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CEDRON


Oliviers, celui d’ouadi Sitti Maryam, s’appelle, au sortir de la ville, ouadi er-Ràhib (vallée des moines) et ouadi cn-Nâr (vallée du feu). Elle prend alors la direction du sud-est pour aller aboutir à la mer Morte, au-dessous de Râs Feschkhah. Le ravin entre dans une région absolument aride. Ce sont de petites montagnes crayeuses, à croupes arrondies, ravinées dans tous les sens par les pluies, et formées par une roche blanche, assez friable, alternant avec d’immenses bancs de silex d’un très beau noir. À mesure qu’il avance vers l’est, il devient de plus en plus profond et escarpé ; son lit à quelques endroits est un véritable abîme de plus de cent mètres. Vers la moitié de sa course entre Jérusalem et la mer Morte, il laisse sur sa rive droite le couvent de Mar Saba, étrangement posé au milieu de ce désert. À partir de là, « des deux côlés, de grands rochers abrupts presque verticaux, élevés de cent cinquante à deux cents mètres, sont formés par des assises régulières et presque horizontales d’un calcaire crétacé dur, alternant avec des couches plus tendres. Cette roche ferrugineuse, d’un jaune ocreux, sans fossiles, donne naissance à des bancs en saillie, semblables à de gigantesques marches, qui permettent d’escalader ces murailles et de cheminer facilement sur les corniches. Les grottes des Esséniens et des anachorètes contemporains de saint Saba sont creusées par centaines dans les parties les plus tendres, surtout <lans la paroi de l’ouest, celle à laquelle se trouve adossé Je monastère. L’eau est extrêmement rare dans l’ouadi ; le couvent possède de grandes citernes, et tout en bas, en dehors de l’enceinte, coule une petite source appelée fontaine de SaintSaba, près de laquelle on trouve un peu de verdure. Les cénobites étaient parfaitement au sec dans leurs grottes, mais aussi devaient avoir bien des difficultés pour se désaltérer. Sur toutes les pierres du ouadi se traînent d’énormes myriapodes noirs, longs de quinze à vingt centimètres, et de la grosseur d’une plume de corbeau. Ce sont des Jules, qui laissent suinter, dès qu’on les touche, un liquide visqueux des plus irritants… Dans le vallon, les échos sont superbes, les coups de fusil ressemblent aux détonations du canon et se répercutent un nombre indéfini de fois. Lorsque nous tirons, des milliers de pigeons et d’amydrus se précipitent bruyamment des grottes, des corniches et des sombres parois de. la montagne. Au milieu de ces rochers, on trouve cependant encore quelques fleurs : ce sont des sauges (Salvia graveolens et Salvia controversa), deux borraginées jaunâtres (Echium Aleppicum et E. plantagineurn ) mêlées à un salsifis (Scorzonera papposa) qui. porte de gracieuses capitules violettes, à un petit souci {Calendula Palestina) et aux larges touffes du genêt Retem, couvert de jolies fleurs blanches. À quelques « ndroits un peu moins desséchés s’élèvent les hautes panicules d’un réséda (Reseda canescens) jaunâtre et malheureusement sans odeur. » Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, in-4°, Paris, 1884, p. 399-400. Cf. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. i, p. 269-273.

III. Histoire. — Le torrent ou vallée du Cédron n’apparaît dans l’histoire que comme un lieu témoin de la douleur, dépôt de cendres impures, séjour de la mort. Deux scènes à peu près semblables, dont l’une est la figure de l’autre, marquent la première et la dernière mention qui en est faite dans l’Écriture. C’est d’abord David fuyant devant son fils révolté Absalom, traversant en’larmes le torrent, pour gravir nu-pieds et la tête couverte en signe de deuil la montagne des Oliviers et se diriger vers le désert. II Reg., xv, 23, 30. C’est ensuite, aux jours de la rédemption, Notre -Seigneur, qui, rejeté par un peuple ingrat, victime de la colère divine, passe le même torrent pour venir à Gethsémani prier, pleurer, verser une sueur de sang, puis le repasser une dernière fois pour rentrer dans la ville où se consommera son sacrifice. Joa., xviii, I ; cf. Marc, xiv, 26 ; Luc, xxil, 39. —

