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CELIBAT — CELLIER


moins que pour disposer le peuple à ce grand événement, Moïse lui imposa de garder la continence pendant quelque temps. Exod., xix, 15. C’est dans la même pensée que Joël exhortait les Juifs à se sanctifier par la continence. Joël, II, 16. Les prêtres de l’Ancien Testament n’étaient pas tenus au célibat, puisque le sacerdoce était attribué aux descendants d’Aaron. D’après Josèphe, ’Bell, jud., II, vm, 2-7, les Esséniens gardaient le célibat, bien qu’une partie de cette secte approuvât le mariage. Ibid., 13. Il paraît probable que ceux qui étaient admis dans les écoles des prophètes dont il est parlé dans l’Écriture, I Reg., x, 5, 10 ; xix, 20 ; IV Reg., ii, 3, 7, 15 ; vi, 1, vivaient dans le célibat, tandis que ceux qui étaient mariés habitaient avec leur famille des maisons particulières. IV Reg., iv, 1. Au temps des Machabées, il y avait au service du temple un certain nombre déjeunes filles qui, pour un temps du moins, gardaient le célibat. II Mach., iii, 19. Voir Virginité. Le célibat dans la viduité, malgré certaines prescriptions défavorables, comme la loi du Iévirat, Deut., xxv, 5-10, était aussi l’objet du respect. Eccli., xxxv, 18-19. On peut citer Judith, xv, 10, 11 ; la veuve de Sarepta, III Reg., xvii, 9 ; la mère des Machabées, II Mach., vii, 1 etsuiv. ; Anne, fille de Phanuel, Luc, ii, 36, 37, qui vécurent dans cet état.

IL Le célibat dans le Nouveau Testament. — Cet état de vie, peu connu et peu estimé jusque-là, est mis en honneur dans les livres du Nouveau Testament. Plusieurs passages établissent que le célibat perpétuel est en soi un état plus parfait que le mariage. Jésus-Christ dans l’Évangile en fait l’éloge, sous l’image des eunuques volontaires, Matth., xix, 12, et sans en faire un précepte, ni même un conseil général, il se contente de recommander à chacun de consulter ses forces avant de s’y déterminer. Saint Paul eut l’occasion d’exposer très clairement la doctrine de l’Évangile sur ce sujet. Plusieurs fidèles de Corinthe se demandaient si les chrétiens, qui recevaient le baptême avant de se marier, ne devaient pas rester célibataires ; d’autres, baptisés après leur mariage, doutaient s’ils n’étaient pas tenus d’imposer à leurs enfants le célibat. À ces questions, saint Paul répondit que la loi de l’Évangile ne prescrivait le célibat à personne, mais qu’elle le conseillait comme un état plus parfait, I Cor., vu, 25-35, et il donua le même avis, soit aux parents à l’égard de leurs enfants, ꝟ. 36-38, soit aux veuves qui hésitaient à se remarier, j>.’39-40. La préférence accordée par saint Paul au célibat est appuyée sur la considération des nombreuses tribulations de la vie matrimoniale, I Cor., vii, 26, mais surtout sur l’obstacle que le mariage apporte fatalement à l’exercice du culte parfait, ^. 29-34. Quelques interprètes hétérodoxes ont soutenu que dans ces passages saint Paul n’exhortait au célibat que par occasion, c’est-à-dire à raison des calamités de l’époque et de l’opinion alors en vogue du prochain avènement du Seigneur ; mais il est facile de se convaincre que l’argumentation est générale et s’applique à tous les temps.

