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CEINTURE


tures servaient à tenir les armes du guerrier ; elles devaient avoir certains ornements, et pouvaient parfois être décernées au guerrier comme récompense pour quelque haut fait. Joab en eut donné une à celui qui aurait tué Absalom. II Reg., xviii, 11. Lui-même en possédait une qui lui servait à mettre ses armes, II Reg., xx, 8 (hébreu), et il se déshonora en teignant de sang en pleine paix son baudrier et ses chaussures par les meurtres qu’il se permit. III Reg. ii, 5. Jonathas donna à David son)iàgôr et ses armes. I Reg., xviii, 4. Celui qui voulait combattre ne manquait pas de prendre la ceinture ; il était alors hàgôr ou hôgêr, accinctus, « ceint, » prêt au combat. Les tribus transjordaniques promettent d’être « ceintes » et armées au service de leurs frères, tant que durera la conquête de Chanaan. Num., xxxii, 17. Après le combat, on quittait la ceinture ; on devenait ainsi mefattèah, distinctus, « sans ceinture. » Achab répond au roi de Syrie, Bénadad, qui le menace : o Que le hôgêr ne se réjouisse pas comme le mefattèah, » c’est-à-dire que le roi ne chante pas victoire avant le combat. III Reg., xx, 11. — Les guerriers moabites portaient la ceinture comme tous leurs voisins. IV Reg., iii, 21. Le soldat moabite dont un bas-relief du Louvre nous a conservé l’image (fig. 125) est muni d’une ceinture à trois rangs. — Les soldats et

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126. — Coiniure cypriote.

D’après Helbig, Épopée homérique, p. 263.

les rois chaldéens et assyriens ont toujours des ceintures, dont quelques-unes paraissent remarquablement brodées. Voir t. i, fig. 57, col. 303 ; fig. 215, 216, col. 898 ; fig. 217, col. 899 ; fig. 222, col. 901 ; fig. 229, 230, col. 905 ; fig. 260, 261, col. 983 ; fig. 262, col. 980 ; fig. 263-266, col. 987-990 ; fig. 312, col. 1146 ; fig. 585, col. 1885. Les Assyriens qui doivent châtier Juda « auront toujours la ceinture aux reins », et seront ainsi toujours prêts à marcher et à combattre. Is., v, 27. Les belles ceintures des Chaldéens ont fait tourner la tête des habitants de Jérusalem. Ezech., xxm, 16. — La Bible ne fait aucune allusion directe à l’a ceinture, Çtàv7] ou Cwu-c^p, des soldats grecs, ni au ceinturon, cingulum, des soldats romains. Voir t. i, fig. 582, col. 1284 ; fig. 588, col. 1888 ; fig. 589, col. 1890.

3° Ceintures des femmes. — Chez les Hébreux d’autrefois comme parmi les Orientaux d’aujourd’hui, voir t. i, fig. 151, col. 633, les femmes retenaient et relevaient leur robe au moyen d’une ceinture. Ainsi qu’il fallait s’y attendre, cette partie du vêtement devint un objet de luxe. Les femmes israélites savaient fabriquer de belles ceintures destinées à l’exportation. La femme forte confectionne un hâgôr et le cède au Chananéen, c’est-à-dire au trafiquant nomade qui le revendra. Il y a là pour elle une source de bénéfice. Prov., xxxi, 24. La ceinture féminine est une hagôrâh, une mahâgôréf ou un qissiir. On ne pouvait pas s’en passer. Jérémie, ii, 32, peut dire que Dieu n’oublie pas plus son peuple qu’une jeune fille n’oublie son qiSsûr. Au jour du châtiment, Dieu enlèvera les qissurim (ceintures) aux femmes de Jérusalem. Is., iii, 20.

