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GÉDRON

de là conduit vers la colline orientale. C’est dans ce petit coin de la vallée que se trouvent le Tombeau de la sainte Vierge, la grotte de l’Agonie et le jardin de Gethsémani. Au-dessous de ce pont supérieur, la vallée se resserre graduellement et baisse plus rapidement ; si le lit du torrent se dessine déjà plus haut par intervalles, c’est là qu’il commence principalement et qu’on aperçoit les premières traces de son cours ; l’eau n’y coule que rarement, en hiver, pendant la saison des pluies. La colline occidentale s’élève de plus en plus, pendant que, à l’est, le mont des Oliviers projette plus haut encore son sommet et déploie ses pentes moins escarpées. À la distance d’environ trois cents mètres avant d’arriver en face de l’angle sud-est du Haram esch-Schérif, le fond de la vallée ressemble à un ravin, comprimé entre les flancs des collines : là se trouve un second pont, composé, comme le premier, d’une seule arche. Auprès, à gauche, on voit les curieux tombeaux dits de Josaphat, d’Absalom (fig. 121), de saint Jacques et de Zacharie (fig. 122).

[Image à insérer] 122. Autre vue de la vallée de Cédron. Dans le Saut, a gauche, est le sillage de Siloam. D’après une photographie prise des hauteurs qui dominent le tombeau de Zacharie. Côté sud.

Du côté de la ville, les flancs de la colline du Temple sont tapissés de tombes musulmanes, tandis que les Juifs ont établi leur cimetière sur les pentes de la montagne opposée. « Aucun lieu sur la terre n’évoque de plus solennelles pensées ; c’est la vallée des larmes, du recueillement et de la mort. Rien d’animé ne distrait celui qui vient méditer dans cette triste solitude. Une ville ensevelie sous ses malheurs, châtiment de son déicide, un torrent sans eau, partout des monuments funèbres, des roches nues, quelques arbres sans verdure, des montagnes arides, des tombes brisées, le souvenir des prophètes et des martyrs, l’agonie du Fils de Dieu, et sa venue à la fin des siècles pour juger tous les hommes : voilà ce qui saisit l’âme et la remplit d’émotion et d’effroi. » Mislin, Les Saints Lieux, 3e édit., Paris, 1876, t. ii, p. 629.

De son point d’origine jusqu’à cet endroit, la vallée a baissé de près de cent mètres. Contournant l’angle sud-est de l’ancien mont Moriah, elle longe ensuite, en s’élargissant peu à peu, le pied de la colline d’Ophel, qui descend elle-même graduellement vers le sud. De ce côté est la fontaine de la Vierge, dont les eaux se rendent par un canal souterrain à la piscine de Siloé, tandis que, sur la versant opposé, s’étagent les maisons de Kefr Silouân, qui semblent collées à la paroi de la montagne et dont la couleur se confond avec celle de la roche. Bientôt la jonction de l’ouadi Sitti Maryam (c’est le nom actuel de la vallée du Cédron) avec l’ouadi er-Rebâbi ou vallée de Hinnom forme, au sud-est de la ville, un assez large carrefour. Cette place oblongue est bornée à l’ouest et au nord-ouest par des jardins disposés en terrasses sur les flancs de la colline, au sud-ouest par les champs d’Haceldama, et à l’est par le mont du Scandale. À l’extrémité sud-est se trouve le Bîr-Éyoub (Puits de Job) ou l’ancienne fontaine de Rogel. Le fond de la vallée est ici à près de cent vingt mètres au-dessous de la plate-forme du Temple, tandis qu’il n’est guère qu’à quarante-cinq auprès de Gethsémani.

La vallée, qui, dans sa partie supérieure, porte le nom d’ouadi el-Djôz, puis, entre Jérusalem et le mont des