David en fuite avait été, près de Bahurim, lâchement injurié par Séméi, de la famille de Saûl. II Reg., xvi, 5. Plus tard Salomon, voulant garder à vue l’insulteur, dont la conduite passée lui inspirait des craintes légitimes, l’obligea à se fixer à Jérusalem, lui interdisant, sous peine de mort, de franchir le Cédron. III Reg., ii, 37. — Nous voyons ensuite plusieurs rois de Juda brûler dans ce même torrent les statues des fausses divinités. Telle est l’exécution que lit Asa, en détruisant l’idole infâme élevée par sa mère Maacha, qui abusait de son titre de reine et de son influence pour propager le culte abominable d’Astarté. III Reg., xv, 13 ; II Par., xv, 16. Ézéchias purifia de même le Temple et Jérusalem en renversant les autels, tous les objets d’idolâtrie introduits dans la ville sainte par Achaz, et en en faisant jeter les débris dans le Cédron. II Par., xxix, 16 ; xxx, 14. Enfin Josias « ordonna au pontife Helcias, aux prêtres du second ordre et aux portiers, de jeter hors du temple du Seigneur tous les objets qui avaient servi à Baal, au bois consacré et à tous les astres du ciel, et il les brûla hors de Jérusalem, dans la vallée du Cédron (hébreu : dans les champs du Cédron, c’est-à-dire à l’endroit où la vallée s’élargit vers le nord-est de la ville), et en emporta la cendre à Béthel » pour ne pas profaner les environs de la cité sainte. « Il ordonna aussi que l’on ôtât de la maison du Seigneur l’idole du bois sacrilège, et qu’on la portât hors de Jérusalem, dans la vallée du Cédron, où, après l’avoir brûlée et réduite en cendres, il en fit jeter les cendres sur les sépulcres du peuple » comme marque d’un suprême mépris, car les tombes étaient regardées comme impures, « Le roi détruisit aussi les autels qui étaient sur le toit de la chambre d’Achaz et que les rois de Juda avaient faits, et les autels que Manassé avait bâtis dans les deux parvis du temple du Seigneur, et il courut de ce même lieu pour en répandre les cendres dans le torrent du Cédron. » IV Reg., xxiii, 4, 6, 12. D’après le second passage que nous venons de citer, on voit qu’à cette époque, comme aujourd’hui, la vallée servait de cimetière. — Josèphe, Ant. iud., IX, vii, 3, prétend que Joïada commanda aux centurions d’emmener Athalie dans la vallée du Cédron et de l’y mettre à mort. Il ajoute cependant, en conformité avec le récit sacré, IV Reg., xi, 16, qu’elle fut tuée sur le chemin qui conduisait aux écuries royales. — Le torrent est simplement cité par Jérémie, xxxi, 40, comme limite orientale de la nouvelle Jérusalem. — Il est mentionné, sans être nommé, I Mach., xii, 37, à propos de la muraille qui s’écroula de ce côté et qui fut réparée par Jonathas.

A. Legendre.

2. CÉDRON (KeSptov), ville de Palestine mentionnée une seule fois dans la Vulgate, I Mach., xvi, 9 ; mais le texte grec la nomme dans deux autres passages, là où la version latine porte Gédor. I Mach., xv, 39, 40. Il y a donc là quelque faute de copiste. Les manuscrits grecs ont, dans les trois endroits, ïj Keàpiôv, ou KeSpû, KaiSpôv, Ke8pov ; mais on y lit aussi Xejiëpiiv, Xeëpiôv, Xeuopwv, Xeypâv, Xegpûv, ce que la version syriaque a suivi en mettant flebrûn, Hébron. Cf. Holmes et Parsons, Vêtus Testamentum græcum cum variis lectionibus, Oxford, 1798-1827, t. iv (sans pagination). Il est certain cependant, d’après le contexte, qu’il ne s’agit ici ni d’Hébrou ni de la ville de Juda appelée Gédor, Jos., xv, 58, aujourd’hui Khirbet Djédoui ; au nord à’El - Khalil : toutes deux sont situées dans les montagnes, tandis que la place en question appartenait à la plaine des Philistins. Le récit sacré nous montre, en effet, ce lieu fortifié par Cendébée, commandant du littoral, comme un poste important, donnant accès aux routes de Judée, I Mach., xv, 41 ; non loin de Jamnia (Yebna), I Mach., xv, 40, de Gazara {Tell Djézer), xvi, 1, et d’Azot (Esdoud), xvi, 10 ; au sud d’un torrent (-/eiu.ippov ; ) que dut traverser l’armée juive, xvi, 5. Ces différentes conditions conviennent bien à Qatrali, village de la Séphéla, situé au-dessous du Nahr

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