Elles auront alors, « à la place de la hagôrâh, une corde (ou bien : des vêtements percés, ou encore : une plaie), et au lieu de la robe de fête une mahâgôréf en cilice. » Is., m, 21. Le Seigneur punira ainsi les coupables d’une manière qui leur sera particulièrement sensible. Cet amour des belles et brillantes ceintures n’était pas l’apanage des seules femmes de Palestine. Homère décrit avec complaisance les riches ceintures de Vénus, de Calypso, de Circé, d’Héra et des femmes grecques. Iliad., iii, 371, 375 ; xiv, 181, 214 ; Odys., v, 232 ; x, 545. L’or, l’argent, les broderies de toutes sortes faisaient l’ornement de ces ceintures. A Marium, ancienne ville de l’île de Chypre, on a trouvé dans un tombeau un fragment de ceinture antique, ornée de clochettes d’argent (fig. 126). W. Helbig, L’épopée homérique, trad. Collignon, Paris, 1894, p. 263. En Perse, le luxe des ceintures féminines était porté à un degré inouï. C’est « à la façon des femmes » que Darius portait une ceinture d’or. Quinte-Curce, ut, 3. Il y avait en particulier une province qu’on appelait « ceinture de la reine », parce que les revenus en étaient consacrés à enrichir cette partie du vêtement de l’épouse royale. Platon, Alcibiade, i, 18, édit. Didot, 1856, t. i, p. 481 ; Xénophon, Anabase, I, iv, 9, édit. Didot, 1861, p. 195. Esther a du ceindre quelques-uns de ces coûteux ornements. — Voir N. G. Schrœder, Commentarius de vestitu mulierum hebrxarum, in-8°, Utrecht, 1776, p. 131-141.

4° Ceintures de deuil. — Nous venons de voir qu’Isaïe menace les femmes israélites de la ceinture de cilice. Il les engage positivement à la prendre, en signe de deuil, dans le malheur. Is., xxxii, II. En pareille occurrence, les Israélites avaient coutume de porter soit une ceinture de cilice, soit une ceinture grossière qui faisait adhérer au corps le vêtement de cilice. II Reg., iii, 31 ; 1Il Reg., xx, 32 ; Is., xv, 3 ; Jer., iv, 8 ; vi, 26 ; xlix, 3 ; Ezech., vu, 18 ; xxvii, 31 ; Joël., i, 8, 13 ; II Mach., iii, 19. Voir Cilice. Le prophète Élie avait un’êzôr de cuir, IV Reg., i, 8, et saint Jean-Baptiste une ceinture de peau, probablement semblable à celle d’Élie. Matth., iii, 4 ; Marc, i, 6. Ces sortes de ceintures convenaient par leur simplicité aux pauvres et aux hommes mortifiés.

5° Ceintures des voyageurs. — Dans la marche, le long vêtement flottant des Orientaux avait besoin d’être serré autour du corps et relevé. Voir t. i, fig. 204, col. 831 ; fig. 595, col. 1899. On se mettait la ceinture pour manger la Pàque, Exod., XII, 11, comme pour être tout prêt à partir. Le jeune homme qui se présente à Tobie pour le conduire a cet accoutrement de voyage ; il est prœcinctus. Tob., v, 5. Le voleur de grand chemin est habituellement eùÇwvoç, succinctus, « bien ceint ». Eccli., xxxvi, 28. Quand saint Pierre doit sortir de prison, l’ange qui le délivre lui ordonne de prendre sa ceinture et ses chaussures. Aet., xii, 8. C’est dans cette ceinture que le voyageur cachait son argent. Voir Bourse. Notre - Seigneur fait allusion à cet usage, quand il recommande à ses Apôtres de ne pas emporter d’argent dans leurs ceintures. Matth., x, 9 ; Marc, VI, 8. L’usage de porter ainsi son argent était en vigueur chez les Romains. C. Gracchus se vantait d’être parti de Rome « les ceintures pleines d’argent, et de les avoir rapportées vides de sa province ». Aulu-Gelle, Nnct. attic., XV, xii, 4. Au temps d’Aurélien, les règlements militaires prescrivaient encore au légionnaire de garder sa solde m balteo, non in popina, « dans sa ceinture, et de ne pas la laisser à l’auberge ». Vopiscus, Aurel., 7.

6° Ceintures des serviteurs. — Comme le voyageur, le serviteur se ceignait et relevait son vêtement, pour pouvoir s’acquitter plus commodément de son office. De là ces paroles de Notre - Seigneur : « Ayez les reins ceints et le flambeau à la main, » pour recevoir le maître et être à même de le servir. À son tour, le maître se ceindra pour servir à table ses propres serviteurs. Luc, xii, 35, 37. Cf. xvii, 8. Le divin Maître lui-même se ceignit, comme un serviteur, pour laver les pieds à ses Apôtres, Joa., xm, 4, 5.