On ne trouve dans le Nouveau Testament aucune prescription explicite imposant le célibat aux simples prêtres, et il n’existe pas généralement dans les Églises d’Orient. Cependant il serait téméraire de s’appuyer sur ce défaut de témoignages et sur l’usage oriental pour prétendre, comme le font les protestants, que la loi ecclésiastique sur le célibat des prêtres de la Loi nouvelle n’est pas conforme à l’Évangile. S’il est certain que saint Pierre était marié quand il fut appelé à l’apostolat, Matth., viii, 14, et que Philippe, l’un des sept diacres, était également engagé dans le mariage, Act., xxi, 9, plusieurs Pères de l’Église affirment que les Apôtres qui étaient mariés vécurent, depuis leur vocation, dans une continence parfaite. S. Jérôme, Epist. xlviii ad Pammach., 21, t. xxii, col. 510 ; S. Épiphane, Hser., xlviii, 9, t. XLijCol. 867. Cf. Tertullien, Demonog., 8, t. ii, 939. Les adversaires du célibat ecclésiastique invoquent des témoignages positifs, comme I Cor., vii, 2,

où saint Paul recommande sans restriction que « chaque chrétien ait son épouse », et Hebr., xiii, 4, où il revendique l’honorabilité du mariage contre certains dissidents de son temps. I Tim., iv, 3. Surtout ils font appel au texte où l’Apôtre enseigne que l’évêque ne doit être (selon leur traduction) l’époux que d’une seule femme, à l’exclusion des polygames ; ou (suivant d’autres traducteurs ) qu’il doit être choisi parmi les hommes mariés. Ils invoquent l’exemple d’Aquila, qui collabora aux travaux apostoliques de saint Paul en ayant toujours avec lui son épouse. Act., xviii, 2, 18 ; Rom., xvi, 3 ; I Cor., xvi, 19 ; II Tim., iv, 19. Enfin ils se réclament de saint Paul lui-même revendiquant son droit de se faire accompagner d’une femme dans ses voyages, ce que faisaient Céphas et les autres apôtres, I Cor., ix, 5 ; donnant enfin comme un des caractères des apostats des derniers temps la prohibition faite par eux du mariage. I Tim., iv, 3. Ces raisons ne prouvent rien contre la pratique et l’excellence du célibat sacerdotal. L’honorabilité du mariage n’empêche point la supériorité morale du célibat. Si par nécessité on dut prendre plusieurs des premiers évêques, prêtres et diacres parmi les hommes mariés, sans peut-être leur imposer toujours le célibat, cela n’infirme point la doctrine de l’Évangile sur la prééminence de ce dernier état. Enfin, l’empêchement à l’élection épiscopale par suite de secondes noces, les services rendus à Aquila par son épouse l’accompagnant dès lors comme une sœur, et ceux que saint Paul, célibataire avéré, I Cor., vii, 7, prétendait pouvoir tirer d’une ou plusieurs chrétiennes le suivant dans les mêmes conditions, voilà tout ce qui ressort des textes allégués contre le célibat ecclésiastique. P. Renard.

    1. CELITA##

CELITA (hébreu : QelUâ’, « nain ; » Septante : Kuvfcac,

I Esdr., x, 23, omis dans II Esdr., viii, 7), lévite. C’est le personnage qu’on appelait aussi Celaïa. Voir Celaïa.

    1. CELLIER##

CELLIER (hébreu : ’âsâmîm, Deut., xxviii, 8 ; Prov., m, 10, l’endroit où l’on « resserre » ; ’ôsàr, I Par., xxvii, 27 ;

II Par., xi, 11, etc., l’endroit où l’on « renferme » ; rnezavîm, Ps. cxliv, 13, l’endroit où l’on « cache » ; Septante : tï[j.£îov, 71ap18e<ji{, i*ivôç ; S. Luc, xii, 24 : Tau, ; ïov ; Vulgate : cella, cellarium, promptuarium, apotheca), endroit

127. Cellier égyptien. On va prendre du vin. L’inscription a gauche porte : « Il dit : Je prends soin du vin. » Celle qui est a l’intérieur : « Il n’y a rien de pareil. » D’après Wilfcinson, Manners and Customs, t. i, p.’388.

dans lequel on serre le vin et les autres provisions. — 1° Le cellier proprement dit n’existait que dans les maisons riches et assez considérables. Les monuments égyptiens représentent des celliers où l’on voit des rangs superposés de vases à vin (fig. 127), le vin qu’on verse dans un vase (fig. 128), et un scribe enregistrant la quantité de vin qu’on emmagasine (fig. 129). Les celliers des Hébreux, quelle qu’en fût la disposition, abri-