur du livre des Actes nous dit qu’après l’Ascension les disciples se retirèrent dans le Cénacle, àtiëraa.v eîç io ircEpûov, Act., i, 13, suppose que ce Cénacle était un lieu connu de tous, qu’on s’y était réuni d’autres fois, et que ce fut là le premier sanctuaire de l’Église naissante. La tradition la plus ancienne est toute dans ce sens. Voir W. Cureton, Ancient Syriac Documents, in-4° r Londres, 1804, p. 24. Si l’on suppose, ce qui n’est pas invraisemblable, que les Apôtres et les premiers fidèles n’ont eu pendant longtemps à Jérusalem qu’un local pour leurs réunions générales, on sera porté à croire, puisque nous les trouvons, après la mort de Jacques et la délivrance miraculeuse de Pierre, dans la maison de Marie r mère de Marc, que celle-ci fut la propriétaire du Cénacle. En tout cas, nous savons que l’appartement était vaste, puisque Pierre, Act., i, 15, put y haranguer cent vingt auditeurs ; qu’il avait des ouvertures sur la rue, puisque les passants entendaient, au matin de la Pentecôte, les disciples parler les diverses langues de l’humanité ; qu’il se rattachait à une série d’autres dépendances constituant une maison complète. C’est, en effet, dans une maison qu’on entre pour monter au Cénacle, Act., i, 13 ; c’est cette maison tout entière qui est envahie par le bruit de l’Esprit-Saint descendant sur les Apôtres. Act., ii, 2.

2° Histoire du Cénacle d’après la tradition. — Un lieu si plein de souvenirs, où Jésus avait pris son dernier repas avec les siens, institué la sainte Eucharistie, dénoncé le traître, prononcé ses discours d’adieu ; où le Crucifié était revenu vainqueur de la mort, Joa., xx, 19, 26, prouver à chacun, mais surtout à Thomas, qu’il était réellement ressuscité ; où l’Esprit-Saint avait communiqué aux disciples la lumière, l’énergie et la langue de feu